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20 janvier : L’Armée Malienne au-delà du folklore… Et si l’on se disait la vérité !
Publié le mercredi 24 janvier 2018  |  La Sentinelle
Célébration
© aBamako.com par A S
Célébration du 57 anniversaire du 22 septembre 2018 à Kati
Bamako, le 20 janvier 2018 le Président de la République, Chef Suprême des Armées, Ibrahim Boubacar Kéïta a fait la revue de la troupe à Kati
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Qu’ils sont beaux et martiaux dans leurs uniformes flambants neufs, avec leurs pas cadencés et fière allure lors du défilé du 20 janvier, fête anniversaire ! Derrière l’apparence, se cache hélas la triste réalité du soldat malien. Réalité à l’origine des échecs !

Disons-le tout de suite : nulle intention de dénigrer, rabaisser ou démoraliser ! Mais plutôt, fidèle à notre ligne, contribuer à arrêter le mensonge et la félonie. Une précision loin d’être inopportune. Et pour cause.



Il est désormais de notoriété dans notre pays que toute remarque désobligeante, quand bien même fondée sur notre armée, soit vite assimilée à une forfaiture de l’ennemi tapi à l’intérieur. Trop facile ! Nous nous refusons de subir ce concept n’ayant en vérité de but, que de faire taire les critiques objectives dans l’intention manifeste de laisser libre cours aux véritables ennemis autant bien de l’intérieur que de l’extérieur ! Nous disons Non !

Où est donc l’Armée du Peuple ?

Jadis, le Mali pouvait se targuer d’avoir une «Armée du Peuple» ! Les deux entités se confondaient en effet l’une à l’autre au point que l’étranger ne voyait la moindre différence. Harmonie et symbiose étaient de mise ! Après tout, une armée respectable et respectueuse tire son essence et quintessence du Peuple auquel elle émane et retourne indubitablement.

Ce concept est primordial à la victoire et à la stabilité du pays pour avoir plusieurs fois fait ses preuves à travers le monde. L’histoire nous enseigne en effet que l’actuel Vietnam (et bien d’autres pays) doit sa victoire sur les plus «grandes puissances militaires du monde» grâce à l’apport inestimable du peuple.

Lors de ces conflits, l’ouvrier de chantier, le maître d’école, l’ingénieur de l’Usine, le médecin, le paysan, l’éleveur, tous, et même la prostituée de nuit, devenait soldat à l’occasion, chacun ayant un rôle et mission spécifique à jouer.

Le principe n’est pas nouveau au Mali. Jadis, le guerrier n’était autre que le «donzo» qui, en temps de paix, retournait à ses traditionnelles activités économiques (paysans, éleveurs, commerçants, tisserands etc.).

Fort heureusement, l’Armée malienne s’en souvient encore au point d’intégrer le «Donzo» dans son schéma de défense. Mais seulement, de manière théorique !

L’esprit de corps, désormais plus important que l’esprit

Dans les faits, il existe aujourd’hui, un large fossé entre le soldat malien et son frère concitoyen d’en face. L’un ne semble plus reconnaître en l’autre. Et rien n’est malheureusement entrepris en vue de rapprocher les courbes et tendances.

Et le concept impacte négativement sur toute l’entité ! La preuve : Le frère biologique reste tel à condition qu’il porte le même béret. Autrement, il devient un compagnon d’arme auquel il faudra se méfier puisque n’appartenant pas au même groupe. Pour tout dire, la notion d’une armée du peuple où tous sont frères a littéralement disparu au Mali.

A l’interne, les clivages liés à la couleur du béret ont tendance à diviser davantage. Et les politique en profitent allègrement juste pour asseoir leur pouvoir et influence. Ce, au dépend du peuple qui en pâtit puisque subissant de plein fouet les conséquences de la guéguerre ! «La guerre des Bérets» est là pour nous le rappeler. Toute chose de nature à favoriser l’ennemi. Et souvenez-vous : la percée des groupes armés hostiles est survenue en pleine déconfiture de l’Armée malienne.

Une gouvernance chaotique

De nombreux scandales portant sur les détournements de fonds, primes et autres avantages du soldat malien ne constituent finalement qu’un secret de polichinelle au Mali. L’attestent, les rapports de vérifications et de contrôle, mais hélas, sans suite !

Des politiques véreux, souvent en complicité avec une hiérarchie indélicate, s’arrogent tous les droits du malheureux soldat se trouvant loin sur la ligne de défense. Il arrive même quelques fois, que l’infortuné soit envoyé à une mission à l’issue incertaine juste dans le but de profiter de ses droits. Un acte criminel, soit dit en passant ! Fort heureusement ! De nouvelles mesures correctives (loi d’orientation militaire) viennent aujourd’hui redresser le tort.

Pour autant, il nous est plusieurs fois revenu que la liste des soldats devant être récompensés pour acte de bravoure a été modifiée dans le seul but d’y introduire des protégés ou d’éliminer des quidams. Comment, dans ce contexte, maintenir le moral de la troupe ? Là aussi, la loi du mérite prônée par la nouvelle loi d’orientation militaire a d’ores et déjà commencé à changer la donne. L’on n’est, cependant pas encore sorti de l’auberge.

Ne vous est-il, plusieurs fois arrivé d’être désespérés de voir nos soldats en faction quelque part, nullement concentrés, voire plutôt négligents pendant leur tour de garde, arme abandonnée, tenue incorrecte, etc. ? Bien sûr que oui !

Nulle intention pour nous d’encourager la médiocrité ou pis, d’en faire l’apologie ! Nous condamnons cette attitude indigne du soldat ! Pour autant, comment peut-on en arriver là ?

Nous ne révélons aucun secret en affirmant ici que pour des raisons d’efficacité, le temps de faction pour une sentinelle par exemple, est limité. Il se compte très souvent en heure. Celui des opérations, varie selon la nature de la mission, le théâtre des opérations, la menace, etc.

Cette mesure s’explique : le corps humain a tout simplement ses limites. Au-delà d’un cycle (durée), les fonctions physiques et cognitives d’un être humain même supérieur, sont durement affectées. La cognition est le terme scientifique désignant l’ensemble des processus mentaux se rapportant à la fonction humaine de la connaissance, à la mémoire, au langage, au raisonnement, l’apprentissage, l’intelligence, la résolution de problème, la prise de décision, la perception ou l’attention… Le concept est scientifiquement prouvé. Aucun doute là-dessus !

Le mensonge et ses corollaires !

En maintenant donc un soldat au-delà de ses capacités humaines dans une même posture, mission et dans un environnement souvent hostiles, il risque tout simplement de craquer et du coup, exposer ses camarades, faire échouer toute la mission, voire pire.

Le récent cas de la quarantaine de gendarmes arrêtés vendredi dernier pour «désertion» est très illustrateur. Ces éléments, appartiennent pourtant à la Force d’action rapide de la gendarmerie (FARDGEND) créée en septembre 2017, dans le cadre de la lutte anti-terroriste. En clair, ils sont censés bien formés et endurants. Mais, le corps humain a bien ses limites.

Vrai ! Leur séjour dans un environnement hostile a été prolongé de 3 mois ; aussi, les conditions de maintien n’ont pas suivi. La preuve que même «l’homo-Superior» que ces soldats sont censés être (allusion faite à l’homo-sapiens), a bien des limites.

Hélas, l’on sait que les éléments sont très souvent maintenus en poste rien que pour leurs primes. Il arrive en effet de faire faire des missions dévolues à une unité de 20 personnes pour une durée 5 jours, par seulement 5 éléments sur la même période. Mais dans la comptabilité, l’on ne tient compte que des 20 éléments théoriquement et faussement déployés. Si le subterfuge permet de détourner quelques milliers de Francs, CFA, il expose cependant tout le pays.

Et il y a plus grave : l’on s’abstient souvent de manière délibérée de fournir à l’administration, le nombre exact de morts et blessés évacués du théâtre des opérations. Et savez-vous pourquoi ? Afin de bénéficier des primes journalières d’alimentation (PJA) des victimes. En déclarant officiellement leur évacuation pour cause de mort ou blessure, les droits et avantages des intéressés, sont de facto supprimés ou réaffectés. Il faut donc, théoriquement les maintenir en vie, aptes et au même poste.

Mais les conséquences de la triche ne se font généralement pas attendre. L’effectif ainsi réduit et non-compensé est susceptible de devenir une cible facile pour l’ennemi.

Au-delà donc du folklore annuel chaque 20 janvier, il s’agit de corriger les injustices et imperfections, et surtout, mettre le soldat au centre des préoccupations. Et le reste suivra de lui-même ! Tout naturellement ! Folklore et fanfaronnade peuvent attendre !

B.S. Diarra

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