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Adema-Pasj : L’implosion ?
Publié le jeudi 25 janvier 2018  |  L’aube
15ème
© aBamako.com par A S
15ème Conférence Nationale de l`ADEMA PASJ
L`ADEMA PASJ a organié sa 15 è conférence Natonale le 25 Mars 2015 au stade Modibo KEITA
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Soutenir le président Ibrahim Boubacar Keïta ou présenter un candidat Adema-Pasj à la présidentielle de 2018. Un choix cornélien qui fait bourdonner dans la Ruche où plusieurs courants (clans ?) se livrent bataille. À moins de contenir les dissensions internes, le parti de l’abeille solitaire (ou du moins ce qui en reste) risque de voler en éclats. Les ingrédients sont réunis pour le grand clash au sein de ce parti historique, déchiqueté, au fil des élections présidentielles, par des conflits d’intérêts au sommet.

Aujourd’hui, le triste scénario de 2013 est en passe de se rééditer. Cette année-là, au sein du parti avait éclaté une querelle de positionnement, faute de consensus sur le candidat à présenter à l’élection présidentielle. Parti en rangs dispersés à ce scrutin, les abeilles sont sorties de la course dès le premier tour.



Dans la « guerre actuelle », des noms sont cités et soutenus par des clans, représentant chacun un pan (groupe d’intérêt ?) du parti. Globalement, deux tendances se dégagent. D’un côté, des cadres, dont le président du parti, Tiémoko Sangaré, qui s’estiment redevables d’IBK, sont à la manœuvre pour que le parti soutienne l’actuel président à avoir un second mandat. Cette tendance compterait dans ses rangs plusieurs membres du gouvernement qui, sans doute, ne lésineraient pas sur les moyens pour gagner la partie et surtout sauvegarder leurs pains.

Pendant ce temps, la multitude de clans qui composent la seconde tendance se préparent déjà pour la prochaine présidentielle. Ils n’ont en commun que l’ambition de présenter un candidat issu du parti. Au nombre des partisans de cette tendance, il y a l’ancien ministre Dramane Dembélé qui s’est déclaré candidat. « Candidat à la candidature, c’est une question de cohérence avec moi-même. L’agenda, qui doit être au-dessus de tout le monde, c’est l’agenda du parti. Les textes du parti sont clairs en la matière. L’Adema doit faire un appel à la candidature. L’Adema va avoir son candidat », avait-il tranché. Aujourd’hui, les soutiens de « Dra » crient à la trahison de valeurs et d’idéaux du parti, voire même une volonté d’anéantissement d’une profonde mémoire politique. Au sein de la même tendance, est suscitée la candidature de Kalfa Sanogo (maire de Sikasso) et de Moustapha Dicko (ancien ministre). D’autres adémistes estiment que Dioncounda Traoré, ancien président du parti et président de la transition de 2012, serait la meilleure chance du parti de retrouver la magistrature suprême après Alpha Oumar Konaré.

En effet, l’union a été, depuis la fin du régime AOK, le talon d’Achille de l’Adema. La situation actuelle constitue la preuve de la guerre des clans qui mine ce parti depuis des années. Et cela à cause de conflits d’intérêts, entretenus à travers le principe du primaire interne… La situation « désastreuse » donne raison aux géniteurs de l’Adema, notamment le président Alpha Oumar Konaré, qui se sont farouchement opposés au principe même des Primaires étant convaincus que ces élections conduiraient le parti à sa perte. Ils n’ont pas été entendus. Et le parti en fait les frais. L’Adema est au bord de l’implosion après les séismes de 2002 et 2013 qui l’ont disloqué.

Aujourd’hui, à cause des nombreuses intentions déclarées ou non, le parti opte pour la même méthode. Est-il, pour autant, à l’abri d’un énième séisme ? A-t-il tiré les leçons du passé ? Que non ! De plus en plus et à seulement six mois de l’élection présidentielle de 2018, le risque d’implosion se précise. Dommage pour ce grand parti qui a été longtemps le premier parti de l’ère démocratique parce qu’il était fondé sur un socle de valeurs partagées par l’ensemble de ses militants. « Il a été de sa création à la fin du mandat du président Alpha Oumar Konaré un parti solide, discipliné autour de son projet de société », selon un cadre du parti qui préconise le retour aux fondamentaux.



Chaque élection, le clash !

Pour mémoire, en 1992, l’Adema-Pasj remporte la majorité absolue des sièges aux élections législatives en février et mars et son candidat Alpha Oumar Konaré est élu président de la République lors de la première élection présidentielle de la 3è République 26 avril 1992.

Mais le parti connaît sa première division avec la création du Mouvement pour l’indépendance, la renaissance et l’intégration africaine par Mamadou Lamine Traoré, ancien vice-président du parti. Le 25 août suivant, l’élection du candidat officiel de l’Adema-Pasj Ibrahima N’Diaye comme maire du district de Bamako marque le début de la guerre de succession du président Alpha Oumar Konaré. Un autre candidat de l’Adéma, proche d’Ibrahim Boubacar Keïta, Boubacar Bâ s’était présenté.

Le 9 octobre 2000, Ibrahim Boubacar Keïta, président du parti, démissionne de toutes ses fonctions alors qu’un « courant rénovateur », opposé à la candidature de l’ancien premier ministre, a obtenu lors de la conférence nationale la relecture des statuts de l’Adema-Pasj. Le 28 février 2001, Ibrahim Boubacar Keïta quitte le navire. Il créé une association baptisée Alternative 2002 et est rejoint par 33 députés de l’Adéma-Pasj, des élus locaux et d’anciens ministres comme Issa N’Diaye. Le 30 juin 2001, il crée un nouveau parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM). Dioncounda Traoré est alors élu, en 2001, président. Et le 5 janvier 2002, lors d’une convention, Soumaïla Cissé est investi candidat à l’élection présidentielle face à Soumeylou Boubèye Maïga, ministre de la Défense. Le Premier ministre Mandé Sidibé, candidat à l’élection présidentielle avait décidé de ne pas se soumettre aux primaires organisés par le parti. Mandé Sidibé est exclu du parti tout comme Ahmed El Madani Diallo, ancien ministre du Développement rural qui se présente également à l’élection présidentielle.

Le 28 avril 2002, Soumaïla Cissé, candidat officiel du parti, arrive second au premier tour de l’élection présidentielle avec 21,32 % des voix derrière Amadou Toumani Touré (28,71 %). Entre 2002 et 2012, l’Adema est resté un parti dominant, allié au président Amadou Toumani Touré. Aux élections législatives d’août 2002, l’Adéma-PASJ se maintient comme première force politique du pays en obtenant 51 députés. Mais la division de l’Adema-Pasj se poursuit. Soumaïla Cissé, candidat à l’élection présidentielle quitte le parti pour former le 1er juin 2003 l’Union pour la république et la démocratie (URD).

Pour l’élection présidentielle de 2007, l’Adema-Pasj constitue avec l’Urd et 12 autres partis politiques, l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) pour soutenir la candidature d’Amadou Toumani Touré.

Soumeylou Boubèye Maïga qui décide de se présenter contre le président sortant est exclu du parti lors de la conférence nationale des 24 et 25 février 2007 avec plusieurs de ses sympathisants.

Et à l’épreuve de la présidentielle de 2013, la désignation de Dramane Dembélé comme candidat du parti a occasionné une véritable saignée. Petit à petit, l’Adema s’est vidé de ses hommes. Soumeylou Boubeye Maïga (revenu dans la ruche) et Sékou Diakité ont quitté avec des milliers de militants. Le premier a créé l’ASMA – CFP et le second a déposé ses bagages à la CODEM. Quelques mois après, d’autres grosses pointures quittent le navire. Il s’agit d’Iba N’Diaye qui a rejoint l’URD et Oumarou Ag Mohamed Ibrahim, alors président en exercice du HCCT, qui a déposé ses valises au RPM. Ce parti aussi bien que l’URD sont tous sortis des entrailles de l’Adema-Pasj.

C’est dire qu’à chaque élection présidentielle, c’est le clash au sein de l’Adema.

Le parti de l’Abeille parviendra-t-il, en vue de la présidentielle de 2018, à surfer sur les vagues de ces divergences pour adopter une démarche claire et acceptée par tous ? Pour éviter une implosion du parti, des membres fondateurs de l’Adema auraient entrepris auprès des protagonistes des démarches discrètes.

Sambou Diarra
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