Le secrétaire général des nations unies a présenté, le mardi dernier, au Conseil de sécurité son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Antonio Guterres s’est dit “profondément préoccupé” par la situation, malgré” les progrès encourageants” accomplis pour la cessation des hostilités entre les groupes armés et la reprise du dialogue inter-malien.
La situation sécuritaire du Mali continue de se détériorer, malgré l’implication de la communauté internationale. L’action des groupes terroristes radicaux s’étend progressivement vers le centre du pays. Pourtant, depuis 2014, les 12 000 hommes de la Minusma, la mission des Nations unies, sont déployés pour aider à la pacification. Leur efficacité n’est malheureusement pas à la hauteur des attentes. Les troupes subissent désormais des pertes sensibles bien qu’elles soient assez peu engagées et cherchent d’abord à se protéger. L’armée malienne demeure insuffisamment préparée en dépit des soutiens extérieurs et de la formation que lui prodigue notamment l’Union européenne (UE). Enfin, la force régionale mise en place par le G5 Sahel et qui est destinée, à terme, à constituer un barrage efficace est encore très loin de pouvoir répondre à sa mission.
Ainsi dans son dernier rapport sur la situation au Mali, le chef de l’ONU. « Je reste profondément préoccupé par l’évolution de la situation et les tendances négatives observées au Mali », a indiqué Guterres sur l’état de l’avancement de l’accord de paix au Mali, présenté mardi au Conseil de sécurité.
En effet, plus de deux ans et demi après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, nombre de ses dispositions, outre des processus importants de réforme institutionnelle, “n’ont été que partiellement appliqués”, constate ce rapport, dont les conclusions ont été présentées par Jean Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.
La signature en septembre dernier du document des engagements prévoyant la cessation des hostilités entre les groupes armés et la reprise des discussions entre les parties maliennes sont ” des progrès encourageants “, mais ” la mise en œuvre des principales dispositions politiques de l’accord continue d’accuser des retards substantiels “, a-t-il souligné.
Guterres a estimé que ” des progrès tangibles dans le processus de paix étaient le seul moyen de parvenir à une stabilité durable au Mali et dans la région “.
Le SG de l’ONU s’est félicite que les parties signataires de l’accord se soient de nouveau engagées à reprendre le dialogue et à mettre fin aux hostilités, ce qui constitue ” un pas dans la bonne direction “, a-t-il ajouté. Guterres a souligné, à ce titre, les activités de bons offices menées par l’ONU en coopération avec l’Algérie et le gouvernement malien afin de faciliter le dialogue entre les dirigeants des mouvements maliens en les aidants à surmonter les obstacles.
Après les violents affrontements entre les groupes armés, les mouvements signataires sont parvenus le 20 septembre dernier à un accord en vertu duquel ils se sont mis d’accord sur une cessation définitive des hostilités et la reprise des discussions pour finir d’établir ensemble les jalons pour la mise en œuvre intégrale de l’accord.
Le chef de l’ONU a relevé que la mise en place d’un régime de sanctions pour le Mali par la résolution 2374 (2017) contribuera à identifier ceux qui cherchent à perturber le processus de paix, y compris parmi les parties signataires.
Il a estimé que la tenue d’élections “transparentes, justes et pacifiques” était indispensable à la mise en œuvre de l’accord, relevant que l’achèvement des élections présidentielle et législatives en 2018 allait “ouvrir la voie au retour de l’autorité de l’Etat et à la consolidation du processus de décentralisation en cours. ” Ces élections, ” seront décisifs pour l’avenir du Mali “, a-t-il affirmé.
Le secrétariat général de l’ONU a déclaré prendre note de la décision du gouvernement malien de reporter les élections locales et régionales afin de disposer du temps nécessaire pour répondre aux préoccupations des parties prenantes.
” Je demande à toutes les parties de maintenir chacune une position conciliante à l’égard de l’autre, de surmonter leurs divergences par le dialogue et de veiller à ce que les élections soient aussi ouvertes et participatives que possible “, a-t-il indiqué.
Le secrétaire général a fait savoir que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a commencé à établir son plan de transition en vue de faciliter la restructuration échelonnée de la présence de l’ONU au Mali.
Ce plan sera affiné en attendant l’achèvement de l’examen stratégique de la Minusma en mars 2018, qui donnera des indications complémentaires sur l’orientation future de la Mission onusienne, avant le renouvellement de son mandat en juin 2018.