Le Ministre des Affaires Etrangères Algériennes, Abdelkader Messahel, a déclaré que «l’Algérie ne sera jamais impliquée dans des conflits militaires au-delà de sa frontière ». Pour lui, la clé pour mettre fin aux crises malienne et libyenne « est entre les mains des Maliens et des Libyens eux-mêmes ». Pourtant, la mission principale du Premier Ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, consistait à adhérer et faire intervenir les forces militaires algériennes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, surtout pour l’instauration de la paix au Mali. Cette déclaration du Chef de la Diplomate algérienne, sur les ondes de la radio algérienne Channel III, serait un véritable désaveu à la volonté du Chef de gouvernement malien. En d’autres termes, le nouveau PM vient d’enregistrer son premier échec diplomatique.
En décembre, le Président français avait invité Alger à coopérer dans la lutte contre le terrorisme dans la zone sahélienne ; surtout dans le cadre de la mise en place du G5 Sahel. Un G5 auquel l’Algérie ne participe pas. Alors que, de par sa puissance militaire et sa situation géographique dans la Région, l’Algérie est un partenaire incontournable. D’où la nécessité de faire adhérer ce pays.
Ainsi, pour pouvoir faire bouger les lignes, le Président a porté son choix sur Soumeylou Boubèye Maïga pour conduire sa primature afin d’avoir gain de cause dans le règlement du dossier brûlant du Nord. De ce fait, Bamako opte pour une coopération étroite avec son grand voisin du Nord souvent accusé de laisser les djihadistes se mouvoir à l’intérieur de ses frontières du Sud.
Les tactiques de Soumeylou Boubèye Maïga
On attendait de lui d’obtenir un rapprochement nécessaire de par ses bons contacts avec l’Algérie.
Pour sa première audience, après son installation à la Primature, Soumeylou Boubèye Maïga, le Tigre de Badala, a reçu l’Ambassadeur d’Algérie au Mali, Boualem Chebihi qui assure également la présidence du Comité de Suivi de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale composé des parties maliennes et de la médiation internationale. Le Chef du Gouvernement a rappelé au Diplomate algérien les excellentes relations de fraternité et d’amitié. Et sa ferme volonté de consolider et raffermir la coopération bilatérale entre le Mali et l’Algérie. En effet, fin connaisseur de l’Accord de paix, ancien Ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, espérait relever les défis qui se posent à lui. En plus, il a choisi de réserver sa première sortie internationale à l’Algérie. Les 13 et 14 janvier 2018, accompagné de ses Ministres des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, et de la Défense et des Anciens Combattants, Soumeylou Boubèye Maïga a effectué une visite de travail à l’Algérie.
Cette visite s’inscrivait dans le cadre du dialogue et de la concertation existant entre les deux pays. Elle devrait être l’occasion pour M. Maïga d’examiner avec son homologue algérien la coopération bilatérale et les perspectives de sa consolidation et de son élargissement. De permettre également «d’aborder les questions régionales d’intérêt commun, notamment au Sahel».
Pour ce faire, l’Homme a rappelé, dès son arrivée à l’aéroport international Houari Boumediene, que «l’Algérie joue depuis toujours un rôle majeur et essentiel dans la stabilité du Mali. À deux reprises, au moins, elle est intervenue pour aider les Maliens à se retrouver entre eux, que ce soit en 1992 ou en 2015». Et de commenter que les relations entre les deux pays «puisaient leur source dans une Histoire commune».
Le Premier Ministre Maïga a remémoré dans ce sens que le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika avait séjourné durant les années 60 à Gao (Nord du Mali), où il dirigeait le Front Sud de la Guerre de Libération de l’Algérie, affirmant que les relations entre les deux pays «sont demeurées profondes et constantes».
C’est sur ces notes d’espoir que Soumeylou Boubèye Maïga a inscrit sa mission pour que les relations entre les deux pays, sur l’ensemble des domaines, puissent être à «la hauteur» de ce qu’elles sont au niveau institutionnel. C’était tout le fondement de la première visite officielle du nouveau PM malien à l’Extérieur du pays accordée à l’Algérie. Mieux, l’Algérie fut choisie comme invitée d’honneur à la FEBAK.
L’échec de la négociation de Soumeylou Boubèye Maïga !
Si ces démarches du Premier Ministre malien étaient indispensables sur le plan diplomatique, il reste à admettre que cette diplomatie n’a rien obtenu. En tout cas, en ce qui concerne l’implication escomptée de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.
Sur les ondes de la radio algérienne, Channel III, le Ministre des Affaires Etrangères de ce pays a déclaré que «l’Algérie ne sera jamais impliquée dans des conflits militaires au-delà de sa frontière». Pourtant, Abdelkader Messahel a affirmé qu’aider les pays sahéliens notamment le Mali et la Libye dans la lutte contre le terrorisme reste une priorité pour l’Algérie, parce qu’elle est aussi concernée par cette menace.
Le Ministre des Affaires Etrangères a, toutefois, indiqué qu’il y a plusieurs façons de soutenir les pays du Sahel en matière de lutte contre le terrorisme, citant que l’Algérie a beaucoup œuvré au renforcement des capacités des armées maliennes et nigériennes. Selon lui, le pays a dépensé 100 millions de dollars américains au cours de la dernière décennie pour fournir une assistance logistique et humanitaire aux opérations antiterroristes dans les pays sahariens. De plus, il a également formé des troupes d’opérations spéciales au Niger, au Mali et dans d’autres pays de la Région. Contre toute attente, du moins de la Primature malienne, le Chef de la Diplomatie algérienne a déclaré que la clé pour mettre fin à la crise au Mali et en Libye «est entre les mains des Libyens et des Maliens eux-mêmes». Et, selon lui, «l’ingérence militaire étrangère dans ces pays ne ferait que conduire à plus de chaos plutôt qu’à résoudre la crise».