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A.Messahel (Algérie): «Que les Maliens mettent en œuvre les engagements pris»
Publié le dimanche 28 janvier 2018  |  RFI
Abdelkader
© Autre presse par DR
Abdelkader Messahel, ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines.
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Pourquoi l’Algérie a-t-elle boudé le dernier sommet du G5 Sahel le 13 décembre à Paris ? Y a-t-il un double jeu de l’Algérie au profit du chef jihadiste malien Iyad Ag Ghali ? Sur ces deux questions très sensibles, le ministre algérien des Affaires étrangères s’exprime sans langue de bois. En marge du Conseil des ministres de l’Union africaine à Addis-Abeba, Abdelkader Messahel répond aux questions de nos envoyés spéciaux Richard Riffonneau et Christophe Boisbouvier.

RFI : La lutte contre la corruption, est-ce que ce n’est pas - excusez-moi du terme - une tarte à la crème ?

Abdelkader Messahel : En fait les enjeux pour l’Afrique, en termes de « comment l’Afrique peut récupérer son argent qui est placé un peu partout ? », c’est l’évasion fiscale et le transfert illicite de capitaux. Ça se compte en milliards de dollars. Et je crois qu’on va aller peut-être au-delà, pour que les législations, au niveau de chaque pays, soient en adéquation avec cette volonté de lutter contre le phénomène de la corruption. Donc, il va falloir adapter nos cadres juridiques, chacun dans son pays, avec ses droits, pour qu’on puisse réellement combattre ce phénomène.

Il y a le trafic des capitaux et puis il y a le trafic de drogue. Vous avez eu des mots assez durs il y a quelques mois sur votre voisin, le Maroc. Et du coup, le Maroc s’est crispé et a convoqué votre ambassadeur à Rabat. Comment analysez-vous la situation aujourd’hui ?

En fait, j’ai fait une conférence à Alger. Vous savez que l’Algérie est pays membre fondateur du Forum global de lutte contre le terrorisme et nous avons la co-présidence avec le Canada. Nous avons fait une conférence avec des experts du monde entier et l’accent était mis sur le lien qu’il y a entre le crime organisé et la lutte antiterroriste. Aujourd’hui, le problème se pose qu’au niveau du Sahel il n’y a pas d’autre source que les grands trafics. Donc il y a la drogue, il y a le trafic humain… Et là aussi, il va falloir que nous puissions coordonner nos efforts dans le cadre des mécanismes au sein de l’Union africaine et de l’organisation sous-régionale à laquelle nous appartenons pour lutter contre ce phénomène.

Mais sur la lutte contre le trafic de drogue on a le sentiment que le dialogue est coupé entre votre pays et le Maroc.

Le dialogue s’inscrit dans le cadre de la volonté politique des uns et des autres. L’Algérie n’est pas un pays producteur de hachich, de drogue ou autre chose. Nous faisons en sorte que chacun essaie, par les moyens qu’il a, de lutter contre ce phénomène pour la stabilité de la région. Donc il va falloir que chacun fasse l’effort de son côté, sans qu’il n’y ait de grandes polémiques. On sait qui fait quoi et on sait qui est derrière quoi. Donc, ça, tout le monde le sait. Vous n’avez qu’à revoir un peu les rapports des Nations unies qui sont très, très clairs sur les trafics dans le monde. Ce n’est pas uniquement dans notre région, mais dans d’autres régions, en Afghanistan ou ailleurs. Donc là, c’est un phénomène mondial. Il va falloir qu’on le prenne en charge dans le cadre des Nations unies, pour faire face à ce genre de fléau.

Il y a trois ans ont été signés les accords d’Alger pour le retour de la paix au Mali. Et aujourd’hui, les Nations unies tapent du poing sur la table. Elles demandent aux Maliens d’appliquer cet accord. Elles ne sont pas contentes. Quelle est votre position ?

Vous savez, nous avons apporté notre part. Vous connaissez un peu la politique étrangère de l’Algérie, notamment les efforts qui sont faits par l’Algérie dans le retour à la stabilité, dans notre voisinage. Nous nous sommes beaucoup investis dans le processus qui a amené aux accords d’Alger. Nous pensons, nous continuons à penser – d’ailleurs, tout comme pour ce qui est de la Libye –, que le problème concerne d’abord les Maliens, c’est à dire toutes les parties signataires. Il faut que les Maliens s’approprient le processus de mise en œuvre des engagements qu’ils ont pris.

Et nous pensons sérieusement qu’ils en ont la capacité. Vous savez un accord n’a de valeur que s’il est mis en œuvre. Et la mise en œuvre d’un accord n’existe que s’il y a une véritable volonté de la part des signataires. Je n’accuse personne, mais je suis certain que, s’il y a une véritable prise en charge, sans interférence dans les affaires des uns est des autres, je pense qu’on aura franchi de grandes étapes dans le retour de la paix et la stabilité, dans la préservation de l’unité, la souveraineté de ce pays voisin, avec lequel nous partageons beaucoup de choses. Nous partageons l’histoire, le voisinage… Donc, s’il y a une volonté partagée de faire avancer les choses, tant mieux. D’ailleurs, nous y travaillons pour cela.

Et de ce point de vue, est-ce que l’arrivée de Soumeylou Boubèye Maïga à la Primature à Bamako est une bonne nouvelle ?
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