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Envoi de troupes au mali : L’Algérie doit jouer franc-jeu
Publié le mardi 5 juin 2012   |  Les Echos


Les
© Reuters
Les troupes de la junte militaire qui a procédé à un coup d`État en mars dernier, garde une rue après une reprise des combats à Bamako


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« L’option militaire (Ndlr: pour résoudre la crise du Nord du Mali) est la seule qu’il y a lieu de retenir lorsqu’il s’agit de se battre contre Aqmi et tous ceux qui accepteraient d’être avec cette organisation jusqu’au bout« . Cette hypothèse évoquée par le président Boni Yayi qui devrait envoyer hier lundi une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU est une option sérieuse. Mais l’Algérie va-t-elle accepter de jouer franc-jeu, l’option militaire pouvant se révéler incertaine sans une participation du pays d’Abdelaziz Bouteflika.

« Dans le Nord du Mali, il faut que les Algériens sortent de leur attitude de retrait et d’expectative, il faut qu’ils se réveillent !« , a déclaré Mohamed Bazoum, le ministre nigérien des Affaires étrangères, lundi 4 juin sur les antennes de RFI, à propos de la position algérienne sur la crise au nord du Mali et les solutions pour la résoudre.
Ces propos du chef de la diplomatie nigérienne ne sont pas anodins. M. Bazoum sait bien de quoi il parle. Depuis le 17 janvier 2012, date des attaques des groupes rebelles d’Aqmi, d’Ançar Eddine et du MNLA, qui ont abouti à la prise des régions de Kidal, Tombouctou et Gao, et bien avant, l’Algérie se positionne et veut demeurer l’actrice centrale du plan géopolitique et stratégique de la reconquête des villes maliennes occupées, voire de la lutte anti terrorisme dans la bande sahélo saharienne. Pour cette raison, le pays de Bouteflika refuse de jouer franc-jeu.
Pour faire face à la menace posée par les groupes rebelles et contrôler les diverses formes de trafic, les 4 pays (Mali, Mauritanie, Niger et Algérie) avait décidé, en 2010, d’unir leurs forces et de constituer un comité des opérations, le Centre d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc). Même si cette organisation est régie par une présidence tournante, l’Algérie y joue un rôle prépondérant à cause de la capacité de son Armée nationale populaire (ANP). D’après des experts, ses moyens militaires sont considérablement supérieurs à ceux des trois pays du Cémoc.
Mais l’armée algérienne ne s’est jamais donné la peine d’intervenir au-delà de ses frontières. D’aucuns soupçonnent notre voisin du Nord d’avoir favorisé l’arrivée des combattants de Libye sur le sol malien. Le Mali en effet ne fait pas frontière avec la Libye. Il a fallu bien que les combattants rentrés de la Libye aient bien traversé un pays voisin.
L’implication de l’ANP avait été encore davantage sollicitée pour contrer le terrorisme et toutes formes d’enlèvement et prises d’otages parce que le terrorisme dans la bande sahélo saharien est profondément enraciné dans la propre histoire de l’Algérie. Aqmi, est essentiellement une filiale d’Al-Qaïda et est né d’une division et d’une reconfiguration successive des groupes terroristes algériens, en particulier les Groupe islamique armé (GIA) et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).
L’intérêt particulier d’abord
De nombreux combattants, qui prêtent maintenant allégeance à Aqmi, sont d’origine algérienne comme c’est le cas de l’émir Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar. De plus, le puissant renseignement militaire algérien connu autrefois sous le nom de Sécurité militaire et qui s’appelle maintenant le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), est soupçonné d’être impliqué dans le renforcement dans la rébellion touareg. Dans ces conditions, il ne fait pas de doute que l’Algérie détient la clé de la géopolitique de la région en raison de sa supériorité militaire, son expérience anti-terroriste et le rôle important joué par ses services de renseignement.
Mais à l’évidence, cette République voisine du Mali traîne le pied et l’envoi des forces de la communauté internationale risque de trouver une certaine résistance de sa part. Et pour cause. L’espace sahélo saharien est crucial pour la stratégie régionale de l’Algérie. Primo parce que les autorités algériennes chercheront toujours à gagner cette légitimité d’être incontournables, en raison de leur longue expérience du contre-terrorisme. Deuxièmement, l’Algérie a joué un rôle clé dans l’implantation du Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémog), même si cette organisation est de nos jours presque inactive (les ministres des Affaires étrangères se sont réunis pour la dernière fois le 16 mars 2010 à Alger).
Troisièmement, Alger a des raisons de se mettre en retrait des propositions du président de l’Union africaine de l’envoi d’une force au Mali, d’autant que la région transfrontalière qu’il partage avec le Mali est réputée être riche en ressources naturelles et se trouve de ce point de vue convoitée par de nombreux acteurs étrangers : la France et les Etats-Unis en particulier, mais aussi la Chine.
L’Algérie a à l’esprit que dans l’espace sahélo saharien, la focalisation des puissances étrangères sur le terrorisme est profondément liée à des intérêts économiques. Une intervention directe par les Français ou les Américains serait vue comme une tentative de mainmise sur les ressources minières de la région, surtout l’uranium et les hydrocarbures.
Actuellement, le régime algérien et son armée font face à un mécontentement interne malgré la relative bonne tenue des élections législatives. Cette situation ne ferait qu’empirer s’ils devaient soutenir une intervention étrangère dans le Sahel.
« Une telle alliance ne conviendrait ni à l’histoire ni aux intérêts de l’armée. Plutôt, Alger cherche à poursuivre son approche pragmatique basée sur une série de marchandages stratégiques qui garantiront que ses partenaires occidentaux dépendent de sa bonne volonté », note un politologue algérien.

Denis Koné

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