Pour exiger l’adoption du statut des fonctionnaires de la police nationale qui dort dans les tiroirs depuis 2010, trois organisations syndicales au sein de la corporation, notamment le Syndicat national de la police (Synapol), le Syndicat de la police nationale affilié à la Cstm (Spn/Cstm) et le Syndicat national des inspecteurs de police (Snipol) ont décidé de se donner la main afin d’entreprendre des actions communes. L’information a été donnée au cours d’une conférence de presse co-aminée, le lundi 22 janvier, dans l’enceinte du Groupement mobile de sécurité (Gms), par le représentant du Synapol, le sergent/chef Jean Antoine Samake et le secrétaire général du Spn/Cstm, le sergent/chef Daouda Cissé, en présence de plusieurs responsables syndicaux de la police nationale.
Selon le conférencier principal, cette conférence fait suite au constat d’un véritable mécontentement au sein de la police. Et de poursuivre que ce mécontentement est principalement dû à un manque de volonté des plus hautes autorités de doter la police d’un statut digne de ce nom. C’est ainsi que, dit-il, ce regroupement des syndicats de la police a été initié afin de créer une synergie d’actions autour des préoccupations majeures des fonctionnaires de police. Il s’agit principalement, pour lui, de l’accélération du processus d’adoption du statut en tenant compte des modifications apportées à l’article 7 dudit projet et de l’article 7 du projet de décret fixant les modalités d’application du statut des fonctionnaires de la police.
À le croire, la première modification est relative aux conditions de nomination des Officiers de police judiciaire (Opj) dans le corps des sous-officiers de la police nationale et la seconde est consacrée à l’accès des sous-officiers de police au concours professionnel d’entrée dans le corps des commissaires de police.
Des inspecteurs de police sous les ordres de sous-officiers de la gendarmerie nationale
À ses dires, la nomination d’un sous-officier de police comme Opj est un véritable parcours de combattant, alors qu’au même moment, cette nomination est bien réglementée chez leurs frères de la gendarmerie nationale. “Nous sommes souvent victimes de cette situation lors des opérations conjointes car les inspecteurs de police recrutés sur la base d’un diplôme de bac+2 et qui sont des agents de police judiciaire (Apj) sont sous les ordres des sous-officiers de gendarmerie nationale de niveau Def parce que ces derniers bénéficient de la nomination comme Opj”, a-t-il martelé.
Pour lui, au niveau de la gendarmerie, les nominations se font dans les normes. Cependant, au niveau de la police, les inspecteurs doivent attendre cinq ans après leur recrutement avant de prétendre postuler au concours des Opj. Alors qu’ils sont la cheville ouvrière de tous les commissariats de sécurité publique.
Par rapport à la lenteur constatée dans l’adoption du statut, il a pointé du doigt le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général de brigade Salif Traoré. “Le Ministre joue à cache-cache avec les syndicats car, plusieurs fois, les recommandations formulées et adoptées par le Conseil supérieur de la police ont été superbement ignorées dans le texte final qui a été transmis au Secrétariat général du gouvernement”, a-t-il déploré.
Pis, il précisera que les syndicats ont été déçus par la non-reconduction dans la dernière monture du projet du décret des points convenus lors de la dernière session extraordinaire du Conseil supérieur de la police tenue le 16 novembre. Et de s’indigner du non-respect des dispositions du décret fixant les modalités de fonctionnement dudit conseil.
Intégration sans condition de tous les policiers radiés depuis 2012
À sa suite, le secrétaire général du Spn/Cstm, le sergent/chef Daouda Cissé, a déclaré que les syndicats de la police exigent également la relecture du décret n° 08-351/PRM du 26 juillet 2008 fixant le taux et les modalités d’octroi des primes allouées aux fonctionnaires de la police nationale. Aussi, il ajoutera que les organisations syndicales exigent au département en charge de la Sécurité la réintégration sans condition des policiers radiés depuis 2012. “Nos autorités ne peuvent pas accueillir en grande pompe les ex-rebelles qui ont égorgé nos militaires au nom de la réconciliation et dans le cadre du processus de désarmement et continuer à radier les policiers au sud pour des faits mineurs. Donc, nous exigeons la réintégration de tous les policiers radiés depuis, à nos jours, sans exception”, a-t-il renchéri.
À l’entendre, les syndicats accordent un délai d’une semaine au gouvernement pour qu’il convoque une rencontre autour au projet de statut. Passé ce délai, indique-t-il, les syndicats se réservent le droit de poser tous les actes légaux pour faire aboutir leurs revendications. “Si le gouvernement ne réagit pas dans une semaine, nous allons passer dans les différentes unités pour donner des consignes des syndicats par rapport à la suite à donner”, a-t-il conclu.