PARIS - Le Français Gilles Le Guen, arrêté il y a quelques jours au Mali par les forces françaises, semble avoir été entraîné malgré lui sur les sentiers du jihad mais l’engagement réel de cet aventurier quinquagénaire breton est loin d’être avéré.
Les convictions islamistes de ce converti de longue date qui se fait appeler Abdel Jelil mais dont le vrai nom est Gilles le Guen, "ne font aucun doute, comme le montrent diverses vidéos et photos sur lesquelles il se met en scène lui-même", explique à l’AFP une source proche du dossier.
Mais "son engagement jihadiste réel reste à établir lors de sa prochaine garde à vue en France. Pour l’instant, c’est uniquement du déclaratoire", ajoute la même source.
Des rumeurs ont circulé sur sa participation en février à la massive prise d’otages dans le site gazier d’In-Aménas, en Algérie. "Mais "il n’y était pas, ni de près, ni de loin", dit la source, catégorique. S’est-il battu contre l’armée française ? "Cela reste à établir, pour le moment aucun élément concret pour l’attester".
Selon une source au ministère malien de la Défense "les forces françaises
ont capturé dans la région de Tombouctou le jihadiste français Abdoul Jelil
qui était à Tombouctou avec la police islamique".
Né le 21 février 1955 à Nantes et titulaire d’un brevet de la marine
marchande obtenu à la fin des années 80, l’homme a beaucoup voyagé avant de
s’installer au Maroc puis en Mauritanie puis au Mali depuis cinq ans avec sa
deuxième épouse, une Marocaine.
"Le fait qu’il soit dans ce coin là, dans ce bain là, a pu concourir à une
radicalisation", selon la source proche du dossier.
Capturé au nord de Tombouctou, cet islamiste était apparu à visage
découvert sur une vidéo dans laquelle il mettait en garde la France contre une
intervention au Mali, alors en préparation pour en chasser les groupes
islamistes armés qui contrôlaient le nord du pays.
Il apparaissait vêtu d’une tunique beige, d’un turban noir et portant une
moustache et un bouc, devant un fond noir portant le sigle d’Al-Qaïda au
Maghreb islamique (Aqmi), un fusil-mitrailleur posé à ses côtés.
S’exprimant en français avec un fort accent breton dans cette vidéo de onze
minutes, il tenait des propos anti-occidentaux et anti-israéliens.
En novembre 2012 à Tombouctou, Gilles Le Guen avait été fait prisonnier
durant quelques jours par les responsables d’Al-Qaïda au Maghreb islamique
(Aqmi) qui, selon des témoins, le soupçonnaient d’être un espion.
Le converti avait été repéré en septembre 2012 dans les rangs d’Aqmi sur un
cliché récupéré par les services secrets français.
Un membre de la sécurité malienne avait alors expliqué que le dénommé Abdel
Jelil vivait avec son épouse maghrébine et leurs enfants dans le nord du Mali
avant l’arrivée des islamistes et qu’il avait "épousé leurs idées".
Après son arrestation par les forces françaises, son épouse a demandé à
être rapatriée en France avec les cinq enfants du couple âgés entre trois et
dix ans, selon une source proche de l’enquête.
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