Le cri du cœur des Maliens a dû être entendu des autorités françaises. En effet, depuis plusieurs mois, Bamako et les régions croupissent dans une obscurité très répétitive. Ces coupures d’électricité ont aussi eu des répercussions sur la fourniture des ménages en eau. Les sociétés d’État ayant montré toutes leurs limites, le salut ne pouvait venir que de l’extérieur.
Les autorités françaises se sont manifestées pour répondre à la crise qui sévit dans les secteurs eau et électricité au Mali. Dans ces secteurs aussi vitaux, le Mali vit en effet de graves difficultés. Si la société Énergie du Mali (EDM-SA) se trouve confrontée à de vrais problèmes de trésorerie, la Société malienne de gestion d’eau potable (SOMAGEP), créée en 2009 pour conjurer les différents problèmes du secteur eau, peine à prendre ses marques. Ainsi donc, la France, à travers l’Agence française de développement (AFD), vole au secours du Mali avec plus de 26 milliards de francs CFA.
Son ambassadeur, Gilles Huberson, a organisé samedi une cérémonie à sa résidence à Bamako. C’est là qu’il a remis à Tienan Coulibaly, ministre de l’Économie, des Finances et du Budget du Mali, la lettre de notification d’un concours de 39 millions d’euros, soit environ 25,6 milliards de francs CFA, au titre de la contribution de la France au financement du projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako à partir de la localité de Kabala.
Outre la remise de cette lettre, la cérémonie a enregistré la signature de trois conventions de financement d’un montant total de 2,04 milliards d’euros, soit environ 1,34 milliards de francs CFA, sous forme de subventions destinées au financement de programmes d’urgence de remise en état des systèmes d’eau et d’électricité dans les villes de Mopti, Tombouctou et Gao. Bruno Deprince, directeur de l’AFD au Mali, et Tidiane Keïta, directeur général (d’EDM-SA, ont signé deux conventions de financement d’un montant unitaire de 750 000 euros, soit environ 492 millions de francs CFA. Par ce financement, la France apporte un soutien aux efforts d’EDM-SA en vue du rétablissement des services publics de l’électricité dans les villes de Tombouctou, Mopti et Sévaré. Ensuite, Boubacar Kane, président-directeur général de la SOMAGEP-SA, et Bruno Deprince ont apposé leur signature sur une convention de financement d’un montant de 540 000 euros, soit environ 354 millions de francs CFA, pour la remise en état des systèmes d’alimentation en eau potable des villes de Mopti, Tombouctou et Gao.
Vers une amélioration du service
Le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Makan Tounkara, a indiqué que ce concours, qui sera mis à disposition de la SOMAGEP en tant que maître d’ouvrage du projet, va servir au financement partiel de la construction de la station de traitement d’eau de Kabala, ainsi que des ouvrages en amont. Les travaux, qui devraient démarrer en 2014, pourraient in fine fournir aux populations 240 000 mètres cubes d’eau potable par jour.
Certes, un début de solution à ces problèmes récurrents qui n’ont que trop duré. « Dans peu de temps, les difficultés d’approvisionnement en eau potable de la ville de Bamako seront un vieux souvenir », a indiqué un haut responsable du département en charge de l’énergie et de l’eau. Il y a belle lurette qu’EDM-SA crie sa détresse face à une demande qui va croissant et qu’elle n’arrive pas à satisfaire. Elle montre toutes ses limites en période de forte chaleur (entre février et mai). Conséquences : les populations, surtout les moins favorisées, sont contraintes au « système D ».
Par David Dembélé