Chute de la cote de popularité du président Keïta, démission en cascade des militants de son parti, guerre lasse entre les responsables du Rassemblement Pour le Mali (RPM), mauvaise gestion, vie chère, insécurité, le régime est aux abois et cherche désespérément sa voie. Malgré ce contexte extrêmement difficile, IBK et son Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin pour écourter les souffrances et les cris de détresse de leurs compatriotes. Ils veulent passer à la Sierra-Léonaise en organisant les élections dans les zones où IBK peut battre d’un tour de main ses concurrents à la présidentielle de 2018.
Dans son adresse à la nation, à l’occasion de la nouvelle année, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a déclaré que les élections se tiendront dans le respect des délais constitutionnels. Il ajoute que le gouvernement a reçu instruction de développer toutes les actions nécessaires pour que les citoyens maliens puissent accomplir leur devoir civique en toute quiétude.
Il convient de rappeler qu’elles vont concerner la présidentielle (juillet) et les législatives (décembre). Cette déclaration au lieu d’apaiser les esprits dans les états-majors politiques des éventuels candidats à la présidentielle de juillet 2018 et les électeurs maliens est tombée comme un chevet dans la soupe.
Les hommes politiques, à travers leurs partis politiques, ont produit des déclarations pour demander l’audit du fichier électoral sans lequel lesdites élections ne seront ni démocratiques ni transparentes comme le souhaite le peuple malien qui veut tourner la page des vrais faux démocrates qui ont pris le pays en otage, depuis 1992. A l’avant-garde de ce combat, on retrouve le Parti pour la renaissance africaine (PARENA) et l’ADP Maliba qui ne cessent d’interpeller les structures en charge des élections.
Et de l’autre côté, la jeunesse, prise dans le piège du chômage et très remontée contre le régime en place pour promesses non tenues, est en train de s’organiser en marge des partis politiques dans des mouvements et associations politiques pour porter son choix sur l’homme qui peut incarner le changement afin que le Mali retrouve son honneur et sa dignité bafoués par les femmes et les hommes qui se sont succédé à la tête de l’Etat après le renversement du général Moussa Traoré, le 26 mars 1991.
Ces jeunes, qui ont grandi sous l’ère «démocratique» et qui ont servi de marches d’escaliers aux dirigeants maliens peu soucieux du devenir de leur pays, de l’avenir des enfants, enclins à l’enrichissement illicite et à l’ascension sociale, comptent s’assumer en dotant le Mali de femmes et d’hommes crédibles, honnêtes, intègres, sobres, engagés et déterminés à relever les défis de l’heure à travers les élections de cette année. Mais à condition qu’il y ait une unité d’actions dans leur combat, de cohérence dans les slogans, discours et une démarche empreinte de sagesse pour convaincre les électeurs maliens, sinon les vieux crocodiles du marigot politique malien vont les noyer pour signer un autre contrat de bail avec la partie du peuple qui n’a pas encore compris et qui ne comprendra pas la justesse de leur combat tant que le minimum leur est assuré.
Certes, tous les Maliens sont conscients de l’enjeu des élections générales de l’année 2018, mais tout le monde ignore les conditions dans quelles elles seront organisées. Pis, à quelques mois de la présidentielle (juillet), aucune ligne ne bouge du côté des structures en charge de l’organisation desdits scrutins. Elles sont encore plongées dans un profond sommeil qui inquiète tous les observateurs de la scène politique malienne. A commencer par les dignes fils du Mali et les partis politiques qui ont compris que sans la présidentielle, notre pays va connaître une autre crise sans lendemain.
On se rappelle qu’en 2012 ce jeu de cache-cache a coûté à ATT son fauteuil à deux mois de la fin de son mandat. Il n’avait rien entrepris pour l’organisation matérielle de la présidentielle au cours de laquelle il devait céder le palais de Koulouba au vainqueur sorti des urnes, en avril 2012.
S’il est vrai que la circonscription électorale de l’élection présidentielle est le territoire national, le gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga ne semble pas être dans cette logique. Il compte organiser la présidentielle dans les localités du pays où le président IBK peut remporter haut les mains le scrutin de juillet prochain. Nous ne sommes pas étrangers à cela.
En 1992, la transition sous la houlette du lieutenant colonel Amadou Toumani Touré (ATT) a organisé l’élection présidentielle qui a vu la victoire du candidat de l’ADEMA-PASJ Alpha Oumar Konaré sans que les électeurs d’une localité du Mali ne soient appelés à voter. Cela c’est passé sans anicroche. Et il n’a rien enlevé à la légitimité du président élu qui s’était autoproclamé chantre de la démocratie.
En Sierra-Leone, dans les années 1990, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui était parvenue à sécuriser la capitale Freetown, face à l’avance des rebelles, a fait élire son candidat en la personne de Ahmed Tidjan Kaba, en organisant l’élection présidentielle dans cette ville. Ce qui est sûr et certain, le régime d’IBK serait en train de faire l’insécurité son cheval est dans la dynamique dans les zones où les électeurs feront le plein pour le président sortant.
Selon certaines indiscrétions, tout serait mis en œuvre pour faire croire aux Maliens que la présidentielle ne sera pas organisée dans les localités où sévit l’insécurité. Et cet homme politique d’ajouter que des localités seraient déjà ciblées. Même s’il pas voulu dévoiler le nom desdites localités, il semble que les régions qui ont récemment reçu la visite présidentielle sont dans la ligne de mire du Rassemblement Pour le Mali (RPM, parti présidentiel).
Les femmes et les hommes de ce parti comptent désormais axer leurs efforts dans ces zones et les fiels de certains barons du parti. Mais il reste à savoir si les actions tape-à-l’œil du Programme présidentiel d’urgences sociales (PPUS) vont faire changer les gens d’avis quant à une alternance, en 2018.