Attaquée simultanément sur divers fronts à Youwarou, Gomacoura, Soumpi et Ménaka, l’armée malienne a tué au moins 25 terroristes durant la semaine écoulée et elle a perdu au moins 18 de ses hommes. Curieusement, à la même période, le conseil de sécurité de l’ONU menace de sanctionner le gouvernement pour le retard accusé dans la mise en œuvre de l’accord de paix.
La furie terroriste fait rage. Au Centre et au Nord du pays, la semaine écoulée a été très sanglante. Le jeudi 25 janvier, 26 civils sont tués dans un véhicule de transport en commun par l’explosion d’une mine à Boni (région de Mopti). Le même jour, les forces armées maliennes sont attaquées à Youwarou (région de Mopti) et Gomacoura (région de Ségou). Dans la première localité, les terroristes subissent une lourde perte : près d’une dizaine d’entre eux sont neutralisés contre deux morts du côté de l’armée. A l’issue des opérations de ratissage, les FAMa ont récupéré des matériels de guerre abandonnés par l’ennemi dans sa fuite. Tandis qu’à Gomacoura dans le cercle de Banamba, des douaniers pris pour cibles tuent un terroriste. Mais un des leurs y laisse sa vie sous le feu d’une lance-roquette. Pendant que le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta se recueille sur la tombe des 26 civils lâchement assassinés à Boni le samedi 27 janvier, les terroristes attaquent sur un autre front : à Soumpi, localité située dans la région de Tombouctou. Surprise par le feu des roquettes entre 4heures et 5heures du matin, l’armée perd plus d’une dizaine d’hommes. Mais elle résiste vigoureusement et tient sa position dans le sang et sur des braises. D’après le Colonel Diarran Koné, directeur de l’information des relations publiques de l’armée (DIRPA), les FAMas ont neutralisé au moins 17 assaillants. Le lendemain de cette attaque àSoumpi, le dimanche 28 janvier, à Ménaka, le camp de l’armée est pris pour cible par un kamikaze. Bilan : quatre gardes tués. Dans cette ville nouvellement érigée en région, la MINUSMA a une base. Mais des sources sécuritaires s’interrogent sur l’inertie des casques bleus à appuyer les militaires maliens avec des blindés et des moyens aériens.
Car comme à ses habitudes, le contingent de la Minusma s’est contenté de jouer le rôle d’ambulanciers.
« Lors de l’attaque du 28 Jan sur la Garde nationale et @FAMa_Mali à #MENAKA, la #MINUSMA immédiatement en état d’alerte #Casques bleus patrouillant dans la ville, prête à soutenir l’assistance médicale et protéger les #civiles. Bonne réaction rapide », se justifie le commandant de la MINUSMA, le général belge Jean Paul Deconinck.
Le malheur ne venant pas seul, cette série d’attaques terroristes coïncide avec deux autres faits importants, l’un aussi déconcertant que l’autre. A savoir : la menace de sanction brandie par le conseil de sécurité de l’ONU contre les autorités maliennes accusées à tort de trainer les pas dans la mise en œuvre de l’accord de paix et les propos déplacés du journaliste d’Europe 1 Vincent Hervouet. Dans une vidéo longue de près de 3 minutes postée sur les réseaux sociaux, il accuse le pouvoir d’avoir détourné l’argent destiné au développement du Nord et de laisser pourrir la situation sécuritaire. Plus grave : l’éditorialiste pense que le président IBK compte sur les populations des régions du Sud pour se faire réélire en 2018.
Il n’en fallait pas plus pour susciter un tollé de réactions sur la toile.
« L’analyse d’Europe1 manque de profondeur et du sens de la repartie. L’intention est claire : on veut démobiliser les FAMa et susciter une guerre civile. Aucun effort du Mali n’est reconnu, pire on tente d’opposer les populations du Nord à celles du Sud », s’agace le député Yaya Sangaré.
« Vous essayez comme l’ont tenté de faire, vos dirigeants d’alors (SARKOZY-JUPPÉ), qui sont à la base de la situation qui prévaut au Mali pour avoir déstabilisé la Libye et conclu un deal avec les combattants de la légion libyenne (originaires du Mali), selon lequel, ils refusent de combattre pour Kadhafi, en contrepartie, ils les aideraient à s’installer au Nord du Mali. Un plan machiavélique dont le seul dessein était la partition de notre Pays », renchérit Moussa Traoré, un malien résidant en France.
Et pendant que le gouvernement malien est trimbalé par le conseil de sécurité, les responsables de la CMA paradent à New York au siège de l’ONU. Alors que faut-il espérer des 12.000 casques bleus présents sur le sol malien pour stabiliser le pays ? Pas grand-chose ! Aux Maliens de prendre leur destin en main.