’Nous nous battons contre le terrorisme, en espérant chaque jour ne pas être poignardés dans le dos, y compris jusque dans les terres les plus insoupçonnées de notre vaste et beau territoire national. Et, chaque fois que tombe un soldat de notre armée nationale ou ceux des nations étrangères venus à notre secours, je me torture la mémoire, des jours durant, à imaginer tout ce que nous aurions pu faire, à cet endroit précis, pour prévenir le fléau, jusqu’à ce qu’il nous tombe dessus, ailleurs.
Mais nous avons, aussi, la lucidité de ne jamais oublier que le fléau auquel nous sommes confrontés est une armée invisible, dont les membres se cachent parfois parmi nous, dans nos propres ruelles, dans la maison d’à côté. D’où la nécessité d’être vigilants, pour ne pas avoir à regretter d’avoir oublié de signaler des allées et venues suspectes, sous nos yeux.
Vous ne pouvez imaginer à quel point sont tenaces, les remords, lorsque, après un attentat terroriste, l’on se rend compte que l’on aurait pu aider à épargner cinq, vingt, cinquante vies !
Je ne vous invite pas à trahir vos familles, non ! Je vous invite à protéger la nation, tout le peuple de ce pays.
Nos enfants égarés doivent – peuvent – être sauvés de cette perdition qui met leurs propres vies en danger. Aidez-les ! Aidez-nous ! Aidez la nation, je vous en conjure !
Est-on, après tout, moins coupable que les poseurs de bombes, lorsque l’on sait, et que l’on n’a rien fait ?
Dans certains pays affectés par le terrorisme, justement, l’on a coutume de dire que les personnes qui savent et ont laissé faire feraient tout aussi bien d’aller elles-mêmes poser les bombes. Car dénoncer un acte de terrorisme qui se prépare, attirer l’attention des autorités sur les agissements d’une personne qui se laisse entraîner vers des aventures criminelles n’est tout juste qu’un devoir citoyen. Si vous n’êtes pas touché personnellement, si aucun membre de votre famille n’a encore jamais été victime d’un acte de terrorisme, c’est que vous êtes tout simplement chanceux. Car, au regard de l’aveuglement de ces tueurs froids, chaque citoyen de ce pays, chaque personne vivant dans ce pays peut, un jour ou l’autre, se retrouver sous leurs bombes ou près de leurs engins explosifs.’’