Des appels au sursaut et à l'union sacrée derrière les Forces armées maliennes (FAMa) se sont multipliés ces derniers jours suite à la mort de 18 militaires dans des attaques au nord et au centre du Mali, a constaté le correspondant de Xinhua.
Les observateurs ont surtout noté une prise de conscience de la "détérioration progressive de la situation sécuritaire" au centre et au nord du pays.
"Il y a quatre ans, le seul enjeu était comment récupérer Kidal. Aujourd'hui, c'est comment aller à une foire hebdomadaire en sécurité, à quand la réouverture des écoles", a souligné Amadou Alpha Ly, chroniqueur et consultant indépendant sur les questions de sécurité dans la bande sahélo-saharienne.
"Il est temps que notre front uni national anti-terrorisme, notre front uni national pour le Mali soit enfin à l'œuvre", a souhaité le président Ibrahim Boubacar Kéita en interpellant la classe politique et l'ensemble des forces vives de son pays, samedi dernier à son retour de Boni, localité où un car a sauté sur une mine faisant 26 morts par ses passagers qui se rendaient à une foire locale.
Un appel au sursaut national partagé par de nombreux observateurs qui pensent qu'il ne s'agit plus d'indexer un homme et de l'accabler en se focalisant sur ses ratés et ses échecs, mais "de se donner la main dans la communion des cœurs pour faire barrage au terrorisme, à l'horreur et à la terreur".
"Nos divisions sont une victoire de ceux qui veulent asservir notre pays au nom d'une foi qui n'a rien à avoir avec l'islam, une religion que pratiquent les Maliens et Maliennes dans leur grande majorité. Leur dessein est de nous anéantir dans nos valeurs humaines et culturelles comme la tolérance, le vivre ensemble dans la fraternité et la solidarité", a averti Aïssata Bâ, une journaliste free-lance.
"C'est plus que jamais le moment de mettre le Mali au-dessus des querelles de chapelles, des conquêtes et des convoitises politiques pour soutenir à bras le corps nos vaillantes forces armées et de sécurité sur le front nuit et jour", a-t-elle souhaité.
"Il faut une vraie union sacrée et cela passe par la reconnaissance des autorités de leurs approximations et errements, au-delà de tout orgueil, mais aussi par l'ouverture d'esprit des opposants qui doivent savoir que sans sécurité ce Mali qu'ils veulent gouverner n'est qu'illusion", a estimé pour sa part Abdoul Salam Diaouré, un blogueur activiste.
Pour lui, "les discours doivent laisser la place à l'écoute. L'écoute des jeunes désespérés et désemparés, des hommes de terrain plutôt que des généraux sous climatiseurs, des responsables communautaires et associatifs".
"Personne ne devrait se réjouir du malheur du Mali. Une dégradation continue de la situation sécuritaire affectera beaucoup d'initiatives voire d'efforts et compromettrait plusieurs autres tant au niveau national qu'extérieur", a martelé Abdourhamane Dicko, président de l'Association des ressortissants de Gabéro (ARG, Gao).
Pour cet acteur influent de la société civile du nord du Mali, "une déstabilisation du Mali n'épargnera ni l'Afrique de l'ouest ni le Maghreb encore mois l'Union européenne quand on sait que le Sahel est devenu la zone de prévention de la migration clandestine, du terrorisme et de la criminalité transnationale".
Face à la situation actuelle du pays, a suggéré M. Dicko, "les partis politiques, toute obédience confondue, la société civile dans sa diversité, mais surtout la jeunesse, les leaders religieux et les médias sont fortement interpellés".
Les observateurs ont également noté que les forces armées et de sécurité ne cessent de monter en puissance et ont tué au moins 25 terroristes durant les attaques de la semaine écoulée. F