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Camp de Kati: Les victimes de la mutinerie du 30 septembre brisent le silence
Publié le mercredi 31 janvier 2018  |  Le Républicain
Capt.
© AP
Capt. Amadou Haya Sanogo
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La mutinerie déclenchée contre l’ex-chef de la junte militaire, Amadou Aya Sanogo, par ses frères d’armes tourne n’a pas fini de révéler tous ses secrets. Epouses, mères et frère de 8 militaires disparus se sont réunis au sein du Collectif des victimes de la mutinerie du 30 septembre 2013 et demandent que l’Etat leur dise au moins la vérité sur ce qui est advenu de leurs proches. Leur pire crainte, l’abandon des poursuites judiciaires contre les bourreaux.
«Dramane était chef du poste de commandement du quartier général du CNRDRE. Après avoir eu sa décision d'aller à la retraite en décembre 2013, il continuait toujours à aller travailler avec le Général SANOGO. Le vendredi 4 octobre 2013 aux environs de 19 heures, il a reçu un appel de ce dernier qui lui demandait de venir. Etant sans nouvelles, nous avons entrepris des recherches en vain », a expliqué Omou Diarra, épouse d’une des victimes.
Le mari de Oumou Diarra avait disparu dans la mouvance de la mutinerie du 30 septembre. Cette mutinerie a occasionné des tueries et des cas de disparitions, mais jusqu’à présent, plusieurs personnes n’arrivent pas à savoir où se trouvent réellement leurs parents disparus. En effet, certains n’arrivent pas à faire le deuil.
Mais le mardi 8 octobre 2013 dans la matinée, le corps du mari de Oumou Diarra a été retrouvé au Centre de santé de référence de Kati suite à un communiqué de la radio Belekan de Kati. « Il a été exécuté au domicile de Sanogo le soir (20heures) de sa disparition et son corps avait été transporté dans un premier temps à la sécurité d'Etat avant d'être déposé de force sous le nom de Amadou Mandjo Doumbia à la morgue du Centre de santé de référence de Kati par une équipe composée du capitaine Christophe Dembélé, du lieutenant Oumar Diarra, de l'Adjudant Chef Fousseïni DIARRA et un certain TOGO », a-t-elle poursuivi.
Selon cette épouse désorientée, les militaires de l'opération « SANYA » avaient croisé cette équipe au niveau de Lampanikoro devant la messe des officiers du camp de Kati. La moto de Dramane (Djakarta couleur verte claire) a été retrouvée sur un goudron non loin du domicile de Sanogo le surlendemain de la découverte du corps. « Après le scanner à la clinique Pasteur, Dramane a été inhumé sans aucune cérémonie militaire le vendredi 11 octobre au cimetière de Banankoro à quelques kilomètres de Senou. Le scanner a révélé qu'il a reçu des coups mortels au cou à l'aide d'une barre », a révélé Oumou Diarra, épouse de l'Adjudant Chef Dramane SISSOKO.
Selon les membres de ce collectif, les bérets rouges ne sont les seuls victimes de l’ex-chef de la junte militaire, Amadou Haya Sanogo. Il y a aussi, des bérets verts. Pour preuve, précisent-ils, 8 bérets verts ont été soit tués, soit disparus. Ces huit militaires sont : le Colonel Youssouf Traoré, le soldat Lassine Keïta dit Rougeot, le sergent chef Ibrahim H dit Gandakoye Mohamed, le sergent chef Ismaïl Keïta, le soldat de 2ème classe Neguè Tènè Konaré, le sergent chef Siaka Sibiri Sangaré, le sergent chef Ibrahim Doumbia et l’adjudant chef Dramane Sissoko.

«Nous voulons que la situation soit clarifiée »
Depuis ces évènements, Hawa Haïdara est sans nouvelle de son fils, le soldat de 2ème classe Negue Tene KONARE. «Mon fils était le chauffeur du colonel Yousouf Traoré. Le 30 septembre 2013, ne voyant pas mon fils rentrer, j'ai demandé de ses nouvelles aux autres membres de la famille qui m'ont dit qu'il est chez le colonel. Je suis allée au domicile du Colonel où on m'a appris que mon fils était parti avec le colonel chez le Général Sanogo et que c'est Fousseyni Diarra qui était venus les chercher », a déclaré la vielle dame visiblement affectée.
Un autre cas de disparition non élucidée de la même époque est rapporté par Salimata Pléa, épouse du Sergent Chef Siaka Sibiri SANGARE. « Le 3 octobre 2013, vers 14 heures, Siaka a été appelé par Fousseïni DIARRA alors qu'il était avec un de ses amis à la maison. Il est donc parti pour répondre à l'appel de Fousseïni. Ne le voyant pas revenir, son ami a tenté de le joindre vers 16-17 heures sans succès. Siaka rappelle quelques instants plus tard son ami pour lui confier qu'il se rend chez le Général SANOGO. Depuis, je suis resté sans nouvelles », a dit Salimata Plea.
Abdoulaye dit Tiémoko CAMARA, frère du Colonel Youssouf TRAORE, explique aussi la disparition de son frère qui par la suite a été retrouvé mort dans un puits. « Le 30 septembre 2013 dans la soirée, Youssouf a été contacté pour intervenir en tant que médiateur dans le conflit opposant les mutins au Général SANOGO. Les militaires qui sont venus le chercher à la maison était au nombre de trois, dont l'Adjudant Chef Fousseyni DIARRA. Youssouf les a suivis en compagnie de son chauffeur le Sergent Chef Ismaïla KEITA et du soldat Neguè Tenè KONARE, chauffeur de son épouse. Ils montent tous les trois à bord du véhicule V8 Toyota de couleur grise avec des vitres teintées noires, immatriculée AE1868, véhicule de fonction du Colonel TRAORE », a-t-il déclaré. « Nul n’a le droit d’ôter la vie d’une autre personne», déclarent les victimes.
Aux dires des membres du collectif, le corps sans vie de Lassine Keïta dit Rougeot a été retrouvé attachés par des cordes. Selon les membres du collectif, depuis la disparition de leurs parents, ils n’ont reçu la visite d’aucune autorité militaire. Pire, le salaire des victimes avait été coupé à deux reprises avant d’être rétablis.

D’autres, dont Mme Sissoko Oumou Diarra, ont été priés de quitter le logement du camp militaire. Désemparé par l’événement, le collectif des victimes de la mutinerie du 30 septembre 2013 avec l’accompagnement de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) a introduit une plainte le 30 novembre 2013 au niveau du tribunal de la commune III du district de Bamako afin que les responsabilités soient situées et que justice soit rendue.
Mais jusqu’à présent, la justice traine à trancher cette affaire que d’aucun qualifierait d’ « affaire classée et carrément placée aux oubliettes ». Ils exigent la vérité sur la disparition de leurs parents. « Nous voulons que la situation soit clarifiée, que les responsabilités soient situées, qu’on nous donne la véracité sur cette affaire », a déclaré Abdoulaye dit Tiémoko CAMARA. S’agissant de la loi d’entente nationale évoquée par le président de la République, les membres du collectif ont fait savoir que la paix ne pourra pas se faire sans l’éclaircissement sur cette affaire.
Aguibou Sogodogo

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