De gros efforts ont été consentis dans le secteur de la santé et ont surtout permis d’améliorer le niveau des indicateurs de santé. Mais le système de gouvernance, à bien des égards, doit être remis en cause pour une gestion efficace et efficiente des prestations socio-sanitaires. L’offre de service ne répond pas aux critères de qualité requis.
Les taux de mortalité infantile et maternelle sont parmi les plus élevés de la sous région. Le financement du secteur de la santé est tributaire du financement extérieur et les ménages paient la plus grosse part du financement interne, entrainant une forte paupérisation.
Ce tableau peint par les spécialistes atteste de l’urgence et de la nécessité d’instaurer un dialogue entre les acteurs du secteur et d’engager la réflexion sur des stratégies d’amélioration de la qualité de l’offre de soins et des conditions de vie des populations.
Pour apaiser donc le climat social et rehausser le niveau des indicateurs, la Table ronde sur le secteur de la santé qui a poursuivi ses travaux mardi, s’évertue à trouver des solutions.
Pour ce faire, des experts repartis en trois groupes de travail s’attachent à trouver des réponses aux problèmes de gouvernance, d’offre de service et de financement du secteur.
Notre équipe de reportage s’est intéressée aux travaux du groupe qui planchait sur la problématique de l’offre de services, un groupe qui avait pour mission de poser le bon diagnostic des insuffisances, de proposer des solutions et d’identifier les défis à relever.
La politique de santé prévoit l’amélioration de l’accès des usagers aux services de santé. Il s’agit de rapprocher les soins des usagers par la création de centres de santé communautaires (CSCOM) dans le respect d’une carte sanitaire élaborée par chaque district sanitaire, de la qualité des services en améliorant l’accueil, en adaptant les infrastructures et la mise à disposition de compétences (ressources humaines) de médicaments, réactifs, produits sanguins et dérivés mais aussi d’équipements.
Malgré l’extension de la couverture sanitaire, la carte sanitaire n’est pas respectée. La mise en œuvre de certaines stratégies pour couvrir les populations éloignées, nomades et mobiles est défaillante. S’y s’ajoutent l’insuffisance et la faible fonctionnalité des services sociaux pour la prise en charge des démunis, personnes âgées, handicapés et des personnes en situation difficile, surtout du sexe féminin. Le niveau de l’offre et de l’utilisation des services de santé reste faible avec 42% des populations qui, dans un rayon de 5 Km, n’ont pas accès aux soins.
Il ressort de l’analyse globale que les soins curatifs prédominent sur les activités préventives et promotionnelles.
Le check-up montre que des contraintes importantes pèsent encore sur la gestion des urgences obstétricales et néonatales, notamment la défectuosité du système radio communication (RAC), l’insuffisance dans la fonctionnalité des caisses de solidarité ainsi que les obstacles géographiques et financiers que rencontrent les femmes pour arriver, à temps aux centres de santé de référence (CSREF).
L’insuffisance de financement par les collectivités territoriales, l’absence du système de référence/évacuation dans certaines localités et les obstacles socioculturels liés aux rapports d’inégalité homme/femme dans les prises de décision et le non-respect des engagements de certains intervenants du système sont aussi pointés comme difficultés.
Malgré les progrès réalisés, la qualité des services n’est pas assurée, mettant en cause aussi bien les usagers que les prestataires altérant ainsi le climat social.
Selon le directeur général de l’hôpital Nianankoro Fomba de Ségou, Dr Abdoulaye Sanogo, pour aspirer au bon accueil, il faut former le personnel sur la déontologie, la responsabilité médicale et la charte du malade. Et le responsable hospitalier de souligner que cette charte doit être affichée dans toutes les structures sanitaires afin de pousser le personnel à mettre le patient dans ses droits.
Par ailleurs, le directeur de l’hôpital régional de Ségou approuve la promesse du Premier ministre de mobiliser prochainement 5 milliards de Fcfa pour relever le niveau du plateau technique dans les établissements de soins. Il considère ce geste du gouvernement comme un début de soulagement des acteurs du système de santé.
Le président directeur général de la Pharmacie populaire du Mali (PPM), Dr Moussa Sanogo, pense qu’il faut faire preuve de pro activité. Que les hôpitaux voient plus la PPM comme un soutien et travaillent au renforcement de leur partenariat. Il juge nécessaire d’anticiper sur les besoins.
Il ressort des débats que les défis à relever sont surtout l’accueil, l’hygiène hospitalière et l’accès équitable aux soins. Les participants préconisent d’appliquer, entre autres, les textes relatifs à l’extension de la carte sanitaire, de promouvoir la création de nouvelles structures de premier contact et de former les prestataires sur la responsabilité médicale.
Ils ont aussi requis de diffuser et respecter les dispositions de la charte des malades, de rendre disponibles le personnel, les médicaments et consommables pour une prise en charge rapide et efficace.