Les premiers éléments de l'enquête nationale de bio-surveillance de l'exposition de la population malienne aux polluants (métaux et métalloïdes), lancée à l'occasion de la Journée mondiale de la santé, tirent la sonnette d’alarme sur la qualité de l’eau potable consommée dans certaines régions du Mali.
Des taux supérieurs aux normes de certains constituants chimiques — les métaux lourds en l’occurrence — inquiètent sérieusement les spécialistes qui mettent en garde contre l’extrême toxicité de ces substances pour l’homme. Ces métaux sont présents dans l'environnement naturellement et, du fait de leurs nombreux usages, ils peuvent alors, de manière variable selon la voie d'exposition et la forme chimique, pénétrer dans l'organisme et s'y accumuler.
Ce qui pourrait engendrer des maladies neurologiques, cardio-vasculaires et auto-immunes. Cette enquête, a pour objectif justement de surveiller l’exposition de la population malienne aux substances chimiques afin de réfléchir à des stratégies de prévention pour lutter contre les maladies, telles que le cancer dont l’incidence ne cesse d’augmenter.
Ainsi, cette enquête nationale de bio-surveillance de l'exposition de la population malienne aux polluants a réussi à mener la première étape de cette opération, à savoir l’acheminement des 42 000 échantillons prélevés sur 7000 individus dont 70 000 tests biologiques dans 39 localités du pays et chaque prélèvement est accompagné d'une documentation bien établie avec un questionnaire portant 57 questions. Les résultats des examens biologiques ont été déjà tous remis aux participants à cette enquête.
Des prélèvements sanguins et urinaires ont été recueillis à domicile pour chaque sujet. Une mèche de cheveu a été également prélevée sur l’ensemble des individus. L’eau de consommation quotidienne du robinet ou des puits a été prélevée afin d’analyser les métaux toxiques. Les analyses toxicologiques de 1148 échantillons d'eau recueillis auprès de 1148 ménages ont montré que ces eaux sont contaminées par ces métaux selon leur niveau de toxicité majeure ou mineure. Il s’agit de l’arsenic, nickel, plomb, cadmium, chrome et mercure, antimoine, baryum, étain, cuivre, cobalt, sélénium, zinc, aluminium et lithium.
Ces métaux feront également l'objet d’analyse dans le sang, les cheveux et les urines prélevés. L’objectif est d'identifier scientifiquement des substances toxiques et cancérigènes à travers ces analyses biologiques, grâce à un appareil capable de détecter 104 types de métaux et métalloïdes. Les taux observés de ces métaux dans les eaux consommées, l’arsenic, le plomb, le nickel, le lithium, le cadmium, le fer, le sélénium, le manganèse sont entre 10 à 100% supérieurs à la norme requise pour chaque substance. La majorité des localités concernées par l’enquête sont plus ou moins touchées par cette contamination des eaux. Des localités du centre de notre pays et certaines de du nord sont particulièrement touchées.
En attendant l’interprétation scientifique de ces résultats, ces analyses serviront aux praticiens spécialistes, notamment les oncologues, puisqu'il sera question d'exposer le taux de métaux lourds et les métalloïdes présents dans le sang, l'urine et les cheveux. D’autres analyses sont en cours, notamment pour ce qui concerne les pesticides et autres polluants.
À noter que ce projet, d'une durée de 3 ans, répond à une problématique mondiale qui est la pollution de l’environnement et l’exposition permanente des êtres humains aux métaux lourds toxiques et métalloïdes, ce qui constitue de graves problèmes de santé publique ayant des effets néfastes avérés sur la fertilité, reconnus comme étant des perturbateurs endocriniens, et également à l'origine de graves pathologies, telles que les cancers, les maladies neurologiques et cardio-vasculaires.