Vincent Harvouet : « C’est irresponsable ? Même au milieu du Sahel, on peut dire "après moi le déluge". Emmanuel Macron aurait tenté de le dissuader de se représenter.IBK ne s’appelle pas François Hollande. Il répond qu’il fera la volonté d’Allah. Il est parfait, IBK. Il nous tient en otage »
Karim Agaly Cissé : Le Président Français Emmanuel Macron aurait demandé à IBK de ne pas se représenter pour un deuxième mandat en juillet prochain. Au-delà des idées impérialistes que ce journaleux veut dégager, il fait allusion à une possible ingérence de la France dans les affaires intérieures d’une ancienne colonie. Scandaleux ! Le Président Macron (au Burkina-faso) avait pourtant annoncé que ce temps est révolu où les chefs d’Etat français donnent des leçons de démocratie aux africains. Macron serait alors ce Président qui tient un double discours et qui hypothèque en toute malhonnêteté l’avenir de tout un pays. Sans tomber dans le déni, il est constant de remarquer que ce chroniqueur polémiste va très loin dans ses injures et s’attaque directement à l’intelligence du peuple malien. C’est très prétentieux de sa part !
V.H: « Avec son regard de myope, sa fausse humilité et son air bonasse, Ibk est un politicien roué. On l’écoute faire des phrases, un vrai démagogue. Il sait bien que les électeurs du sud n’ont que mépris et rancune pour ceux du nord. Pourquoi donc les chagriner alors qu’il veut se faire réélire en juillet pour un nouveau mandat. »
K.A.C : Oui à la liberté d’expression, mais pas d’amalgame. Quand on entend le journaliste opposer « les maliens du Sud à... ceux du Nord », ça donne envie de hurler. L’entendre dire qu’après les « Touaregs, les Arabes du Nord », c’est au tour des « Peuls du centre » de créer une rébellion, je me dis que ces propos dépassent l’inacceptable. Ils relèvent d’une volonté de « nourrir et d’entretenir une haine imaginaire entre les maliens ». Par cet amalgame honteux, le chroniqueur polémiste prouve à suffisance sa méconnaissance de la situation du Mali. Il n’y a pas d’un côté les Touaregs au Nord et de l’autre les Bambaras au Sud. Nous sommes un Peuple, un But, une Foi.
En réalité, cette politique est une vieille recette de la Françafrique qui consiste à créer des minorités ethniques dans un pays pour mieux diviser les populations afin de régner en libérateurs. Ces pratiques néocoloniales sont d’une autre époque et je félicite le Président IBK de les rejeter en bloc pour contrer l’invasion coloniale. Les accusations gratuites sont les qualificatifs mensongers utilisés pour décrire le chef de l’Etat qui dans sa quête de paix et de réconciliation entre les maliens s’active quotidienne pour que les maliens de Kayes à Kidal puissent vivre en harmonie, en reconnaissance de la diversité culturelle et ethnique de notre pays.
Loin du président de la République IBK, c’est le Mali en entier qui est écorché.
Vincent Hervouet dit que IBK et son régime ont détourné l'argent destiné au Nord et que le régime est corrompu. Quel argent ? De quel partenaire ? Ce fond était destiné à quoi exactement ? C’est une grave accusation.
En outre, le Président de la République a fait l’objet d’insultes car qualifié de :“politicien roué et démagogue”. A ma connaissance, c’est la 1ère fois qu’un chef d’Etat se fasse insulter sur un plateau de télé. Après tout, IBK est le président de la République, 1ère institution du Mali. Ce sont des accusations très graves qui méritent des poursuites en justice pour diffamation.Un vendeur d’illusion qui ose s’attaquer à la dignité du chef de l’Etat en violation flagrante de la présomption d’innocence mérite d’être traîné en justice comme un malsain.
Que dire de Barkhane ?
La fausse neutralité de Barkhane dans la lutte contre le terrorisme (qui ne veut pas s’immiscer dans le conflit entre l’armée malienne et les groupes rebelles), est en réalité un camouflet pour les autorités et forces militaires maliennes. Ce qui justifie par ailleurs, la prise de parole d’un haut responsable du ministère de la défense malien affirmant avec certitude, que « dans la nuit du 23 au 24 octobre 2017, onze soldats maliens, otages de djihadistes, ont été tués par erreur lors d’un raid de la force Barkhane ».
Ainsi, la réaction indolente de la force Barkhane face aux attaques sporadiques des fous de Dieu contre les camps militaires des « FAMAS », intensifie les doutes sur les véritables intentions des français qui sont les premiers à dénoncer les abus des soldats maliens mais assistent inlassablement aux combats contre les forces du mal sans y intervenir.
Interrogeons nous :
En dehors de l’émotion, nous devons faire de l’introspection, en analysant les enjeux cachés de cette crise.
-Pourquoi ces journalistes français ne disent-ils aucun mot sur ce que Barkhane fait au Nord ?
-Pourquoi les "libérateurs", comme ils le disent, ont empêché l'armée malienne d'entrer à Kidal une fois Tombouctou et Gao libérées ?
-Pourquoi, après la visite de Mara, l'armée malienne est entrée à Kidal et y est sortie ?
-Pourquoi Gamou y est plusieurs fois entré et y est sorti ?
-Si l'armée malienne est incapable, et que l'Etat malien soit impuissant, pourquoi les 12.000 agents de la MINUSMA (avec plus de 10 nationalités), et les 1800 soldats français n’aident pas sérieusement à sécuriser le Nord et le Centre du Mali ?
Je n’hésite pas à dire, à l’instar de Mahmoud DICKO, que c’est un processus de ré-colonisation qui est en cours au Mali depuis la création du MNLA en 2011.
Alors ne soyons pas naïf en pensant que c'est la personne d'IBK qui est visée, au contraire c'est l’Etat et le peuple malien qui sont visés.
Aujourd’hui, plus que jamais, tant qu’on va ramener tout le débat aux hommes, on perdra de vue, les enjeux nationaux et géostratégiques. La question du nord reste une question centrale géostratégique qui malheureusement a pris en otage la gouvernance d’IBK.
Karim Agaly CISSE, Doctorant en Droit Privé, Sciences Criminelles