Acteur du Mouvement démocratique malien, le Pr. Yoro Diakité n’est en réalité qu’un piètre politicien. Dans son échec et sa descente aux enfers, il veut voir le navire Mali couler.
Parmi les acteurs du Mouvement démocratique malien qui ont contribué à la chute du régime du général Moussa Traoré en 1991, figure bel et bien le Pr. Yoro Diakité. A ce titre, il a été membre fondateur du Cnid/Fyt dont il a été le vice-président. Il a quitté le parti du Soleil levant en 1995 à cause des divergences de vue avec son président Me Mountaga Tall à la tête d’un groupe de dissidents dont Tiébilé Dramé pour créer le Parti pour la renaissance nationale (Parena).
A la tête du parti du Bélier blanc (emblème du Parena), le Pr. Yoro Diakité signe en février 1996 une plate-forme d’alliance politique avec l’Alliance pour la démocratie au Mali, Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/PASJ), parti au pouvoir. Cette plate-forme consacre quelques mois plus tard, en juillet de la même année, l’entrée du Parena dans le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Kéita.
Le Pr. Yoro Diakité assouvit son ambition avec sa nomination au poste de ministre d’Etat, ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau. Il devient du coup la 3e personnalité de l’Etat. A ce titre, il lui est arrivé d’assurer l’intérim du président de la République et du Premier ministre chaque fois que ceux-ci étaient en déplacement hors du pays.
Yoro Diakité a fini par quitter en 1999 ses camarades avec qui il a créé le Parena et qui avaient quitté avec lui le Cnid/Fyt en prenant ainsi position en sa faveur dans sa lutte de leadership contre Me Mountaga Tall. Le dissident du Parena crée en 1999 le Bloc des alternatives pour l’intégration africaine (Bara). Ce parti taxé de régionaliste, car majoritairement composé des ressortissants de Bougouni et environs, permettra de dévoiler la vraie face de son fondateur.
Natif de Bougouni, dans la région de Sikasso, Yoro Diakité est issu de la famille fondatrice et fils du chef de canton Sakoro Mery Diakité, qui donna au Banimonotiè (la contrée de Bougouni) ses lettres de noblesse. Il est le seul dans une fratrie d’une vingtaine de personnes à avoir fait des études supérieures qui l’ont conduit en France d’où il est revenu avec un diplôme supérieur en mathématiques.
« Il était la fierté et un modèle de ses frangins à la fin des années 60 lorsqu’il venait d’Europe passer ses vacances parmi les siens », apprennent ceux de sa génération. Excellent mathématicien et professeur (à la retraite depuis 3 ans), Yoro Diakité l’est assurément. Mais il est un piètre politicien sur tous les plans et un très mauvais leader d’opinion.
« Bara fo Yoro »
Bien qu’il soit taxé de parti régionaliste, le Bara n’a jamais pu s’insérer véritablement dans l’échiquier politique de Bougouni. Il n’a jamais pu avoir la majorité ni pour contrôler la mairie, ni pour gagner les 4 sièges de députés. Jusqu’aux élections législatives de 2007, la Convention social-démocrate (CDS/Mogotiguiya) de Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise a occupé les 4 sièges de la circonscription.
Celle-ci a dirigé le conseil municipal alternativement avec l’Adéma/PASJ. Le Bloc des alternances pour le renouveau africain (Barica), sorti des entrailles du Bara en 2004 avec la majorité de ses cadres et militants, partage aux législatives de 2007 les sièges de députés de Bougouni à l’Assemblée nationale avec deux élus dont son président Mamadou Sinayoko dit Gaucher (paix à son âme).
Depuis 2007, le Bara est politiquement mort à Bougouni, il a été « chassé » de sa zone d’implantation par Barica. Le Pr. Yoro Diakité qui a été démis de ses fonctions de ministre en 2000, assiste à sa descente aux enfers. Son passage à la tête du ministère de l’Energie et des Mines n’a été que cauchemars et mauvais souvenirs pour les clients de la Société énergie du Mali (EDM-SA).
Des groupes électrogènes achetés sous sa responsabilité à coup de milliards de F CFA et qui devaient pallier les délestages récurrents à l’époque se sont avérés des éléphants blancs. Pis le clientélisme et le népotisme régnaient en maître au ministère de l’Energie et des Mines où des marchés fictifs de centaines de millions de F CFA étaient distribués aux militants de son parti et à des proches.
Autre temps, autres mœurs. Le Pr. Yoro Diakité, qui en est à son 3e parti politique, incapable de balayer devant sa propre porte est celui qui se fait donneur de leçon de démocratie, de bonne gouvernance, d’éthique, etc. Il se dit révolté contre le capitaine Amadou Haya Sanogo, président du Comité national de restauration de la démocratie et de redressement de l’Etat (CNRDRE).
En début de la semaine dernière, le président du Bara, membre de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam), a fait paraître une lettre au vitriol dans des journaux de la place contre le capitaine Sanogo. Dans sa diatribe, il fait remarquer au capitaine qu’il a trahi le peuple en acceptant le statut d’ancien président au lieu d’accepter d’être le président de la transition bien que désigné à cet effet par la Convention tenue par la Copam.
« En acceptant ce statut tout autant pompeux que farfelu, le capitaine Amadou Haya Sanogo a non seulement trahi son propre engagement et l’immense espoir de changement suscité par le coup d’Etat du 22 mars 2012, mais aussi et surtout, il a terni l’héroïsme et la noblesse de l’acte hautement patriotique d’avoir chassé l’équipe d’Amadou Toumani Touré et de la masse de partis politiques qui le suivaient et le soutenaient sans mot dire dans son autoritarisme et sa mégalomanie montante. Ce faisant, le capitaine Amadou Haya Sanogo s’est disqualifié lui-même à prétendre à quelque poste dirigeant que ce soit au niveau des institutions publiques, civiles », a-t-il écrit.
Toujours selon lui, dans la même lettre publiée dans des organes de presse à l’intention du président du CNRDRE, « le capitaine Sanogo a définitivement enterré leur mot d’ordre de redressement de la démocratie et de restauration de l’Etat, de même que leur lutte contre la corruption. Il ne leur reste plus que la guerre pour laquelle le CNRDRE a fait le coup d’Etat contre la hiérarchie militaire et le traître ATT. Une guerre qu’il semble maintenant oublier ».
En analysant son parcours politique, le Pr. Yoro Diakité est très mal placé pour donner des leçons à qui que ce soit ou même parler de sujet comme la corruption. Son agissement n’est autre qu’une façon de tenter une résurrection politique à travers les prébendes que le capitaine Sanogo lui donnait s’il acceptait le poste de président de la transition.