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grandes manœuvres pré-électorales: La CENI se laissera-t-elle manipuler ?
Publié le lundi 5 fevrier 2018  |  Infosept
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© aBamako.com par A S
Présidentielles 2013 : le ministre Django Sissoko visite les structures chargées de l`organisation du scrutin
Jeudi 18 juillet 2013. Bamako. Le premier ministre Django Sissoko visite les strutures chargées de l`organisation du scrutin des élections MAT-CENI-DGE
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La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) s’est fendue d’un communiqué diffusé sur la chaîne nationale pour s’inquiéter de l’ouverture précoce de la campagne présidentielle de 2018 par certains de ceux qu’elle appelle «potentiels candidats » à cette joute. La préoccupation exprimée fait suite à l’apparition des affiches géantes de deux candidats déclarés sur les panneaux publicitaires à travers la ville de Bamako. La CENI va-t-elle trop vite en besogne ou prend-elle le devant en rappelant aux candidats que le « championnat », qui va être des plus rudes, n’est pas encore ouvert ?

Les Bamakois avaient constaté depuis quelques semaines qu’un type de « produits » nouveaux avaient envahis les panneaux publicitaires en même temps que le troisième opérateur téléphonique qui vient de rentrer en service. Il s’agit de deux candidats qui ont publiquement dévoilé leurs intentions de briguer le suffrage de leurs concitoyens pour occuper Koulouba, la colline du pouvoir. Le premier, Hamadoun Touré, a officiellement fait part de son projet lors d’un gala dans un hôtel huppé de la capitale en décembre dernier. Le second, Moussa Sinko Coulibaly, l‘intellectuel de la junte qui renversa ATT en 2012, s’est publiquement déclaré sur une place publique de la Commune VI, il y a juste deux semaines, après s’être vu interdire l’accès du stade du 26 mars, le plus grand du pays.

Les affiches géantes ayant commencé à garnir les panneaux publicitaires aux emplacements les plus stratégique de Bamako, il n’en fallait pas plus pour que la CENI se fend d’un communiqué en date du 24 janvier 2018 dans lequel elle rappelle à l’ordre ceux qui « inondent les espaces publics des affichages et slogans de campagne » en « vantant les mérites ou les capacités d’un potentiel candidat» et ce, bien avant la convocation du collège électoral en moins l’ouverture de la campagne. La CENI se fait même un brin moralisateur en rappelant aux potentiels candidats qu’on ne peut aspirer aux plus hautes fonctions de l’Etat tout en foulant aux pieds les lois de cet Etat. Premier épisode.

Le jeudi 1er février fut le tour du Ministre de l’Economie numérique et de la Communication de réunir la CENI, le gouverneur et les maires des communes de Bamako, le Groupement professionnel des agences de communication (GPAC), l’Agence (étatique) malienne de presse et de publicité (AMAP) autour du même sujet.

Est-ce à dire que l’autorité indépendante qu’est la CENI et la puissance publique donnent la mesure de leur détermination à faire appliquer la loi pour une campagne électorale présidentielle « clean » et « fair » ? Beaucoup en doutent et pointent du doigt l’occupation outrancière de l’espace médiatique par le Président de la République, qui dépasse les limites d’une politique de communication présidentielle normale. Certains évoquent la campagne d’affiches lancées par le Ministre du Développement industrielle qui avait inondé la ville pour célébrer la « vision » du Président. On peut rétorquer que comparaison n’est pas raison, et qu’il s’agissait d’une campagne de communication publique autour des réalisations du Président.

Dans ce cas, la campagne devait être menée par les différentes structures dédiées à la communication gouvernementale, et non par le Ministère du Développement industrielle. La loi électorale ne régissant pas que la campagne médiatique des candidats, la CENI veillera-t-elle aussi scrupuleusement pour dénoncer l’utilisation des ressources publiques par un des candidats. Les ressources publiques ne se limitant pas aux moyens matériels mais incluant les abus de position et les détournements de privilèges ? Si oui, elle gagnerait en respectabilité que pourrait présager son haussement de ton actuel. Si non, elle donnera raison à ceux qui pensent qu’en Afrique, le foisonnement des autorités indépendant donne la mesure de leur inféodation au pouvoir politique.

Youssouf Sissoko
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