De 2012 à nos jours, nous assistons à une montée en crescendo de l’insecurité dans les établissements scolaires et universitaires. Une chose qui suscite des inquiétudes et des peurs chez les apprenants, les administrateurs ainsi que le corps professoral. Face à cette insécurité, le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique a organisé, les 25 et 26 janvier 2018, un forum sur l’insécurité dans les établissements scolaires et universitaires du Mali.
C’était dans la salle de conférence de la Maison des Aînés, en présence des acteurs et des partenaires de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique du Mali, sous la houlette du ministre de la tutelle, Pr. Assétou Founè Samaké Migan.
Rappelons que l’espace scolaire et universitaire a été fortement ébranlé ces dernières années par des actes de violence de toutes natures : vol, viol, agressions physique, verbale, destruction des biens publics et privés, morts d’hommes.
En outre, les établissements scolaires et universitaires sont des instances de formation et de réflexion sur les problématiques de la société. Ces établissements sont censés donner des compétences théoriques et pratiques aux élèves et étudiants, afin de les préparer à devenir des citoyens imprégnés des valeurs sociétales et culturelles. Cet idéal est aujourd’hui menacé par l’insécurité grandissante. En effet, nos établissements scolaires et universitaires ne sont plus des lieux sûrs et des oasis de paix et de tranquillité qu’ils ont été. La violence et l’insécurité y sont devenues des phénomènes récurrents et déstabilisants.
L’organisation de ce forum s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la recommandation forte formulée par la Commission de l’Education, de la Culture, des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication de l’Assemblée Nationale lors de la ratification du projet de Loi sur les franchises et les libertés universitaires en juillet 2017. L’objectif visé était de contribuer au développement d’un espace scolaire et universitaire paisible et propice à l’amélioration de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Au cours de ce forum, les participants se sont imprégnés sur les thématiques tels que l’état de la violence dans l’espace universitaire ; l’engagement financier du Centre National des Œuvres Universitaires (CENOU) en faveur de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM); la convention entre l’Etat et l’AEEM relative à la rétrocession de la gestion des résidences universitaires au CENOU; l’éthique et la déontologie, relation enseignant et étudiant, espace de socialisation; le plan de sécurisation de l’espace universitaire du Mali.
A l’ouverture dudit forum, le secrétaire général du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Pr. Drissa Diallo après avoir rappelé les différents évènements violents survenus dans l’espace scolaire et universitaire, a insisté sur les objectifs spécifiques. Il s’agissait, entre autres, pour les participants d'établir l’état des lieux de l’insécurité dans les établissements scolaires et universitaires ; d'identifier les causes de cette insécurité; de réaliser une analyse profonde de ses conséquences; d'identifier les solutions structurantes et efficaces contre l’insécurité et enfin de définir des recommandations aux acteurs de la lutte contre l’insécurité dans les établissements scolaires et universitaires.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Pr. Assétou Founè Samaké Migan a évoqué dans son mot de clôture qu’aujourd’hui, les Institutions de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique du Mali se trouvent tout particulièrement interpellées pour répondre aux principaux défis de développement. A ses dires, bâtir un dispositif de l’enseignement supérieur et de recherche à la mesure de ces défis exige que l’on définisse ensemble les voies, les objectifs et les mécanismes appropriés.
Retenons que les recommandations ont été formulées lors de ce forum. Et le ministre Pr. Assétou Founè Samaké Migan de reconnaitre que durant ces deux jours, les participants ont diagnostiqué les causes de la violence et de l’insécurité dans l’espace scolaire et universitaire avec objectivité et sans pressions. « Je donne l’assurance que tout sera mis en œuvre pour la mise en œuvre des recommandations issues de ce forum », a-t-elle rassuré. Avant de remercier tous les participants pour leurs engagements et leurs contributions pour l’atteinte des objectifs.
Les propositions de recommandations issues du forum
Ainsi, les propositions de recommandations par rapport aux problèmes identifiés sont les suivantes. Sur les questions financières, il s’agit, de mettre fin à l’occupation anarchique de lits et à la vente de reçus parallèles en respectant strictement les protocoles d’accord ; confier la gestion des parkings, des cantines et gargotes ainsi que des kiosques au CENOU et/ou à l’Administration des structures ; supprimer le quota de lits afin de mettre tous les étudiants sur le même pied d’égalité ; conditionner le bénéfice des œuvres universitaires à l’acquisition de la carte CENOU ; faire assurer la sécurité de façon permanente dans l’espace scolaire et universitaire ; demander à l’AEEM de justifier l’utilisation des fonds reçus ; mettre fin à tout financement public de l’AEEM ; l’augmentation substantielle des bourses des étudiants
En somme, étant donné que l’AEEM n’est pas une association reconnue d’utilité publique et que la gestion des ressources financières entraine des morts d’hommes, il est recommander d’abroger purement et simplement les protocoles d’accord ; de confier la gestion de toutes les franchises scolaires et universitaires au CENOU et/ou à l’Administration des structures ; de mettre fin à tout financement de l’AEEM.
Par rapport à la gouvernance, l’éthique et la déontologie, les recommandations demandent d’appliquer rigoureuse des règlements ; il s’agit ente autre de réglementer l’accès de l’espace scolaire et universitaire (badge pour les enseignants et carte d’identité pour les étudiants) ; contrôler l’accès de l’espace scolaire et universitaire ; opérationnaliser les groupes de sécurité universitaire ; multiplier les formations pédagogiques dans les ordres d’enseignement ; rendre transparente la gestion des ressources ; instaurer une culture de redevabilité ; initier à l’intention des enseignants des formations sur l’éthique et la déontologie ; sensibiliser les enseignants et les étudiants sur leur conduite ; reprendre la gestion entière de l’espace scolaire et universitaire par l’administration scolaire et universitaire ; d’appliquer le règlement dans le respect strict de la hiérarchie et aussi le respect des protocoles d’accord entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants.
Sur le cadre sécuritaire, le forum préconise, le retrait de l’AEEM de la gestion de toutes les œuvres universitaires ; la clôture des établissements et l’élévation des murs (surtout au niveau fondamental et secondaire) ; la délimitation des espaces scolaires et universitaires ; la révision du cadre partenarial entre le CENOU et l’AEEM (réviser toutes les conventions) ; la création et ou l’opérationnalisation des groupes de sécurité ; le retour de l’éducation citoyenne dans les établissements scolaires et universitaires ; l’implication des parents d’élèves et des chefs de quartier ; la formation continue des enseignants ; le filtrage des entrées et sorties dans les établissements scolaires et universitaires ; l’installation des caméras de surveillance dans les amphithéâtres ; le déguerpissement des alentours des établissements ; l’arrêt des interférences politiques et religieuses dans le milieu scolaire et universitaire ; l’éclairage de l’espace scolaire et universitaire ; la formation des CGS ; la maîtrise des flux d’étudiants ; la prise en compte du genre dans toutes les activités scolaires et universitaires ; une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi ; l’application stricte des lois et des règlements intérieurs (Loi sur la franchise universitaire, Loi d’orientation) ; le bannissement de toute forme de violence ; la rétrocession de l’ensemble des activités sociales et financières au CENOU.
Mohamed L. KONE