En décidant de donner de la voix en cette période de pré-campagne électorale en vue de la présidentielle, le Mouvement ‘’Anw Be Faso Do’’ a dans son viseur trois frustrations : la mauvaise direction prise par le pays ; le manque d’inclusivité dans la gestion de la crise ; la très forte polarisation du pays. C’est ce qu’a révélé son président Cheick Sidi DIARRA, en recevant, samedi dernier, la presse en prélude au lancement prochain du Mouvement dont il est la figure de proue.
L’homme, qui a décidé de briser le silence, a été ambassadeur du Mali pendant 14 ans d’affilée, dont 10 ans en Algérie (1990-2000). En 2007, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, lui fait appel. De juillet 2007 à juillet 2012, il est Secrétaire général adjoint des Nations unies. Au cours de cette période de haute diplomatie, il occupe les responsabilités de Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique ; de Haut Représentant du Secrétaire général pour les pays les moins avancés et pour les pays sans littoral. Il s’est également occupé des pays insulaires en développement. Notre compatriote, dans le système des Nations-Unies, a eu à s’occuper de 90 pays au total, en ce qui est des aspects socio-économiques. Ce qui fait de lui une mine inépuisable en matière de relations internationales.
Rentré au pays, en 2012, Cheick Sidi DIARRA a observé la situation politique, économique et sociale. Et c’est la somme d’expériences engrangée qui le fonde à présent à monter au créneau, a-t-il fait savoir.
Parlant de l’origine du Mouvement ‘’Anw Be Faso Do’’, Cheick Sidi DIARRA, a expliqué qu’il est né d’une somme de frustrations du fait que des enfants de ce pays sont laissés à la marge à un moment où notre pays traverse une des pires crises de son histoire, si ce n’est la pire crise. Assailli par les incertitudes concernant son intégrité territoriale et son avenir avec des solutions proposées qui se sont avérées inadaptées, c’est maintenant plus que jamais que le pays devrait avoir besoin de l’apport de tous ses fils. Ce qui, a-t-il déploré, n’est pas le cas avec une grande majorité de la population mise à l’écart de la gestion de la crise. Du point de vue de M. DIARRA, un changement radical devrait intervenir à ce niveau, pour changer de direction et pour plus d’inclusivité.
Le conférencier a également pointé du doigt la très forte polarisation du pays où le discours d’apaisement ne semble pas être privilégié. En cela, il fustige la démarcation nord-sud, l’affrontement Majorité-Opposition. Tout semble être fait pour exacerber la tension, a-t-il dénoncé. Ce qui occasionne également une frustration qu’il faut lever. Ce, d’autant plus, a mis en exergue l’ambassadeur DIARRA, cette frustration qui se manifeste dans les ‘’grins’’ de thé ou entre cadres en privé a provoqué un sentiment d’impuissance et de dépit vis-à-vis de la chose publique, de renonciation et d’abandon, brisant par conséquent le contrat social.
D’où, l’ambition du Mouvement ‘’Anw Be Faso Do’’ d’intervenir pour canaliser toutes les frustrations en une énergie positive autour de la mission la plus noble de notre génération :’’ reprendre la main pour contribuer à sauver notre pays’’.
Pour réaliser son ambition, le Mouvement, a fait savoir son président, a produit un Manifeste avec 14 propositions, dont la 14e est relative aux mesures immédiates à prendre pour résorber la crise.
Selon Cheick Sidi DIARRA, il ne s’agit pas de réinventer la roue de l’histoire, mais de prendre les aspects positifs de l’existant et d’y greffer les 14 propositions. Car, met-il en garde, en critiquant le régime, il faut se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain.
Répondant aux questions, le conférencier a fait savoir que son Mouvement n’est pas un Parti politique. Il s’agit d’une Plateforme pour influer sur les choix de ce pays et celui des hommes qui doivent diriger ce pays. Il dit être prêt à assurer des missions pour le pays, à condition que la direction du pays change, pas nécessairement les hommes qui sont là, mais la voie sur laquelle le pays est engagé.
En ce qui est d’une probable candidature à l’élection présidentielle, M. DIARRA répond que c’est prématuré, en plus du fait que son Mouvement n’a pas pour le moment l’envergure nécessaire pour tenter une telle expérience. Pour autant, il reste persuadé que beaucoup de Maliens partagent les mêmes préoccupations qui ont valu la création du Mouvement.
‘’Je suis certain que beaucoup de Maliens vont porter ce Mouvement, parce qu’on n’est pas encore sorti de la crise’’, espère-t-il. M. DIARRA de faire savoir qu’il compte parmi ses adhérents des opérateurs économiques d’anciens secrétaires généraux de ministères et d’anciens députés.
Si ce n’est pour la conquête du pouvoir dans quelques mois, pourquoi alors cette quête incompressible de changement ? M. DIARRA répond que c’est pour une question de satisfaction pour devoir accompli, pour pouvoir regarder ses enfants dans les yeux.
Répondant à la question de savoir comment il est possible de réaliser la vocation, sur le court terme, de canaliser toutes les frustrations en énergie positive, le conférencier est convaincu que pour avoir le nouveau Malien, ‘’Malien den kura’’, il faut au moins 10 ans. Mais, c’est une mission possible et même nécessaire pour relever les défis, soutient-il.