Le gouvernement Django Cissoko à la barre du parlement : l’exercice politique majeur de la semaine a eu lieu. On attendait trois sujets passionnels : la guerre du Nord, l’effort de guerre, l’élection dans ou après la guerre. La séance s’est étirée en longueur. Mais c’est une habitude. L’occasion des questions orales ou des interpellations est trop rare pour que les élus la laissent passer sans se faire entendre pour beaucoup d’entre eux et pour très peu d’entre eux sans soulever dans les termes qui conviennent les préoccupations des citoyens. Mais si les débats ont été longs, avaient t-ils de la hauteur ? Sur ce point, nous resterons sur notre faim tant que ce pays ne s’inscrit pas dans une démarche qualité touchant tous les segments du pays - le président, le ministre, le député, le journaliste, le médecin, le pays, le tailleur, le maçon-. En se disant et en se convainquant que le projet d’excellence ne relève de l’élitisme mais du seul impératif de faire du Mali un pays émergent, non du bout de la langue, mais dans le fond des choses. La transition qui est dans une certaine mesure la conséquence des vigilances oubliées et des barres trop souvent abaissées devait déclencher la réflexion sur notre dispositif de performance. Hélas, il faut craindre que par l’usage fait du principe de l’inclusion –généralement productrice de qualité- la transition ne nous ait encore plus tiré vers le bas. Mais elle n’est pas responsable de la qualité de ce parlement –ci. Et nous répétons que la démocratie, c’est d’abord la vitalité du parlement en tant que contre-pouvoir. L’audition du gouvernement dont nous parlons en est bien une preuve. Car si les explications ou les questions auraient pu être de meilleure facture, on ne peut pas dire que la séance n’était pas pertinente. Notamment sur Kidal. Là-dessus justement, on a eu une petite idée de comment Hollande fait pour perdre des points dans les sondages. En France comme au Mali où le président français était en février l’homme le plus populaire dans les chaumières comme dans les palaces. Aujourd’hui, le sentiment est que notre libérateur est très peu lisible sur Kidal. Secret défense ou embarras réel, la très proactive communication de l’Etat français depuis le début de l’Opération Serval observe le silence radio pendant que le Mnla de plus en plus perçu comme le bébé-hormone de l’Hexagone, investit le terrain et multiplie les déclarations. Lui qu’on croyait même mort il y a peu, de son accouplement avec les salafistes voici quinze mois, qui a fini certes comme chez les mantes religieuses dont la femelle tue le mâle après l’intimité, mais non sans avoir profondément déstabilisé le Mali en son temps. Les parlementaires ont parlé avec fougue et même indignation se demandant ce que l’armée attendait pour aller donner une correction mémorable au Mnla à Kidal. La réponse du ministre, une esquive qu’aucun député ne questionnera : « nous attendons que la diplomatie produise son effet ». La question de Kidal est cruciale pour les Maliens, il n y’ a aucun doute là-dessus, car ceux-ci voient déjà en la France les ciseaux qui taillent l’enclave touareg de l’Adrar, en dépit des assurances du Quai d’Orsay. On ne voit pas comment en effet un pays qui a envoyé ses soldats dont certains ont payé notre libération de leur vie pourrait, simplement pour le romantisme des oueds nourrir un tel projet qui ne plairait ni à l’importante Algérie ni à l’allié insoumis du Niger. Nos parlementaires ont donné la preuve que le mali aussi a une opinion publique et qu’il importe d’en tenir compte. Mais on ne peut pas aller jusqu’à oublier que nous ne serions pas le Maliba que nous pouvons redevenir si nous nous décidons à poser les gestes requis par l’Histoire mais le Maliban, le 11 janvier, comme à Kaboul de certaine mémoire si Hollande n’avait pas volé à notre secours.
