C’est en tout cas la principale question que l’on se pose après que le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga et d’autres membres du gouvernement aient boycotté la cérémonie du Comité de Supervision de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE-Mali), le vendredi dernier à la Primature ! Un comité qui fut finalement reporté.
En effet, c’est le ministre des Mines et du Pétrole qui a rappelé l’absence de certains ministre dont la présence est obligatoire, et que ce comité de supervision ne pouvait donc pas avoir lieu. Un faux fuyant, disent certains, car cette explication donnée par le ministre des Mines ne peut tenir route, dans la mesure où la quasi-totalité des ministres concernés étaient déjà présents. Il s’agit, entre autres des ministres des Mines et du Pétrole, Pr Tiémoko Sangaré, de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, de l’Economie Numérique, et de la Communication, Arouna Touré… Les raisons du boycott seraient ailleurs, et d’aucuns n’excluent pas le fait que la structure ait été fortement secouée par un scandale de détournement étayé par la presse en soit l’une de ces raisons.
Selon plusieurs confrères de la place, la secrétaire permanente, Mme Fatoumata Traoré, est appelée à justifier plus de 120 millions F CFA accordés par l’Union européenne à sa structure, censée pourtant être la vitrine et un modèle de transparence et de bonne gouvernance dans le secteur extractif au Mali.
Nommée pour relever les défis de mise en œuvre de l’ITIE au Mali, la bonne dame ne ferait plus l’unanimité auprès des parties prenantes. On rapporte que c’est le traitement salarial qui fâche, et pour lequel qu’elle serait partie jusqu’à toucher aux fonds alloués par le gouvernement et les partenaires à l’ITIE. Griefs formulés : fausses factures, missions fictives inventées justifiées par de fausses factures, népotisme, surfacturation des dépenses du secrétariat permanent. Pire, c’est surtout l’utilisation des fonds alloués par l’Union européenne à hauteur de plus de 110 millions qui fait grand bruit et qui suscite colère et indignation. En raison de tous ces manquements, les acteurs du secteur solliciteraient aujourd’hui le Bureau du Vérificateur général (BVG) afin de diligenter une mission de contrôle. Des faits pour lesquels la relation entre la secrétaire permanente et certains partenaires aurait pris un sacré coup, au point d’amener ceux-ci à suspendre leur coopération avec l’ITIE. Et certains de se poser la question de savoir si on peut réellement demander aux compagnies minières d’être transparentes si les règles de bonne gouvernance sont transgressées par la cheville ouvrière même de la mise en œuvre de l’ITIE au Mali ? Aussi, dit-on dans les coulisses que c’est pour toutes ces raisons que le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga aurait refusé de présider la cérémonie, ne laissant plus assez de choix au ministre des Mines et du Pétrole que de trouver des excuses pour libérer les invités ! Ce comité, faut-il le rappeler, devrait sur entre autres sujets : définir les grandes orientations politiques et stratégiques de l’IITIE ; approuver le plan d’actions et les recommandations qui lui sont soumis par le Comité de Pilotage ; évaluer l’impact de la mise en œuvre de l’ITIE sur le développement durable et la réduction de la pauvreté.
La Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) a été lancée en 2002 pour améliorer la transparence et la responsabilité dans les pays riches en ressources naturelles telles que : le pétrole, le gaz et les minerais (or, bauxite, uranium etc.). Depuis lors, de nombreux pays ont adhéré à l’initiative, et plusieurs d’entre eux ont élaboré et publié des rapports ITIE. Le Mali, en tant que 3è producteur d’or en Afrique, a adhéré en 2007 à cette initiative. Par cette adhésion, le Gouvernement du Mali s’engage à : assurer la transparence des paiements et des revenus générés par les industries extractives ; rendre cette information accessible à l’opinion publique nationale et internationale, créer les conditions pour que la manne minière soit un moteur de la croissance économique et un facteur de développement durable. Aussi a-t-il entrepris les activités suivantes conformément à l’esprit de l’ITIE : la vérification des flux financiers et des revenus en provenance de l’industrie extractive et ceux déclarés par l’Etat ; la réconciliation des informations ; la publication régulière de celles-ci de façon compréhensible et accessible à un large public ; tenue de l’atelier de validation du 1er rapport d’audit de l’exercice 2006 en 09 décembre 2009. Ces activités s’inscrivent dans le processus de mise en œuvre de l’ITIE qui porte entre autres sur : la période d’adhésion et de mise en place d’un cadre institutionnel, la période d’élaboration et de validation de rapports d’audit des flux financiers sur un ou plusieurs exercices budgétaires annuels, la période de validation de l’audit par un validateur externe de mise en œuvre du processus de l’ITIE ; la réalisation des sessions de formation, d’information et de sensibilisation des sociétés minières, des cadres de l’administration et des composantes de la société civile début mars 2010.
Dans le processus de mise en œuvre de l’ITIE, le Mali se trouve à l’étape de validation. La tenue de la réunion du Comité de Supervision sous la Présidence du Premier ministre, qui en est le Président, visait à renforcer le processus de mise en œuvre de l’ITIE au Mali et confirmer la pleine adhésion du Gouvernement du Mali au Processus de l’ITIE. Au regard de tout ce qui précède, et vu l’engagement du PM d’assainir les finances publiques, certains n’hésitent plus à donner leur tête à couper que le temps est désormais compté pour Mme Fatoumata Traoré à la tête de l’ITIE-Mali !