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Editorial : Un tour de la capitale en Sotrama
Publié le mardi 6 fevrier 2018  |  soloni
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Priii, priii, pri ! Le véhicule s’arrête à une distance plus ou moins longue. Approche aussitôt un policier correctement habillé, fait la traditionnelle salutation. Le chauffeur esquive. Les passagers, impatients jettent des regards de mépris sur la scène qui se déroule sous leurs yeux. Cela fait déjà 45 min que nous sommes à bord du SOTRAMA. Certains laissent échapper de temps à autre un soupir de dégout. Le chauffeur de la SOTRAMA (Société de Transport Malien) tend un billet que le policier attrape de façon très subtile. Impossible de connaitre le montant, en tout cas, pour l’identifier, il faut être extrêmement vigilant. Par contre moi, je peux sans me tromper vous le dévoiler: c’est la modique somme 500 francs CFA. Pièce ou billet ? Non, cela n’est pas un détail important mais que cela reste entre nous dèh ! Après, l’agent glisse discrètement le butin dans une des grandes poches de sa tenue qui semble être taillée pour la circonstance.

Cette scène, vous l’avez certainement vécu dans la circulation. C’est la pratique quotidienne de nos forces du désordre. (Les forces de l’ordre étant plus intègres et crachent sur le racket) Racketter les usagers est devenu chose courante voire même tolérée jusqu’au point où cela se passe de façon insolente et impunément. Bien que conscients du phénomène, les responsables ne semblent pas faire de cela un problème. Ainsi, les véhicules de transport en commun distribuent de l’argent en longueur de journée. « Mon frère, que tu veux où pas, tu es obligé de donner au moins 500 CFA au policier. Que tu sois en règle ou pas, ils ont toujours une formule pour te soutirer de l’argent» me lâche le chauffeur de SOTRAMA à côté duquel j’étais assis qui, semblait deviner ma pensée. Curieux, j’ai voulu en savoir plus ? Même si tu es en règle tu dis ? M’étonnai-je. Il répond (un peu agacé) « Mon cher, je te dis que ton histoire de règle là, c’est leur dernier souci. Tu ne sais pas peut-être qu’ils ont la liste de tous ces véhicules de transport en commun que tu vois dans la circulation. S’ils te ratent en allant, au retour, sois sûr qu’ils t’auront en moins que tu acceptes de gâcher ta journée. »



Un peu devant, je vois un autre policier occupé à poursuivre un véhicule personnel qui portait une de ces fameuses immatriculation « CH ». Au premier regard, on se croirait dans une série policière. Il parvint à rattraper le chauffeur après une course sans merci. Alors s’engage une vive discussion entre les deux hommes. Quelques minutes plus tard, le chauffard tend quelque chose à l’agent, qui la glissé soigneusement dans sa poche, fait un salut et disparait tout souriant. Finalement tout ça pour ça. Une heure venait de se couler entre mon point de départ et mon lieu d’arrivée. Nous voilà enfin au marché rose de Bamako, et c’est là que je devais descendre. Je fais signe au chauffeur qui sert le côté droit. Je descends, juste devant l’agence Ecobank, un autre usager cette fois-ci un jeune motoclyste, suppliait, presqu’à genoux, un policier. Là, je n’ai pas pris le temps d’en savoir plus. Je me confonds à la foule. Ma longue journée venait de commencer.

Amadingué Sagara

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