A l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré, hier, au Mémorial Modibo Keita, la Journée internationale «tolérance zéro aux mutilations génitales féminines/excision» (MGF/E) que consacre le 6 février.
La cérémonie était présidée par le ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, Mme Traoré Oumou Touré, en présence de la représentante du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), Josiane Yaguibou et de nombre d’invités de marque.
Cette journée crée un cadre de concertation et d’échanges sur la problématique de mutilations génitales féminines. Autrement dit, elle permet de lutter contre les pratiques néfastes.
Le thème de cette année est intitulé : « Consolider l’engagement politique mondial de haut niveau, galvaniser l’action nationale et planifier des stratégies spécifiques pour renforcer le vaste mouvement destiné à en finir avec les mutilations génitales féminines et à atteindre l’objectif 2030».
Il rappelle l’urgence d’accomplir de gros efforts de prévention mais aussi d’accomplir des actions pour circonscrire le phénomène. Au plan national, notre pays a fêté la Journée sur le thème : «Consolider l’engagement politique pour mettre fin aux violences basées sur le genre en vue de contribuer à l’atteinte des objectifs du développement durable 2030 à travers l’accélération de l’abandon des MGF/E». Ce thème s’inscrit dans la continuité de la mise en œuvre des engagements et actions des autorités, de la société civile et des organismes pour mettre fin aux violences liées au genre, notamment celles exercées sur les femmes et les petites filles. Il faut aussi souligner que depuis l’affaire Hawa Greou, une exciseuse condamnée en France pour avoir mutilé plus d’une quarantaine d’enfants, les mutilations génitales féminines en général, et l’excision en particulier, continuent d’alimenter les débats dans nos différents pays. Et depuis, la lutte contre les mutilations chez la gent féminine a pris une autre dimension et reste au cœur des préoccupations des partenaires techniques et financiers. Selon Josiane Yaguibou, près de 70 millions de femmes et jeunes filles ont subi et subiront des mutations génitales féminines dans le monde. Cependant, elle explique que cette statistique pourrait augmenter d’ici 2030 de 3,9 millions à 4,9 millions de plus par an. D’où la nécessité et l’urgence de poser des actions concrètes de prévention.
En matière de lutte contre cette pratique néfaste, elle a reconnu que notre pays a, non seulement, pris des engagements mais a aussi posé des actes concrets. En effet, le Mali a mis en place un programme de lutte contre l’excision, un plan d’action national, un comité national de suivi de la loi contre les violences basées sur le genre (VBG) et enregistré des déclarations publiques sur l’abandon de l’excision.
La représentante de l’UNFPA a rendu hommage à notre pays pour ces multiples actions qui visent à assurer le bien-être des filles et des femmes. Elle a également souligné que la consolidation de ces engagements permettra de réduire le taux de prévalence des mutilations génitales féminines.
Entre 2012 et 2013, ce taux était de 84% dans notre pays. Mais Mme Josiane Yaguibou rassure que l’espoir est permis et que la consolidation des engagements politiques exige de poursuivre des interventions sur le terrain pour accélérer l’abandon des mutilations génitales féminines. Ceci doit se faire à travers la mise en place de projets de grande envergure, l’établissement de consortiums et l’adoption du projet de loi contre les VBG.
Outre ces solutions préconisées, Josiane Yaguibou a requis un engagement politique plus fort et confirmé que son organisation accompagnera les autorités dans cette lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes parce qu’estimant simplement que celles-ci n’ont plus leur place au 21è siècle. Dans la croisade contre les MGF/E, notre pays a accompli des efforts. A ce propos, le ministre en charge de la Promotion de la Femme a déclaré que 6 286 intervenants ont été renforcés, 304 structures ont été dotées en matériels et équipements adéquats, 77 villages ont publiquement abandonné l’excision.
Mme Traoré a aussi souligné que 411 agents de santé ont eu des compétences pour la prise en charge des victimes de MGF, une stratégie nationale de communication sur les VBG a été élaborée et un avant projet de loi sur les VBG a été conçu et suit son processus d’adoption. Malgré ces résultats, le ministre témoigne que l’actualité nationale se caractérise par une certaine exacerbation des actes de violences exécrables et indescriptibles liées au genre.
Le système de gestion de l’information sur les VBG du sous cluster VBG atteste que de janvier à novembre 2017, le nombre de cas de VBG s’élèvait à 2 709, dont 8% de cas de viol, 36% d’agressions sexuelles, 18% d’agressions physiques, 9% de mariage forcé, 12% de dénis de ressources et 17% de violences psychologiques.
Par ailleurs, le ministre a également précisé que 96% des survivants déclarés sont des femmes et des filles dont 62% sont des enfants de moins de 18 ans. A cet effet, elle a interpelé les autorités politiques, les leaders et particulièrement les hommes des médias pour que soient mises fin à ces violences.
Oumou Touré reste convaincue que la mobilisation sociale et l’engagement politique contribueront à donner un nouveau souffle au processus dynamique en faveur de l’adoption d’une loi contre les VBG, y compris les MGF/E. A cet égard, Elle a incité à pousser la réflexion au-delà des traditions afin de transformer nos sociétés pour le bien-être de nos enfants.