Dans l’entretien qui suit, le maire de la Commune urbaine de Diré, néanmoins directeur général de l’Entreprise pour l’assainissement et les travaux publics (EATP-SARL) M. Kalil Ibrahim Touré évoque les souffrances endurées par les populations de 2012 à nos jours. Selon lui, seuls les nordistes ont la solution de leur problème.
Le Démocrate-Mali : Que pensez-vous de la situation actuelle du pays, surtout du Nord ?
Kalil Ibrahim Touré : Ce que je propose au niveau des régions du nord, c’est vraiment que les ressortissants, partout dans le monde principalement à Bamako, s’orientent vers des actions pour appuyer les populations à la base. Les appuyer dans le domaine de l’agriculture parce qu’il y a plein de périmètres, plein de paysans qui n’ont même pas des outils agricoles. Qu’ils les appuient dans le domaine de l’élevage, dans le domaine des infrastructures; au lieu d’attendre tout de l’Etat. J’ai vu dans la région de Kayes, là-bas, les Kayesiens ont construit un pont pour le développement de la région. Les nordistes peuvent faire autant. Je n’ai pas dit de faire toute suite un pont, mais nous devons prendre des initiatives pour le bien-être de tous. Je suis de ceux qui pensent que le Mali n’est pas du tout pauvre. Le Mali est simplement trop dépendant de l’aide extérieure. Il y a des produits que nous pouvons développer, il y a des actions que nous pouvons développer. Il y a certaines situations que nous pouvons régler sans pourtant même être obligés à chaque instant de nous tourner vers l’extérieur. Par exemple, sur le développement de l’agriculture, il suffit de la volonté pour faire avancer les choses. Vous savez, nos ressources minières devraient compléter ce que nous avons à la base. Je pense, que la solution à nos problèmes se trouve entre nos mains. Si chacun de nous fait un peu, le reste viendra de lui-même.
Est-ce une façon d’interpeller la jeunesse ?
Oui, pour moi, la jeunesse doit d’assumer. La jeunesse des régions du Nord a en son sein beaucoup d’intellectuels. Il faut que les jeunes essayent de développer ce savoir-faire dans les régions du nord. Parce que, nous avons l’essentiel, le fleuve Niger coule chez nous. Nous ne devons pas être liés ou dépendants de qui que ce soit. Même sans pluie, nous pouvons produire au nord. Que la jeunesse essaye de s’orienter vers là. Deuxièmement, que la jeunesse essaye de capitaliser toutes les expériences qu’ils ont reçues du sud ou de l’extérieur pour les développer localement chez eux et qu’ils essayent aussi de combattre la discrimination entre les ethnies, ça ne doit pas exister pas chez nous. Seule la jeunesse peut relever ce défi. Et, il faut que les gens comprennent aucun Tamasheq ne peut empêcher un sonhrai ou un peulh de vivre paisiblement au Nord et vis- versa. Il faut que les gens comprennent que c’est Dieu qui nous a tous créés dans cet espace et que nous devons ensemble vivre dans cet espace. La responsabilité, le pouvoir, la force tout repose sur la jeunesse, les aînés ont fini, ils ont fait ce qu’ils ont pu. A partir de 60 ans tu n’es qu’un accompagnateur, un conseiller. Il faut que la jeunesse se ressaisisse. Les jeunes font beaucoup de choses que j’apprécie, mais je crois qu’ils peuvent faire encore mieux.
le maire, nous sommes en train de traverser une crise et les élections aussi s’approchent. Que proposez-vous pour la sortie de cette crise ?
Bon pour moi, il très difficile de sortir de cette crise, mais je pense que si on parvient à tenir les élections cela pourrait résoudre beaucoup de problèmes. En plus de ça, il faut qu’on comprenne que ce soit X ou Y qui gouverne, c’est d’abord un malien. Acceptons de choisir un très bon candidat. Que nous croyons également au bon Dieu puisque seul lui décide.
le Maire, le Mali est dans l’impasse à cause de la situation sécuritaire, l’existence même du pays est menacée, le mois de janvier a été très ensanglanté où nous avons perdu beaucoup d’hommes. Quelle solution préconisez-vous par rapport à cette crise sécuritaire très inquiétante ?
Je suis croyant et musulman, alors qu’on se retourne vers le bon Dieu. Il faut reconnaitre aussi que les solutions sont locales, parce que le problème est devenu local. Chaque région doit réunir ses fils pour essayer de régler le problème au niveau local. Parce que vous remarquez il y a maintenant des assassinats ciblés, alors ça veut dire que c’est des gens qui se connaissent. Alors il faut que les gens se parlent, se concertent pour trouver des solutions à ce problème. La seule chose qu’il faut maintenant c’est le dialogue. Il faut que nous acceptons de dialoguer avec tout le monde, tous ceux qui sont au nord sont des nordistes, tous ceux qui sont au centre sont des centristes et tous ceux qui sont au sud sont des sudistes, alors il faut qu’on accepte de discuter entre nous. Seul le dialogue est la solution de ce problème.
Vous avez participé à plusieurs rencontres à l’intérieur comme à l’extérieur. Selon vous est ce que l’accord pour la paix et la réconciliation n’a-t-il pas périmé ?
Vous savez, c’est grâce à cet accord qu’il y a eu des élections, et c’est cet accord qui a permis de regrouper les différentes tendances. Et maintenant on ne parle que des jihadistes. Alors on ne peut pas dire que l’accord est un chiffon qu’il faut jeter. C’est vrai, son application pose problème. Et le problème est collectif. Vous voyez, nous perdons combien de personnes en longueur de journée. Si les gens ne sont pas désarmés, comment on va les cantonner. C’est ça le vrai problème. J’implore Dieu pour qu’il amène la paix dans notre pays. Parce que ce qui met le Mali en retard aujourd’hui, c’est cette crise. Ayons foi en Dieu, mettons notre culture à contribution. Je vous supplie également vous les journalistes de faire attention, de donner des bonnes informations.
Entretien réalisé par Mahamane Baba Kounta et A. Touré