Un vaste Mouvement de soutien et de solidarité en faveur des soldats maliens a tenu son meeting de lancement de ses activités, le samedi dernier, à la Bourse du travail du Mali. L’idée est du mouvement apolitique dénommé « Plateforme debout sur les remparts » créé suite aux attaques meurtrières de Boni, Soumpi, Ménaka… ayant fait des dizaines de victimes.
Indignés, choqués, attristés et meurtris du nombre élevé des morts dans le rang de l’armée, depuis 2012, des citoyens maliens ont décidé de la création d’un regroupement apolitique pour soutenir les forces armées du Mali. En plus de la société civile, le mouvement est constitué des membres de l’ensemble des courants politiques du pays (l’opposition, la majorité, les centristes…).
Lors de leur première activité, le samedi dernier, à la Bourse du travail, où étaient réunis des responsables politiques et des acteurs de la société civile, des activistes brandissaient des messages de soutien, de solidarité et de compassion aux victimes de la guerre dans le nord du Mali.
Sur les pancartes, on pouvait lire : « Paix à l’âme de nos soldats tombés sur-le-champ d’honneur », « Nous sommes tous derrière notre armée », « Zéro mort dans nos rangs », « Vive les Fama, vive la paix pour que vive le Mali ». Aussi, ont-ils condamné dans leurs messages, la politique de gestion de la crise de notre pays et la gouvernance autour de l’armée malienne. Ainsi, ils scandaient : « Face à l’incapacité du gouvernement, le peuple souverain lui apporte son soutien », « Jamais le peuple n’acceptera la substitution et l’isolement des Fama d’autres forces », « Non à la partialité de la communauté internationale ».
Ce jour à la Bourse du travail, après le chant de l’hymne national et le recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre dans le nord du pays, des responsables de cette nouvelle Plateforme se sont prononcés sur les objectifs de l’association qui se voulant être équidistante des différents bords politiques.
Abdoul NIANG, activiste sur les réseaux sociaux, a déclaré que le soutien aux Fama ne doit pas être une question de bord politique. Pour lui, il est du devoir de tous les Maliens de se mobiliser pour soutenir ceux-là qui ont fait le serment de mourir pour notre sécurité. Selon l’activiste, plus que jamais, nos soldats ont besoin du soutien de leur peuple.
« Pour l’intérêt de la nation, au nom de la souveraineté nationale, au moment où des fils du pays meurent, les politiques doivent taire leur divergence. Le moment de conflit armé n’est pas propice à des jeux politiques de positionnement », a déclaré M. Abdoul NIANG.
Après lui, Founè COULIBALY, habillée en treillis militaire, en signe de solidarité et de soutien aux Fama, s’est attristée sur le nombre de morts très élevés de nos soldats. Elle a estimé qu’il y a trop de victimes, trop de familles endeuillées de cette guerre dans notre pays. Cette situation n’est pas tenable pour notre pays, a-t-elle prévenu.
À son tour, El hadji TANDINA a confirmé que c’est un devoir patriotique et citoyen de venir témoigner sa reconnaissance et soutien à l’armée nationale. Mais il a estimé que la déliquescence de la grande muette est due à la mauvaise gouvernance au sein de ce corps par les autorités.
« Oui, la Plateforme n’est pas contre un régime. C’est un regroupement apolitique, mais on ne peut pas parler de la situation de l’armée sans faire allusion à sa gestion par le régime actuel », a indiqué M. TANDINA.
Quant à l’artiste, Ismaël DOUCOURE dit Master Soumi, ce qui se passe dans le nord de notre pays est intolérable. Il soupçonne un très fort complot contre le Mali.
« À l’extérieur comme à l’intérieur du pays, il y a une trahison en cours contre le Mali », a déclaré Master Soumi.
Dans la déclaration lue par son porte-parole, Ibrahima KEBE, la Plateforme debout sur les remparts a invité le gouvernement du Mali à mettre tout en œuvre afin de rehausser l’image de notre armée handicapée dans sa mission par l’insuffisance de formation, le manque d’équipement et qui a besoin d’un réarmement moral des troupes. Elle rappelle également aux groupes armés signataires de l’Accord pour la paix, leurs responsabilités dans la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord et le centre du pays.
De même, la Plateforme rappelle à la communauté internationale ses engagements pour la restauration de la paix et de la stabilité au Mali avant d’inviter les Maliens de tous bords à se mobiliser, pour faire échec aux plans machiavéliques des ennemies de l’intérieur et de l’extérieur.
Après ce meeting de lancement, d’autres actions de soutien comme des dons de sang, des marches de solidarité, la construction d’un monument pour immortaliser les victimes de la crise de notre pays sont également en vue.
Le meeting devrait se tenir à l’esplanade de la Bourse du travail, mais les organisateurs en ont été empêchés par les autorités. Il a été finalement tenu dans la cour de la Bourse du travail.
Furieux de cette décision, les organisateurs de la manifestation ont mis en garde les autorités de tenter d’empêcher leurs activités.
« On se mobilise pour soutenir notre armée. On ne fait rien contre la souveraineté de notre pays. Au lieu de soutenir l’idée, les autorités tentent de nous en empêcher. Pour la prochaine, ils vont devoir marcher sur nos cadavres sinon nous n’allons pas reculer », a prévenu Djimé KANTE.