Le Mémorial Modibo KEITA a abrité, hier mardi, la cérémonie commémorative de la journée internationale de lutte contre les Mutilations génitales féminines et l’excision. C’était sous la présidence de Mme TOURE Oumou TRAORE, ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, en présence de Mme Josiane YAKIBU, la représentante du chef des partenaires techniques et financiers.
« Consolider l’engagement politique mondial de haut niveau, galvaniser l’action nationale et planifier des stratégies spécifiques pour renforcer le vaste mouvement destiné à en finir avec les mutilations génitales féminines et à atteindre l’objectif 2030 », tel est le thème mondial de cette journée, qui a été l’occasion d’un véritable cri de cœur des décideurs à l’endroit des populations encore réticentes à l’abandon de la pratique. Le gouvernement du Mali a voulu l’adapter à son contexte en optant pour le thème : « Consolider l’engagement politique mondial de haut niveau, galvaniser l’action nationale et planifier des stratégies spécifiques pour renforcer le vaste mouvement destiné à en finir avec les mutilations génitales féminines et à atteindre l’objectif 2030 ».
La reconnaissance des PTF
Un sketch sensibilisant sur les violences basées sur le genre, en général, et sur l’excision, en particulier, a marqué le début de la cérémonie de cette journée. Il s’agissait d’attirer l’attention des plus hautes autorités du pays, du public et des PTF sur la gravité l’état actuel des violences basées sur le genre, dans notre pays.
Mme YAGUIBOU, dans son allocution, a reconnu l’engagement de l’État malien dans la lutte contre l’excision. Ces faits sont visibles, dit-elle, à travers la création d’un programme national de lutte contre l’excision (PNLE), la dotation du PNLE d’un budget annuel sur ressources propres de l’État, ce qui est rare dans la région africaine.
« Je le signale ici ; l’existence d’un plan d’action national, depuis plusieurs années et régulièrement mis à jour dans un esprit partenarial et participatif incluent les PTF ; les Organisations de la Société Civile et les services techniques de l’État ; la réforme institutionnelle en cours visant à remplacer le PNLE par une structure plus fédératrice englobant toutes les violences basées sur le genre y compris les MGF », s’est-elle réjouie. Outre cet exploit, la chef de file des PTF a rappelé la création en mai 2017 d’un comité national de suivi de l’adoption de la loi contre les VBG y compris l’excision, sans oublier les déclarations publiques d’abandon par des centaines de communautés villageoises après d’intenses activités de plaidoyer et de sensibilisation.
Elle par ailleurs conseillé que la consolidation des engagements politiques impliquait trois choses qui constitue, à ses yeux, le socle de cette lutte, pour un résultat plus reluisant.
Recommandations pour le Mali
« Il faut amener les acteurs politiques qui sont encore hésitants à prendre leurs responsabilités pour accompagner l’abandon complet des mutilations génitales féminines ; mettre en œuvre des actions concrètes sur le terrain pour accélérer l’abandon des MGF. Ceci passe nécessairement par la mise en place de projets d’envergures appuyées par les PTF et l’établissement de consortiums au sein des acteurs du terrain pour couvrir des localités de plus grande envergure pour les actions de transformation des normes sociales. Et enfin, il faut accélérer l’adoption du projet de loi sur les VBG déposé auprès du Gouvernement. Bref, comme indiqué par le thème de cette année, l’élimination complète des mutilations génitales féminines au Mali ne se fera qu’à travers un engagement politique plus fort, mais surtout par l’effort conjugué de toutes les parties prenantes », a-t-elle martelé.
Efforts encourageants du gouvernement
Quant à la ministre TOURE, elle a rappelé que la journée du 6 février concerne 91 % de femmes en âge de procréer et 69 % des filles de 0 à 14 ans, qui souffrent silencieusement des séquelles des MGF/Excision. Cette pratique annihile du coup leurs capacités de production et de reproduction. Le 6 février est également pour Mme la ministre, une date commémorative d’éveil des consciences, de réaffirmation de nos engagements, de nos responsabilités afin de susciter un nouvel espoir pour ces millions de filles maliennes qui risqueraient d’en être victimes si des mesures législatives et réglementaires ne sont pas renforcées à temps pour freiner le fléau. C’est pourquoi elle a révélé que les efforts entrepris en 2017 ont permis d’obtenir d’importants résultats, en faveur de l’abandon de la pratique des MGF/Excision.
« Ces efforts peuvent se résumer entre autres au renforcement de 6 286 intervenants ; la dotation de 304 structures en matériels et équipements adéquats ; la formulation de 2 709 déclarations publiques en faveur de l’abandon de l’excision par les leaders religieux, traditionnels et les élus locaux ; la déclaration publique d’abandon de la pratique de l’excision par 77 villages ; l’intégration de 44 Programmes de développement économique, social et culturel dans la lutte contre la pratique de l’excision », a-t-elle cité.
3 559 filles et femmes prises en charge
Pour la réinsertion socioéconomique des anciennes exciseuses, Mme la ministre TOURE a affirmé que 3 559 filles et femmes ont été prises en charge et ont bénéficié de la réinsertion socioéconomique, à travers les activités génératrices de revenus. Il faut aussi noter que 90 kits de prise en charge de complications liées aux MGF/E ont été remis aux structures de santé. Pour la prise en charge des victimes, le gouvernement, a poursuivi la ministre, a renforcé la capacité de 411 agents de santé.
Cependant, l’arbre ne devant pas cacher la forêt, si un effort considérable a été fait au niveau de la lutte contre l’excision, Mme TOUE a déploré quelques chiffres inquiétants sur les violences basées sur le genre en particulier.
« Malgré ces résultats appréciables obtenus en 2017, force est de constater que l’actualité nationale se caractérise par une certaine exacerbation des actes de violence exécrables et indescriptibles liée au genre dans les familles, dans les lieux de travail et de loisirs, dans les espaces scolaires et estudiantins. Ainsi, le système de gestion de l’information sur les VBG du Sous cluster VBG montre que de janvier à novembre 2017, le nombre de cas de VBG déclarés s’élève à Deux mille Sept Cent Neuf (2709) qui se présentent comme suit : viol (8 %), agressions sexuelles (36 %), agressions physiques 18 %, mariage forcé (9 %), dénis de ressources (12 %) et violences psychologiques (17 %). Il faut noter que 96 % des survivantes déclarées sont des femmes et des filles, dont 62 % sont des enfants de moins de 18 ans.
L’éclat de cette cérémonie a été rehaussé par la voix mélodieuse de l’artiste Djénéba SECK, qui invitait les populations à abandonner la pratique de l’excision.