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Le Républicain N° 4609 du 2/5/2013

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Liberté de la presse au Mali : Trois questions à Me Cheick Oumar Konaré sur l’affaire Boukary Daou : « La sécurité d’Etat est une zone de non-droit »
Publié le vendredi 3 mai 2013  |  Le Républicain


© aBamako.com par SA
Liberté de la presse : Boukary Daou mis en liberté provisoire
Mardi 02 Avril 2013. tribunal de la commune IV du district de Bamako. le Directeur de Publication du quotidien Le Républicain, Boukary Daou, a été mis en liberté provisoire


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Le Républicain : Quelles sont les irrégularités constatées dans l’affaire Boukary Daou dont l’annulation des poursuites a été prononcée par le tribunal?

Il y a eu plusieurs irrégularités. D’abord il y a irrégularité procédurale quand un délit de presse n’est pas poursuivi selon la procédure prévue par la loi sur la presse. Boukary Daou a d’abord été cueilli à sa rédaction par la sécurité d’Etat. On ne voit pas ce que la sécurité d’Etat vient chercher dans un délit de presse. La Sécurité d’Etat, après l’avoir arrêté, a procédé à des auditions, et d’après Boukary Daou lui-même, il a subi des traitements inhumains et dégradants dans les locaux de la S.E. Il a été déshabillé et jeté dans une chambre rempli de moustiques. Suite à cette détention que nous considérons comme arbitraire, nous avons été (Me Lamissa Coulibaly et moi) au niveau de la sécurité d’Etat. On nous a catégoriquement refusé l’accès des locaux, alors que la Constitution prévoit que l’avocat puisse accéder à son client à tout moment et en tout état de la procédure. Donc il y a eu violation des droits de la défense à ce niveau là. Au niveau de la BIJ qui est une instance judiciaire, la SE étant une zone de non droit, nous avons poussé un ouf de soulagement.

Mais il a été incarcéré après, était-ce nécessaire ?

Les PV ont été communiqués au parquet en même temps que la personne de Boukary Daou. Le procureur a cru bon de le placer sous mandat de dépôt alors qu’il n’était pas nécessaire de l’incarcérer, c’est un journaliste connu, qui a une rédaction connue, un domicile connu, qui est marié, qui a des enfants et une garantie de représentation. Sa détention n’était pas nécessaire à la manifestation de la vérité, les faits pour lesquels il était poursuivi étaient déjà entièrement publics, donc il n’y avait pas à cacher quoi que se soit ou détruire quelle que preuve que se soit. Son placement sous mandat nous a paru quelque peu étrange. Enfin, la poursuite elle-même reposait sur une irrégularité de taille : l’absence de citation que l’article 61 de la loi sur la presse sanctionne par la nullité de la procédure entière.

Boukary Daou peut-il exercer une action récursoire ? Si oui, contre qui ?

L’une des particularités de ce dossier, c’est qu’il n’y a pas de partie civile. Or le ministère public ne peut être poursuivi en raison des actes de poursuite posés. Cependant, si Boukary Daou veut obtenir des dommages et intérêts, il peut engager la responsabilité de l’Etat malien pour avoir violé les lois qui garantissent l’intégrité de la personne humaine et le droit à un procès équitable. Bien entendu, s’il faut pousser le bouchon très loin, ceux qui l’ont torturé ou arbitrairement détenu peuvent être personnellement poursuivis en raison de ces faits graves non susceptibles d’être couverts par leurs fonctions.

Propos recueillis par Moussa Samba Diallo

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