Dès l’annonce de la suspension du maire de la Commune VI par le conseil des ministres, qui a fait l’effet d’une bombe au sein de l’opinion nationale, la rumeur ne fait qu’enfler sur les raisons de cette mesure. Règlement de compte politique ? Sanctions disciplinaires ? Chacun y va avec ses petits commentaires pour exacerber la polémique. Enquête sur une décision gouvernementale qui fait du bruit au sein du microcosme politique…
Alou Coulibaly, maire et responsable politique de l’Urd, principal parti d’opposition, crie à la victime, depuis que la tombée de la sanctionlors de la session du conseil des ministres du Mercredi 24 Janvier 2018. Comme lui, son parti d’origine, l’Urd, familière à l’invective politiqueà l’encontre du gouvernement, n’espérait pas mieux pour enfoncer le clou de la polémique, en brandissant à l’endroit de son édile l’arme fatale d’un règlement de compte politique.
Les réseaux sociaux-on le sait- en pareille circonstance, ne sont pas en reste pour véhiculer des rumeurs les plus contradictoires pour expliquer que le maire Alou Coulibaly de l’Urd est pourchassé par le régime qui met des poux dans la tête. Pour la simple raison justement qu’il est un ténor de l’opposition qui aurait récemment voulu faire du mal au gouvernement, en acceptant de délivrer, dans le ressort de sa juridiction, une autorisation pour le lancement du mouvement politique du général démissionnaire de l’armée malienne, Moussa Sinko Coulibaly.
Faux et archifaux !Rétorquent les responsables du ministère des Collectivités territoriales, qui assurent que la tutelle du maire est suspendue. Sans aucune tergiversation, on rejette purement et simplement toute accusation fondée sur des motivations politiques à l’encontre du maire de la Commune VI. Ici, on juge la sanction à l’encontre de l’édile suffisamment fondée sur le droit et rien que sur le droit pour qu’elle ne puisse faire l’objet d’aucune manœuvre politique du côté de l’intéressé.
En fait, la sanction à l’encontre du maire de la Commune VI, du moins son processus de mise en œuvre, remonte au mois d’Août 2017, bien avant la démission du général Coulibaly et le lancement de son mouvement politique. Il est donc clair, pour l’autorité de tutelle, que toute allusion à cet événement n’est que vaine manœuvre politicienne.
Et pour cause ? Au ministère des Collectivités, on est catégorique : «la faute du maire est caractérisée qu’elle a débuté par l’introduction d’une demande d’ordre de mission, datée du 23 août 2017, manifestement fausse. Une fausse identité, utilisée par le maire, au nom d’une tierce personne. Une attitude désinvolte de la part d’une autorité municipale, complètement contraire aux dispositions des articles 15 et 16 de la loi N°06-043 du 18 Août 2006 portant statut des élus des collectivités territoriales».
Suite à cette information décelée lors d’un contrôle de routine, le gouverneur du District de Bamako a adressé une demande d’explication au maire de la Commune VI de Bamako.
Par la suite, un groupe de conseillers communaux -neuf au total- a adressé au gouverneur du District de Bamako une lettre datée du 20 Septembre 2017, «relativeà la dénonciation et à la protestation contre certains actes» de l’édile, soupçonné alors d’avoir enfreint à la bonne gouvernance locale. Ainsi que l’on s’en aperçoit, ce sont des accusations pour faux et usage de faux, usurpation de fonction, qui ont visé le maire suspendu.
Dans leur requête adressée au gouverneur, les conseillers plaignants ont notamment déploré la falsification de pièces administratives aux fins personnelles (en prélude au voyage des maires et conseillers du District sur la France), dilapidation de fonds, l’engagement de salariés à la mairie sans l’avis du conseil communal.
A la suite également de cette lettre, le gouverneur du district de Bamako a adressé une demande d’explication au maire de la CVI en dispensant des contribuables du payement des taxes contrairement à la loi.
La suite, on l’a connaît : à partir de ces faits reprochés au maire, le gouverneur du District de Bamako a saisi l’autorité de tutelle. Après avoir écouté l’intéressé lui-même sur la base des faits a lui reprochés, il a été notifié au ministre d’infliger au maire indélicat une suspension, en dépit de la procédure judiciaire en cours.
Le maire est aujourd’hui suspendu de ses fonctions pour s’être rendu coupable de tripatouillage sur la qualité d’une conseillère, le recrutement illégal de quatre agents contractuels et la dilapidation des fonds publics.
La décision de suspension du maire est intervenue pour une simple question de procédure.
Au ministère des Collectivités, on explique cela par l’instruction du dossier qui doit nécessairement suivre son cours normal pour, dit-on, éviter toute équivoque d’autant qu’il s’agit d’un dossier purement technique.
L’appréciation que le ministère des Collectivités fait de ce dossier, c’est qu’il se trouve dans son droit et dans son rôle, en tant que autorité de tutelle, soucieuse de faire respecter les normes de la bonne gouvernance publique.