Un sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), s’est ouvert mardi à Niamey pour boucler le financement de la force militaire conjointe et assurer sa montée en puissance, a constaté un journaliste de l’AFP. Les présidents burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, tchadien Idriss Déby, mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, malien Ibrahim Boubakar Keïta et nigérien Mahamadou Issoufou étaient présents à l’ouverture du sommet, ainsi que la ministre française de la Défense Florence Parly.
Lancée début 2017, la force conjointe, dont la mission est de combattre les groupes jihadistes qui sévissent dans la région sahélienne, «sera opérationnelle à la fin du mois de mars», a affirmé dimanche devant la presse le ministre malien des Affaires étrangères Tiéman Hubert Coulibaly.
A l’ouverture du sommet, le président Issoufou a souligné «l’urgence que cette force soit opérationnelle» pour la «sécurité» des pays sahéliens. Florence Parly a estimé que c’était «désormais en bonne voie».
Lors du sommet, les chefs d’Etat vont plancher sur la recherche «des financements complémentaires» pour assurer «la montée en puissance» de la force conjointe, qui doit être composée de 5.000 soldats des cinq pays impliqués d’ici la mi-2018, selon une source proche du sommet.
Les groupes jihadistes, dispersés lors de l’intervention française au Mali en 2013, ont retrouvé depuis un nouveau souffle dans le nord et le centre de ce pays malgré la présence de 12.000 Casques bleus de l’ONU et de la force française Barkhane qui compte 4.000 hommes dans la région.
Multipliant les attaques contre ces forces et l’armée malienne, ils ont étendu en 2017 leurs actions au centre et au sud du Mali, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso, qui sont aussi régulièrement touchés.
La force du G5 Sahel a déjà un quartier général, à Sévaré au Mali, et a déjà mené en coordination avec Barkhane deux opérations dans la zone des «trois frontières» entre Mali, Niger et Burkina Faso.
Les pays du G5 Sahel, parmi les plus pauvres du monde, peinent cependant à réunir les 250 millions d’euros nécessaires à la force conjointe.
Pour l’heure, l’Union européenne a promis 50 millions d’euros, la France 8 millions (surtout en matériel), chacun des cinq pays fondateurs 10 millions, et l’Arabie saoudite une contribution de 100 millions de dollars. Les Etats-Unis ont quant à eux promis aux cinq pays membres du G5 Sahel une aide bilatérale globale de 60 millions de dollars. Une nouvelle conférence de financement de la force conjointe est prévue le 23 février à Bruxelles.
Comme l’a rappelé Florence Parly, «les opérations de la force conjointe doivent être coordonnées avec des actions au bénéfice des populations», pour voir un «vrai recul des terroristes».
Sur ce registre, le G5 Sahel a signé lundi un protocole d’entente avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour que les deux agences onusiennes appuient «la résilience alimentaire» des populations des cinq Etats sur la période 2018-2020.
Les présidents du G5 vont par ailleurs étudier lors du sommet le processus de suppression des visas et des frais d’itinérance entre les cinq pays, ainsi qu’un projet pour la création d’une compagnie aérienne «Air Sahel» et un autre pour la construction d’un chemin de fer «transsahélien» de près de 6000 km.
A l’issue du sommet de Niamey, Ibrahim Boubakar Keïta cèdera la présidence du G5 Sahel à son homologue nigérien.