La situation politique dans laquelle se trouve le Mali aujourd’hui est différente de celles de 1997, 2007 et 2012. Une situation politique inédite ! Inédite du fait des répercussions de la crise sécuritaire avec la présence de la communauté internationale dans notre pays. Le climat sécuritaire était dégradé en 2012 avec des violences circonscrites à la région de Kidal et une partie de la région de Gao jusqu’au coup d’Etat des mutins de Kati sous la conduite du capitaine Amadou Haya Sanogo.
La situation aujourd’hui est inédite du fait de la confusion perceptible au niveau de la majorité présidentielle, de l’opposition mais aussi chez d’autres leaders politiques. Elle l’est aussi à cause de l’invasion du champ politique par les forces religieuses dont certains dignitaires veulent être des acteurs incontournables du jeu démocratique au mépris de leur devoir de neutralité.
Le climat politique actuel n’est cependant pas aussi tendu qu’en 1997 où le collectif des partis politiques de l’opposition (Coppo) avait boycotté les élections. Si le gouvernement reste sourd aux doléances de l’opposition relatives à une meilleure transparence dans la gestion du processus électoral notamment la question du fichier électoral, il n’est tout de même pas question d’un boycott du scrutin qui se profile à l’horizon.
En 2007, la scène politique était moins agitée avec la décision des grandes formations politiques à l’exception du RPM, du PARENA, de la CDS-Mogotiguiya de soutenir la candidature du général Amadou Toumani Touré candidat à sa propre succession.
Le désordre politique autour du chef de l’Etat n’incite guère à l’optimisme. Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta, même s’il désire “rebeloter” pourra difficilement se faire une nouvelle virginité après les attaques et campagnes qui visent à noircir son bilan.
Le Président IBK paie maintenant ses erreurs politiques vis-à-vis de son propre parti mais aussi de ses alliés. Le fait de négliger les forces politiques au profit des religieux, le rend vulnérable et rend encore plus difficile et compliquée l’équation de son second mandat. Le Rassemblement pour le Mali (RPM) qui devrait être la locomotive pour tirer vers le haut et fédérer les forces alliées, est incapable de s’imposer à cause de ses luttes intestines. Au fur et à mesure que les échéances électorales de juillet approchent, la Convention de la Majorité Présidentielle se vide de ses membres dont certains se lassent du manque de perspectives.
Les mouvements à la base des militants et responsables du RPM, en invitant le Chef de l’Etat à briguer un second mandat découleraient de l’interprétation de certains propos tenus par le Président fondateur lors de sa rencontre du 19 décembre 2017 avec les cadres du parti. Certaines indiscrétions sorties de cette audience laissent penser que les propos présidentiels ont fait paniquer ses partisans inquiets d’un retrait de la course du Chef de l’Etat.
La prise de position plus ou moins critique sur l’état de la nation de ses soutiens religieux, les défections et les hésitations dans les rangs de sa propre majorité, mettent le Président dans une position inconfortable. Sans oublier d’éventuelles pressions de la scène internationale.
Le Président IBK va-t-il mettre de l’ordre dans son camp pour se positionner ? Va-t-il se retirer de la course ? Une transition est-elle envisageable si les élections ne se tiennent pas à la date prévue ? Difficile d’y répondre mais les trois mois à venir seront déterminants.