Après neuf ans d’attente, les guinéens ont enfin pu voter le dimanche 04 février pour pouvoir se choisir des représentants locaux dans les communes. Mais hélas, le problème est que la Guinée risque de connaître une période post-scrutin très agitée. Pour cause, la bonne tenue de ce scrutin communal, tant attendu, ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique. L’opposition aussi bien que le pouvoir, dénoncent des cas de fraudes massives dans le déroulement du scrutin comme dans le dépouillement des bulletins de vote. Pour étayer cela, on évoque l’usage excessif des procurations et l’annulation des votes par la CENI au profit du pouvoir.
Les élections communales qui n’ont lieu que maintenant, auraient dû se dérouler depuis 2011, selon les dispositions de loi guinéenne. Pendant cet intervalle de temps, les communes et les quartiers ont été gérés par des hommes désignés par le pouvoir. Une pratique que l’opposition n’a de cesse dénoncée, et soutient mordicus que ces auxiliaires de l’administration ont bien roulé pour leur mentor avant, pendant et après le scrutin.
Lors des présidentielles de 2010 et 2015 et des législatives de 2013, le pays avait connu de nombreux cas de troubles post-électoraux qui avaient occasionné de nombreux morts. La classe politique guinéenne n’en a pas tiré aucune leçon, d’autant qu’après les communales du dimanche dernier, l’on continue de dénombrer des morts inutiles. Encore que ce n’est pas fini. Dès lors que les responsables de l’opposition, en l’occurrence Cellou Dalein Diallo, n’ont pas fait l’économie des menaces, avertissant qu’ils useraient « de tous les recours, y compris la rue, si jamais le pouvoir ou la CENI détournait ou annulait, arbitrairement des suffrages » leur appartenant.
Les enjeux de développement et de démocratie liés à la gestion décentralisée sont considérables lorsque les populations entretiennent des relations de confiance avec leurs représentants. Ce qui leur permet naturellement de voter en toute conscience, pour les choisir. Or si l’on se réfère aux appréhensions de l’opposition guinéenne, le pouvoir n’aurait pas, à travers l’implication des maires et chefs de quartier nommés par ses soins, favorisé un vote libre et transparent lors de cette communale du 04 février. Ce qui aurait pour conséquence de faire basculer le pays d’Ahmed Sékou Touré dans une grande incertitude.
Toutefois, faudrait-il que le pouvoir aussi bien que les structures en charge de l’organisation du scrutin sachent raison garder, pour éviter que la Guinée ne s’embrase. Ce qui leur demande tout simplement de la souplesse dans la proclamation des résultats. C’est certainement à cette seule condition que l’opposition n’irait pas au bout de sa logique. Dans ce cas, chacun doit bien jouer sa partition car, le devenir de la Guinée dépend inclusivement de tous ses fils.