Deux généraux de l'armée tchadienne et deux députés de l’opposition “légale” ont été mis aux arrêts après une tentative de déstabilisation du pays déjouée mercredi par les forces de défense et de sécurité, a déclaré le président tchadien dont cette tentative de déstabilisation contre son régime n’est pas la première. L’affaire a été révélée alors que Déby Itno était en tournée dans l’est de son pays à la frontière avec la Libye.
Le 27 avril dernier, il avait alerté que des mercenaires, à savoir des opposants tchadiens hostiles à son pouvoir, s'organisaient à Benghazi en Libye, pour attaquer le Tchad. Là aussi, la menace provenait de Libye est récurrente.
Il est à rappeler qu’à plusieurs reprises, la Libye de Kadhafi a tenté de mettre la main sur N’Djamena et que si Déby s’en sortait, ce fut grâce à la France, son pays étant un précieux pion dans le puzzle Françafrique avec une base pour le corps français expéditionnaire en Afrique. D’ailleurs, ce n’est pas sans raison si le président tchadien a envoyé ses forces spéciales au Mali pour servir de chair à canon dans l’opération Serval de son homologue français. 36 Tchadiens ont laissé leur peau et une centaine de blessés durant la reconquête du Nord-Mali contre la mort de 6 soldats français. La théorie du complot n’a pas servi que pour obtenir l’aide de l’ancienne puissance coloniale. Déby en a abusé pour de débarrasser de tous ses empêcheurs de tourner en rond, une pratique usitée par ses homologues du continent.
Parmi les députes incarcérés, l’un est du parti présidentiel, le Mouvement patriotique du salut, contrairement au second, de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution, principale coalition de l'opposition tolérée. Quant aux généraux, ce ne sont pas des moindres : le général Weiding a été plusieurs fois ministre de la Défense, puis chef d'état-major général des armées et gouverneur de Guera dans le centre du pays, une région frondeuse. Arrivé au pouvoir par la force en 1990, Déby Itno escompte un renvoi d’ascenseur de la part de son homologue français pour service rendu à Gao et dans l’Adrar des Ifoghas. Mais, ce dernier est apparemment dans la gêne car le “maître” de N’Djamena traîne beaucoup de casseroles. Depuis la nomination d'un nouveau gouvernement en janvier, deux remaniements ont eu lieu ! L’Elysée a néanmoins “pris note avec préoccupation des dernières informations” et a appelé les autorités tchadiennes et l'opposition à “poursuivre un dialogue politique serein et constructif”. Le porte-parole des AE tchadiennes à vivement rappelé que “le Tchad est un partenaire important de la France en Afrique, qui participe activement à la lutte contre le terrorisme au Mali et joue un rôle stabilisateur dans la région, en s'impliquant dans la lutte contre l'insécurité au Sahel et dans le règlement des crises, notamment en République centrafricaine”.
La menace est cependant proférée par les rebelles de l'Union des forces de la résistance, qui avaient déposé les armes en 2009 mais qui ont annoncé depuis le Qatar vouloir reprendre les hostilités contre le pouvoir.
Le richissime petit émirat du Golfe qui est devenu La Mecque des “printemps arabes” dans leur version islamiste et dont les services spéciaux de divers pays ont dévoilé des accointances avec les groupes djihadistes en activité, notamment dans le Sahel saharien, a offert l’hospitalité à l’Union des forces de la résistance tchadienne qui s’est rappelée au bon souvenir de Déby Itno juste après l'engagement au Mali de 2000 soldats tchadiens. Ces propos jugés peu crédibles par de nombreux observateurs, doivent inquiéter d’autant que le terreau djihadiste est prêt à l’emploi au Tchad.