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Sécurité : C’est aux Africains de financer la Force G5 Sahel
Publié le lundi 12 fevrier 2018  |  Autre presse
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Il est inadmissible que le financement de la force du G5 puisse venir de l’extérieur du continent africain. A l’heure où l’on parle d’indépendance, peut-on et/ou doit-on encore tendre la main pour notre propre sécurité ?

L’explication selon laquelle « ce sont les Européens qui ont foutu la merde au Sahel, c’est à eux de trouver les solutions contre l’insécurité » ne tient pas. Celui qui veut le développement doit d’abord assurer sa propre sécurité. Il revient aux Africains de prendre leur destin en main s’ils ne veulent plus être des pauvres « mendiants » sur leurs propres terres.



Le président Ghanéen Nana AKUFO –ADDO vient de le dire à la conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation le 02 février passé : « Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour financer l’éducation de nos pays ». C’est valable pour la sécurité. Notre propre sécurité ne peut pas dépendre de ceux qu’on vilipende tous les jours les accusant de tirer les économies africaines vers le bas pour mieux entretenir la dépendance. Peut-on confier sa vie à son pire ennemi ?

Voilà ce que font les Africains incapables de mobiliser les ressources financières sur le continent nécessaires pour rendre opérationnelle la force du G5 Sahel censée lutter efficacement contre le terrorisme et le banditisme transfrontalier.

S’il est avéré que la France de Nicolas Sarkozy et ses alliés européens ont détruit la Lybie, et que c’est cela la conséquence de la détérioration du climat sécuritaire dans tout le Sahel, alors la solution ne viendra sûrement pas de ces Européens dont l’objectif est bien ailleurs que la stabilité d’une zone dont ont dit que le sous-sol est très riche.

La destruction du régime de Kadhafi répondait, certainement, à un positionnement géostratégique dont on ignore encore les tenants et les aboutissants. Mais une chose est certaine, ce n’est pas à l’avantage des pays du Sahel qui subissent les conséquences directes de cette déstabilisation.

L’idée d’une force commune est, certes, géniale. Face à une guerre asymétrique, la meilleure stratégie, c’est d’unir les forces. C’est ce qu’ont voulu les présidents Malien, Mauritanien, Tchadien, Nigérien, Burkinabè. Mais, ils n’ont pas réfléchi à la meilleure façon de financer leur initiative.

La recherche de financement pour le fonctionnement de la Force du G5 Sahel, devrait et doit s’appuyer sur des contributions purement africaines afin de donner à la future force toute l’autonomie qu’elle a besoin pour être efficace. Des opérateurs économiques, par exemple, avec qui on négocierait un système de remboursement fiscal ou autre.

La promptitude avec laquelle la France s’est proposée pour être le porte-parole des responsables des pays du G5 Sahel auprès des bailleurs de fonds et du Conseil de sécurité de l’ONU, devrait inciter à plus de méfiance. Quand on ne veut pas que quelque chose réussisse, on se propose de la conduire. La France n’est certes pas le pire ennemi du continent noir. Mais, elle n’est pas non plus sa meilleure amie. Il faut saluer ceux qui disent que les Etats n’ont pas d’amis mais des intérêts à défendre. Et la France tout comme d’autres pays européens, défendent bien leurs intérêts. Les Africains doivent-ils compter sur les autres pour défendre leurs propres intérêts ?

Si les responsables africains ne sont pas à mesure de mobiliser des fonds sur leur propre continent, pour la bonne cause, alors il faut se résoudre à dire que le bout de tunnel pour l’Afrique n’est pas pour demain.

Tièmoko Traoré
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