Le Réalisateur Souleymane Cissé mondialement connu dans l’univers cinématographique africain pour avoir été deux fois « étalon d’or » au festival FESPACO ainsi que le tout premier de l’Afrique noire à être primé au festival de cannes pour son film YEELEN « Lumière » en 1987 en décrochant par la même occasion le prix spéciale du jury.
On se rappelle encore, comme si c’était hier, à la 68ème édition du festival de cannes qui a ouvert ses portes le 13 mai 2015, alors seul représentant d’Afrique, il a présenté en sélection officielle mais hors compétition une œuvre intitulé « OKA » ou « notre maison » avec succès. Cependant jusqu’à ce jour, cette œuvre qui a été appréciée de tous reste méconnu de la majorité des Maliens. Et pour cause, les barrons de la télévision nationale ont décidé de censurer le film pour une fin pour le moment inconnue.
Comment comprendre qu’un film qui a bénéficié de l’aide du président de la république pour sa réalisation soit injustement censuré par la télévision nationale ORTM ?
Du film en question
En effet, «OKA » de Souleymane Cissé raconte le combat judiciaire de ses quatre sœurs expulsées de leur maison familiale sis à Bozola, un des quartiers prisés de Bamako. Un long bras de fer entre les sœurs et la police qui revient sans cesse hanter les lieux. Le combat fut long mais les bonnes dames ont fini par obtenir l’annulation de l’arrêté d’expulsion le 5 octobre 2015 et retrouver les lieux où elles ont grandi. Choqué par cette pratique, ce monument du cinéma Africain se redresse contre l’injustice et la corruption qui gangrène le domaine du foncier sur sa terre natale, le Mali.
Pourquoi M. Sidiki N’fa Konaté refuse la diffusion d’un documentaire qui pourrait être le cauchemar des spéculateurs fonciers ? Pour en savoir plus, nous avons tenté de rencontrer l’intéressé mais sans succès.
Notons que lors de la 3e édition du festival « ciné droit libre » qui s’est tenu du 23 au 27 janvier 2018 à Bamako, des projections du film ont eu lieu au sein de quelques quartiers réputés populaires notamment à Djicoroni Para en présence de nombreux spectateurs en majorité des jeunes qui n’ont pas manqué l’occasion pour faire des suggestions, lancer un appel à la conscience humaine et évidement des questions au doyen concernant les difficultés rencontrées lors du tournage du dit film. La non diffusion du film sur les antennes de l’ORTM n’a pas manqué de s’inviter dans les débats. Chacun voulait savoir pourquoi une si belle œuvre peine à passer sur la chaine nationale. Pourtant le même film a été projeté sur les antennes de canal+, de l’Africable TV et bien d’autres.
Interrogé, le cinéaste affirme avoir pris contact à plusieurs reprises avec M. Sidiki Konaté pour la diffusion de son film mais qu’il ne fut butté qu’au refus du DG de l’ORTM. Toujours selon Cissé, M. Konaté affirme avoir été menacé par des personnes dont il refuse de dévoiler l’identité. Pour Souleymane Cissé, il est clair que son film est purement et simplement censuré. Finalement, qui a peur du film « OKA » ? Nous suivons de près cette énigme entre le DG de l’ORTM M. Sidiki Konaté et ce Doyen du cinéma tout court.
Suivez de près, dans les prochains numéros du journal, nous reviendrons avec plus de détails sur cette affaire.