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Filière lait au Mali : La production locale asphyxiée par les usines de transformation
Publié le mardi 13 fevrier 2018  |  Le Tjikan
3eme
© aBamako.com par as
3eme édition de l’Opération Ramadan: visite du Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche Moussa Léo SIDIBE au marché de bétail.
14/10/2012. Bamako. Vente promotionelle de bovins.
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Le Mali est un pays d’élevage par excellence. Au moins 80% de la population rurale évolue dans ce domaine qui constitue la principale source de revenus pour plus de 30% de cette population. Faisant du Mali un pays qui regorge d’énormes potentialités en matière de production laitière. Cependant, les unités de transformation qui sont chargées de promouvoir le développement du secteur laitier utilisent du lait en poudre importé à la place du lait cru local. Une situation qui constitue une sérieuse entrave pour la production laitière au Mali.

En effet, le parc animalier malien se classe parmi les plus élevés en Afrique subsaharienne. Cependant, en dépit de ce potentiel important, le Mali dépend de l’extérieur pour l’approvisionnement des consommateurs en produits laitiers. Tel un mendiant assis sur une mine de diamant. C’est pour mettre fin à ce paradoxe qui frise l’aberration, que le gouvernement a consenti de gros efforts pour stimuler la filière laitière.



Ainsi, en 2008, une stratégie de valorisation du lait cru local a été adoptée. Sa mise en œuvre est assurée par le Projet de Développement et de Valorisation du Lait (PRODEVALAIT). L’objectif de cette stratégie est d’accroître sensiblement la production locale de lait, d’assurer l’accessibilité et la collecte du lait local pour les industries de transformation. Également, d’implanter à travers tout le pays, des unités industrielles de valorisation du lait local. Il s’agissait pour le gouvernement de donner une grande place à la collecte et à la transformation du potentiel laitier du pays à travers cette stratégie.

Malgré les efforts déployés par l’Etat dans ce secteur pour doper la production nationale, les unités industrielles, notamment Mali-Lait SA et Diaby-Lait, rament à contre-courant nonobstant des engagements pris dans leurs cahiers de charges de prioriser la production nationale dans l’approvisionnement de leur usine de conditionnement et de transformation. Du coup, les centres de collecte de lait cru, installé par le projet, s’étouffent à cause de la tendance des industriels à privilégier les laits en poudre au détriment du lait cru de nos éleveurs, au point qu’ils ont interpellé la nouvelle ministre de l’Elevage et de la Pêche, KanéRokiaMaguiraga, lors de sa tournée dans la région de Koulikoro, la semaine derrière.

Pour rappel, en juillet dernier, les producteurs de lait ont tenu une conférence de presse à la Direction des Finances et du Matériel du Ministère de l’Agriculture pour exprimer leur colère suite à la baisse unilatérale du prix d’achat du lait cru fait par leur partenaire principal, Mali-Lait-Sa. En les obligeant à diminuer le prix du litre de lait de 400 à 350 FCFA.

Les producteurs ne comprenaient pas le fait que ce prix de 400 FCFA mis en place le 3 décembre 2012 et qui n’a subi aucune augmentation malgré la hausse exponentielle des prix des aliments pour bovins et du carburant, connaisse de nos jours une diminution.

Dès lors, ils ont compris le jeu trouble de leurs partenaires, c’est pourquoi ils ont demandé aux décideurs de trouver une balance entre la poudre de lait et la production locale. Car selon les chiffres de la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence, la facture des importations de produits laitiers n’a cessé d’accroître au Mali. Ainsi, de plus de 11 milliards FCFA en 2010, cette facture est passée à plus de 20 milliards en 2014. Une chose qui impacte fortement sur la production locale.



Les producteurs locaux fondent leur espoir sur la nouvelle ministre de l’Élevage et de la Pêche

Lors de cette visite de terrain de la ministre de l’Elevage, dans une ferme et au centre de collecte de Kasséla, les éleveurs ne sont pas allés avec le dos de la cuillère pour évoquer les difficultés qu’ils éprouvent face aux industriels, qui noient leurs efforts dans un verre d’eau. Comme cela se passe fréquemment en Europe où des producteurs fâchés du comportement des industriels versent leur lait sur les chaussées.

Selon eux, les quantités de lait cru local disponible se sont substantiellement accrues grâce aux efforts déployés par le gouvernement qui ne ménage aucun effort pour promouvoir le sous-secteur élevage à travers la subvention des intrants animaux. Le Programme d’Appui à la Filière Laitière Périurbaine du Mali(PAFLAPUM) qui entre dans ce cadre, a aussi permis une évolution importante de la production laitière grâce à la mise en place des noyaux laitiers dans la zone périurbaine de Bamako. Faisant passer la production de lait de 371.125 litres en 2006 à 1.054. 993 litres en 2017.Mais, cette dissémination des efforts risque de se diluer dans la difficulté des producteurs à écouler leurs produits au niveau des centres de collecte, dont les capacités de stockage atteignent aujourd’hui les 2000 litres de lait par jour.

C’est à Mme KanéRokiaMaguiraga de trouver désormais la formule pour convaincre ses collègues membres du gouvernement pour qu’ils l’aident à réaliser une mini-laiterie au bonheur des éleveurs, mais surtout des consommateurs. Qui boiront ainsi du vrai lait de nos vaches au lieu des vieux laits en poudre parfois d’origine végétale.

Moussa Sékou Diaby
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