Le dimanche dernier, lors d’une visite à Mopti, le Premier ministre du Mali Soumeylou Boubèye Maïga a annoncé l’ouverture de cadres de dialogue avec tous les groupes et tous les citoyens qui décident de renoncer à la violence. Dans ce sens, selon le chef du gouvernement malien, Ibrahim Boubacar Kéïta, le président de la République mènera des consultations pour désigner dans les jours à venir un panel de personnalités chargé de conduire le dialogue. Cet appel des autorités maliennes au dialogue avec les terroristes, maintes fois souhaité par des leaders religieux et politiques, sera –t-il attendu par Amadou Kouffa et ses hommes qui dictent aujourd’hui leur loi dans le centre du pays ?
Soumeylou Boubèye Maïga, à la tête d’une forte délégation, s’est rendu le dimanche 11 février 2018 à Mopti. Lors de cette visite éclair (moins de 24 heures), le chef du gouvernement du Mali a fait plusieurs annonces que certains qualifient d’ « annonces électoralistes » : la distribution, dans la région de Mopti, de 7100 tonnes d’aliments bétail et 6986 tonnes de céréales, la mise à la disposition du gouverneur de Mopti, de 60 000 doses de vaccins pour les bovins et ovins, la transformation des écoles communautaires en écoles publiques, la montée en puissance progressive des forces armées dans la région, et une lutte sans merci contre le terrorisme pour que plus aucun mètre carré du territoire soit hors de contrôle… « Pourquoi avoir attendu maintenant, à quelques mois des élections présidentielles ? C’est une opération de séduction », commente Allassane Cissé, un ressortissant de la région de Mopti.
L’une des annonces phares du Premier ministre, en plus de la tenue du premier tour des élections présidentielles le dimanche 29 juillet 2018, c’est l’ouverture de cadres de dialogue avec tous les groupes et tous les citoyens qui décident de renoncer à la violence. Dans ce sens, poursuit Soumeylou Boubèye Maïga, Ibrahim Boubacar Kéïta, le président de la République mènera des consultations pour désigner dans les jours à venir un panel de personnalités chargé de conduire le dialogue.
Cette annonce tranche avec le traditionnel discours du pouvoir malien qui a toujours refusé le dialogue avec les djihadistes maliens. « Il n’y aura aucune discussion avec les terroristes », aime répéter le président Ibrahim Boubacar Kéïta. Et cela, malgré les appels incessants de certains leaders religieux (l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique du Mali) et politiques (Tiébilé Dramé, président du parti PARENA et ancien ministre malien, le Pr Aliou Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali) et les recommandations de la conférence d’entente nationale, de nouer le dialogue avec les djihadistes maliens Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa.
Le pouvoir malien a –t-il vraiment le choix aujourd’hui ? Plus de deux ans et demi après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu des pourparlers d’Alger, la paix n’est pas encore de retour au Mali. Pire, la situation sécuritaire s’est dégradée davantage sur la quasi-totalité du territoire malien. Les attaques multiformes continuent contre les militaires et les civils. Pour faire face à la recrudescence des attaques terroristes (au moins 80 personnes ont perdu la vie dont 29 militaires maliens, trois agents de douanes et une vingtaine de civils en janvier dernier), le chef d’État-major général des armées a interdit, le jeudi 1er février, la circulation des motos et des pick-up dans plusieurs cercles des régions de Ségou, Mopti et Tombouctou.
L’ONU, dans son dernier rapport sur la situation au Mali, souligne que les conditions de sécurité restent extrêmement préoccupantes dans le nord et dans le centre du Mali, en particulier dans les régions de Mopti et de Ségou, où il y a eu davantage d’actes terroristes ou liés au terrorisme que dans l’ensemble des cinq régions du nord du Mali. En effet, aujourd’hui, les populations de ces zones vivent sous le joug du terroriste malien Amadou Kouffa. Ce dernier et ses hommes font régner la terreur dans le Centre du pays où ils s’attaquent aux symboles de l’Etat malien, les écoles et les forces de défense et de sécurité.