Quatre jeunes gaillards étaient l’objet la semaine dernière d’une recherche très active par la police et les organisations de défense de la femme. Ils sont tombés dans les mailles au bout de plusieurs jours d’émois suscités par leur acte répréhensible.
En cause, une scène de deux minutes et demie, mais l’épisode aura suffi pour traduire et révéler toute l’horreur d’une société en perte de ses fondements moraux les plus infranchissables. On y voit trois carnassiers dévorer impitoyablement et sans la moindre gêne leur proie : une jeune fille violemment dénudée au nom de leur instinct bestial. Pour qu’un prédateur puisse accomplir plus ou moins confortablement à l’œuvre, la pauvre victime est immobilisée par les deux autres qui se chargent de lui tenir les bras l’un et, l’autre, de lui écarteler les jambes.
Elle a beau crier, gémir et se débattre en hurlant de ses dernières forces son innocence, l’impuissante prise a dû subir le supplice odieux de satisfaire le désir charnel des trois gaillards à la fois. En plus d’enlaidir davantage leur forfaiture par des injures d’une grossièreté tout aussi obscène inouïe, ils devaient par ailleurs s’abandonner à l’audacieux plaisir de faire immortaliser leur spectacle par un quatrième compère.
Ils ignoraient sans doute qu’ils franchissaient du coup le Rubicon de l’imprudence puisque c’est en remontant l’origine des images abondamment diffusées sur les réseaux sociaux que les limiers ont pu mettre la main sur les éléments de la bande. Lesquels n’avaient sans doute aucune mesure des risques encourus en baignant sans protection dans les vilaines souillures les uns des autres, pas plus qu’ils n’avaient cure d’exposer leur victime à toutes sortes de maladies sexuellement transmissibles. Autant dire que les statisticiens en VIH peuvent se faire une idée du taux de prévalence de la pandémie du siècle dans la catégorie sociale concernée.
Généreusement partagé par les milliers d’usagers maliens de Facebook, Wattsapp, etc., la scène horrible a été accueillie avec une unanime condamnation et a spontanément révulsé tous ceux qui ont pu s’armer du courage de la visionner jusqu’à son terme. Chez tous, le sentiment de dégoût et la répugnance se mêlent à l’effroi d’appartenir à un ensemble si peu fiable où chaque père est une potentielle victime du recul des normes éthiques devant l’irrésistible progression des perversités et excentricités de la jeunesse.
De quoi s’interroger sur l’utilité publique du monde religieux malien emmuré derrière un silence qui frise l’indifférence. Ceux qui s’attendent à une sonnette d’alarme de son côté en ont eu pour leur candeur et sont pour restés sur leur faim comme aux nombreuses occasions où la partition religieuse était attendue pour corriger les dérives et excès qui réifient et déshumanisent. Car les acteurs confessionnels ont fait la nette option d’une course sans vergogne au profit où le penchant matérialiste l’emporte de loin sur l’élévation spirituelle, la matière divine théâtralisée, exploitée et assujettie aux lois du show-biz tel un divertissement.
Comme quoi, notre décadence sociétale découle aussi d’une perte de repères moraux.