Dans un communiqué en date du 30 avril 2013, le Président du Mouvement de résistance Ganda-Izo, Ibrahim Abba Kantao, déclare avoir «appris avec consternation et regret les incidents du 29 avril 2013 ayant opposé des éléments se réclament des mouvements d’autodéfense aux forces de l’ordre à Sévaré».
Il en profite pour rappeler que «à la date du 29 avril 2013, il n’a aucun combattant présent à Sévaré. Tous les combattants de la branche sécuritaire du Mouvement sont répartis dans les zones libérées des régions Nord du Mali … depuis le début du mois de mars».
Pour parler clair, cette mise au point affirme que les individus impliqués dans cette rixe, qui a défrayé la chronique, «sont des dissidents qui ont quitté le Mouvement Ganda-Izo depuis plus de 5 mois, pour former leur propre mouvement, entretenu par des personnes bien identifiées et connues de tous».
Nous ne sommes entretenus avec le Président Kantao récemment pour qu’il nous explique le rôle et le statut actuel des éléments de Ganda-Izo, libérés, sans armes, il convient de le souligner, sur fond de promesses non tenues. En effet, nombre d’entre eux auraient dû être intégrés dans l’armée nationale, au même titre que certains éléments de Ganda Koy, des autochtones de Kidal et de Gao, des enfants de militaires, etc…, suivant les instructions de la lettre signée par le Général Poudiougou en mars 2012 dont nous détenons une copie.
Le processus était tellement bien enclenché que nous avons pu vérifier la concordance entre des noms portés sur la liste proposée par Ganda-Izo et des intégrés «officiels», dotés de numéros matricules et qui auraient du «prendre fonction» en avril – mai 2012. Le hic est que ces décisions n’ont été suivies d’aucun effet, en tout cas pour les éléments proposés par Ganda-Izo.
Aujourd’hui, ce sont donc le désarroi et la crise de confiance qui dominent chez ces jeunes, très disciplinés pourtant, et qui ont donc, selon les instructions de leurs chefs civils et militaires, rejoint leurs localités d’origine. Là, ils se comportent en forces supplétives civiles des forces armées et œuvrent «à l’effort de sécurisation et de pacification des zones libérées » dans la mesure de leurs faibles moyens.
Selon les premiers responsables de Ganda Izo, «de mars 2013 à ce jour, nos combattants ont arrêté ou contribué à arrêter plusieurs jihadistes: le dernier le 29 avril 2013, où un responsable du Mujao a été arrêté à Niafunké, évacué par pinasse à Tombouctou et remis aux forces de sécurité».
Alors, question: tout comme les Jeunes Patrouilleurs de Gao, les autochtones membres de Ganda-Izo sont des Maliens convaincus que nul ne sauvera de l’occupation leur pays à leur place. A l’heure où l’on parle de reconstruction de notre armée, doit-on mettre de côté ces compétences, cette connaissance du terrain et ce patriotisme inébranlable?
Pour ne pas insulter l’avenir, il faut que, dans la poursuite de la réconciliation entre populations du Nord du Mali, l’on tienne compte de ces jeunes, qui ne doivent pas être rejetés à la marge, dans l’oisiveté du chômage. Car le risque serait grand de créer ainsi des frustrations potentiellement porteuses de malheurs, chose à éviter absolument en encadrant au plus près les éléments de Ganda-Izo et de Ganda Koy.
Qu’ils servent comme policiers municipaux, agents de sécurité dans les services publics ou sur les chantiers de la reconstruction, militaires, gendarmes, policiers ou gardes nationaux dans leur terroir! Ce ne serait que justice!
Ramata Diaouré