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Harouna Cissé, membre du du CE Adéma à propos de la présidentielle « Nous gagnerons à soutenir IBK »
Publié le mercredi 14 fevrier 2018  |  Les Echos
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© aBamako.com par AS
Voeux de l`ADEMA à la presse
Bamako, le 23 janvier 2016 l`ADEMA a présenté son voeux de 2016 à la presse
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Au moment où tous les regards des militants de l’Adéma-PASJ sont tournés vers le Comité exécutif au sujet du choix du candidat à l’élection présidentielle de juillet prochain, Harouna Cissé, ancien ministre et membre du CE Adéma, livre dans l’interview ci-dessous, ses impressions. Il propose que « l’Abeille » sorte du fétichisme de la candidature et voit l’intérêt supérieur du pays.

Les Echos : Notre pays traverse un moment difficile avec l’insécurité au nord comme au centre du pays. Vous êtes ancien ministre et cadre de l’Adéma-PASJ, dites-nous vos impressions sur la situation actuelle.

Harouna Cissé : Je ne peux être indifférent à la situation qui prévaut dans notre pays. Une situation que je ne qualifierais pas de désespérée, mais de très préoccupante ; et qui dure plusieurs années maintenant. Par la grâce de Dieu, les ressources sont encore disponibles pour faire face à la situation et il faudrait faire appel à toutes nos ressources de quelque bord qu’elles soient.
Face à cette situation, la clé de voûte demeure l’accord issu du processus d’Alger, signé à Bamako entre tous les protagonistes sans exclusive. Cet accord devrait consacrer la paix retrouvée et la sécurité instaurée mais, force est de reconnaître que cet accord a connu ses limites. Il n’a pas pu avoir son plein exercice, sa pleine application par le fait de certains des acteurs. Somme toute, il y a lieu de le revisiter ; se donner ainsi une chance de restaurer le pays tel nous le connaissions ; aussi, la communauté internationale y joue un grand rôle.

Les Echos : Quel doit être le rôle de cette communauté internationale ?
H. C. : La communauté internationale doit nous accompagner dans nos choix de résolutions de la crise que nous traversons. Le Mali est gouverné. Le Mali a des institutions issues de processus démocratiques donc qui représentent légitimement le peuple malien.
On ne peut pas choisir des solutions ou imposer des solutions à ces institutions consacrées par le peuple malien. La communauté internationale devrait savoir que nous sommes un pays qui a des pratiques républicaines qui a soucis de son devenir et qui a choisi ses représentants légitimes et légaux. Ces représentants sont à même de choisir les meilleures voies de sortie de crise. Nos partenaires devraient accompagner nos institutions dans les choix qu’elles auraient opérés pour la sortie de crise. Je ne dis pas que ce n’est pas forcément le cas, mais il faut avouer que la communauté internationale écoute toutes les parties presqu’à égalité. Ce qui n’est pas normal.
Aujourd’hui, face à la limite de tous les acteurs, il faut s’interroger si la meilleure ressource de sortie de crise n’est pas en nous-mêmes. La vraie solution, c’est entre nous-mêmes Maliens. il
faudrait que nous puissions nous parler davantage, parler avec ceux de nos compatriotes à la source des problèmes, tous les conflits ont fini sur la table de négociations, prenons des initiatives porteuses dans ce sens , couplées à des actions vigoureuses de développement.
La première des initiatives c’est notre unité d’action, notre unification, unification des idées-rencontres des idées-concertations et agir ensemble.
Je m’adresse en particulier à la classe politique : majorité, centre et opposition. Nous devons tous nous lever pour nous sortir de cette ornière. Qu’elle sache que nous sommes dans une situation anormale. Le faite que les courants ne se rencontrent pas, exacerbe notre situation d’instabilité. Je suis certain que si toute la classe politique et la société civile se donnent la main résolument, nous nous ferons respecter par tous nos partenaires intérieur et extérieur et nous aurons rapidement solutions à nos difficultés. Après la stabilité retrouvée, les jeux d’intérêts reprendront leur cours.
Je dois dire un mot sur nos forces de défense et de sécurité pour lesquelles j’ai le plus grand respect et la plus grande estime. C’est par elles et grâce à elles que nous sommes là dans le cadre d’un pays jouissant de son intégrité, de son existence. Elles doivent avoir tout notre soutien, de manière indéfectible et intégrale.
C’est vrai que cette armée est toujours en phase de construction, de consolidation, mais je demeure convaincu que notre première arme demeure notre union, notre entente.

Les Echos : Nous sommes à 5 mois de la tenue du premier tour de l’élection présidentielle, votre parti l’Adema-PASJ ne s’est toujours pas prononcée s’il doit ou pas présenter un candidat. Cette situation fait des grincements de dents chez certains militants. Qu’est-ce que vous en pensez ?

H.C. : Les membres du comité exécutif connaissent bien ma position sur le sujet qui est une position constante, cohérente que je considère comme une position responsable.
L’Adéma-PASJ n’est pas un parti comme les autres, nous aimons à le dire. Nous avons assurément une grande responsabilité vis-à-vis de notre pays, notre peuple. Cette responsabilité nous commande de prendre des positions avec beaucoup de discernement en faisant souvent violence sur nous- mêmes tout en évitant d’écouter les chants de sirène. Ceux qui les chantent ont leur propre agenda On nous dira qu’un parti politique a pour vocation la conquête du pouvoir suprême. C’est évident ! Mais, qu’est-ce c’est que le pouvoir ? Le pouvoir pour nous, c’est d’amener un homme qui partage nos valeurs au pouvoir qui s’exercera suivant notre projet de société assorti d’un programme. il s’agit de ses valeurs d’obédience socialiste, progressiste, solidaire, de travail, de justice. Notre vocation certes est cela.
Un parti politique doit pouvoir analyser ses forces et faiblesses. Il doit savoir s’engager à corriger ses faiblesses et à renforcer ses forces. Nous avons suivi chaque fois qu’il a été question du choix de notre candidat quelle épreuve nous avions dû traverser, sortons du fétichisme de la candidature. Voyons l’intérêt supérieur de notre pays qui nous commande d’aider le pays à se stabiliser, à quitter la situation de détresse que nous vivons, essentiellement due au manque de regroupement et de rassemblement de toutes les forces vives du pays.
Au sortir des élections de 2013, nous avions fait l’option de soutenir le président actuel Ibrahim Boubacar Kéita. Nous sommes à 4 ans et six mois, presque à la fin du mandat. Nos différentes instances nationales ont toujours re-confirmé notre soutien au président de la République.
D’abord que Dieu nous en garde, nous courons le risque que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Dans la mesure où ces causes n’ont pas été pansées, corrigées et soignées. Et puis les questions de leadership ne se forcent ni se décrètent. Elles se forgent au jour le jour. Notre parti à cette particularité que c’est souvent au dernier moment qu’on ouvre ce genre de compétition entre des camarades méritants, chacun a bon droit, estime être le meilleur. Et chaque fois qu’on désigne un, les autres font autre chose. Quand on croise cet état de fait au prisme de la situation nationale, c’est de nature à fragiliser le parti, le travail entrepris qui concerne le devenir du pays, sa sortie de crise.

Les Echos : Vous voulez dire que le parti doit soutenir la candidature du président IBK, s’il se présentait à l’élection présidentielle ?

H.C. : Je suis entrain de vous dire que je pense en toute responsabilité que nous gagnerons à soutenir le président de la République, à le soutenir sans équivoque, à le soutenir de manière nette et engagée. Pas dans le clair-obscur ! Je dois avouer certes, nous l’avons soutenu pendant 4 ans et demi. Le président actuel a dirigé l’Adéma-PASJ. Il sait quand l’Adéma est engagée. Il sait quand cet engagement est mitigé.
Je n’ai pas l’impression qu’on ait fait le maximum qu’on aurait pu faire. Je dis que cet engagement aurait dû être maximisé, aurait pu atteindre des sommets, à cet égard, les responsabilités sont partagées, le tout du déficit n’est pas imputable au Parti ; enfin, il n’est jamais tard pour bien faire au nom de la nation, des intérêts supérieurs de notre pays.
La pluspart de ceux qui comptent dans la classe politique malienne, sont de vieux compagnons, ce sont des personnes qui ont beaucoup de choses en partage, pendant des décennies y compris sur le plan des relations personnelles, ils ont beaucoup de choses en commun.
Il s’agit de toutes ces personnalités, qu’elles se donnent la main, qu’elles taisent les egos.

Les Echos : Est-ce que vous avez un appel particulier à lancer à vos camarades et au peuple Adéma ?

H.C. : L’appel que je lance à mes camarades est que : dire ce qu’on pense ne doit pas être difficile. Parler en son âme et conscience ne doit pas être difficile.
Beaucoup de gens pensent ce que je dis. Mais, par souci de quand dira-t-on ?; évite de s’exprimer. Je voudrais que les gens comprennent que le pouvoir suprême dans le pays se prépare, se règle sur la base de convictions, sur la base de ce que l’on perçoit être l’intérêt national.
L’appel que je lance à mes camarades, c’est de cesser de répéter qu’il nous faut un candidat. C’est vrai, il faut un candidat, mais nous n’avons pas le droit de désigner un candidat et de l’envoyer sur un mur. Mes sentiments : nous ne sommes pas préparés pour 2018. Mes sentiments est que notre échéance objective sera 2023. Et 2023 se prépare en 2018.
Les actes que nous poserons en 2018, nous engagerons pour les perspectives de 2023 qui nous donnerons le temps de bâtir, de consolider davantage notre parti et de faire émerger le candidat porteur avec un parti consolidé.
A cet égard, il faut se souvenir , ne pas l’oublier et de garder à l’esprit que nous sommes du même socle idéologique que le RPM, en particulier le président de la République actuel.
Quand l’Adéma-PASJ consacrait son entrée à l’International socialiste, le président IBK était le président de l’Adéma-PASJ. Ces valeurs n’ont pas variées.
Nous partageons les mêmes valeurs. Quand je dis que notre échéance objective est 2023, je souhaite qu’en 2020 la Gauche socialiste malienne soit réunifiée, que le RPM et l’Adéma PASJ constituent un seul parti pour les échéances de 2023 avec d’autres partis partageant les mêmes valeurs que nous

Les Echos : Le président Amadou Toumani Touré après un exil de plus de 5 ans au Sénégal a pu regagner le bercail. Comment vous avez accueilli ce retour ?

H.C. : Ce retour du président ATT, est un acte qui au délà de sa dimension hautement humaine, rentre dans le cadre de la réconciliation. C’est un acte fort que le président IBK a posé. L’Ambassadeur Toumani Djimé Diallo et moi-même avions eu le privilèged’être commis par le Président de la République pour cette mission. Le président ATT n’as émis aucune réserve, dès lors qu’il s’agit d’une demande de son aîné et président.
Je rappelle que pour ce retour ni ATT encore moins IBK n’ont posé de conditionnalités, de préalables. Au surplus, en ma connaissance, IBK n’a subi aucune pression extérieure pour entreprendre cette initiative. Que les gens comprennent que c’est une initiative entre deux personnalités au nom du Mali. Je salue l’initiative du président IBK qui a posé un jalon important quant à la retrouvaille nationale. Je félicite ATT d’avoir accepté et honoré la demande de son aîné, le président Keita. Je félicite tous les compatriotes de quelque bord qu’ils soient et qui ont contribué au retour du président ATT.
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Les Echos N° 3864 du 3/5/2012

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