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BIBLIOTHÈQUE NATIONALE : Silence, les rescapés de « face book » lisent
Publié le jeudi 15 fevrier 2018  |  Le Combat
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Le lancement de la rentrée littéraire est prévu pour le 17 février prochain. Qui parle de littérature pense forcément à la lecture. Or, il est de notoriété publique que le Malien ne lit pas. Mais si cela est ainsi, à quoi bon se triturer les méninges pour pondre des livres et écrire des articles de presse à longueur de journée ? Heureusement que ce n’est pas tous les Maliens qui ne lisent pas. À la Bibliothèque nationale de Bamako, ils sont une centaine à défiler chaque jour pour savourer les Belles Lettres. Immersion dans un monde de lecteurs et de lectrices !

Il est 11h 30. Nous franchissons l’entrée principale de la Bibliothèque nationale. L’endroit est calme. Le monde n’y grouille pas. Seuls les gardiens assis autour du thé fumant sont sur la terrasse. Plus on avance vers la salle de lecture « Moulaye Demba Kida », plus on se dit qu’on ne verra personne dans ces lieux, tant le silence est pesant. Oui, le bruit émis par le climatiseur dans le couloir est seul audible.

Mais notre crainte se dissipe, quand on pousse la porte d’entrée de la salle. Là, pas moins de 40 personnes (hommes et femmes), concentrées, lisent des Romans, et d’anciennes thèses de livres inscrits aux programmes scolaires et universitaires.

« Silence »

Deux jeunes dames sont préposées à l’accueil. Devant elles, sur un morceau de bois, est écrit « silence ». On se demande si on doit leur adresser la parole. On hésite et l’on attend, on laisse quelques habitués avance, et observe comment ils procèdent. Le nouvel arrivant comprend, alors, qu’ici silence veut dire parler à voix basse. De l’index, on indique au journaliste du « COMBAT » celui qui peut bien répondre à ses questions. Abdramane Mara, c’est son nom. Casques aux oreilles, fouillant dans la paperasse à notre arrivée, il arrête tout et se met à notre disposition. Le jeune Bibliothécaire nous explique que les conditions d’accès aux livres ne sont pas compliquées. Il s’agit «de présenter une carte d’identité en cours de validité ou une carte d’étudiants, scolaires». Les statistiques quotidiennes de fréquentation de la Bibliothèque indiquent que ce sont une centaine de personnes qui ont consulté les livres ce 14 février ; c’est-à-dire, à 48 heures du lancement de la rentrée littéraire.

La lecture se fait sur place avec la possibilité d’imprimer quelques pages. La salle offre la possibilité à ses lecteurs de se connecter sur internet. La demi-heure est facturée à 100 FCFA et l’heure à 200 FCFA. À côté de ses postes de connexion, deux autres ordinateurs contenant la base des données de la Bibliothèque sont mis à disposition des lecteurs pour leur permettre de rechercher les références des ouvrages dont ils ont besoin.

Fournie en livres sur la Littérature, la Religion, l’Histoire, la Géographie les Beaux Arts, le Sport, les voyages, les anciennes thèses, Mémoires et Rapports, la Bibliothèque nationale reçoit chaque jour son petit monde. Des lecteurs et lectrices en majorité étudiants plus intéressés par les ouvrages sur les Sciences sociales, le Droit, les Sciences Appliquées que les ouvrages traitant de Sciences pures et de la Linguistique.

T-shirt marron, lunettes de soleil callées sur le front, Ousmane Doumbia, étudiant en Licence professionnelle à l’Institut Universitaire de Gestion (IUG) est plongé dans «Commerce international », Cours et Etudes corrigées d’Eric Weiss. La gestuelle mesurée, l’assurance dans le ton, l’Homme est convaincu que, pour un Mali de demain rayonnant, il faut que la jeunesse s’informe et se forme ; toute chose qui, selon lui, passe par la lecture.

Tolofoudié ou l’amour de la lecture

La tête voilée, vêtue de bleu, Tolofoudié Kadiatou dévore « Lion à l’arc de Massa Makan Diabaté ». C’est, selon elle, un livre au programme de la première année des Lettres Modernes à la FLASH. Elle, comme Ousmane Doumbia, se rend 2 à 3 fois par semaine à la Bibliothèque nationale. Non motorisée, celle qui dit habiter à Kalabancoro parcourt pas moins d’un kilomètre à pied pour rallier la Bibliothèque nationale.

Comment ? « Quand j’emprunte une SOTRAMA à Kalaban, je descends au niveau du Centre International de Conférence de Bamako, pour ensuite faire le reste du trajet à pied». Une amoureuse de lecture ? C’en est une. Rien que pour cette brave fille, les Écrivains n’ont pas le droit de cesser d’écrire.

Mais quand on pose la question à Ousmane et à Tolofoudié de savoir pourquoi les jeunes lisent de moins en moins, chacun à sa petite idée. Selon Ousmane, ce sont les réseaux sociaux surtout facebook qui occupent les jeunes de nos jours. Pour Tolofoudié, la paresse et le manque de sérieux en sont les raisons.

Ousmane, lui qui espère être un futur cadre économique de ce pays invite les jeunes à délaisser un temps soit peu les réseaux sociaux et se donner à la lecture. Même son de cloche chez Tolofoudié.

Entourés de milliers de livres, Ousmane et Tolofoudié sont unis par leur amour de la lecture.

Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT
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