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Du rififi à la brigade anti criminalité (BAC) : Des éléments accusent leur Commandant de connexion avec des réseaux mafieux
Publié le samedi 17 fevrier 2018  |  Aujourd`hui
Attaque
© aBamako.com par A.S
Attaque terroriste subie par le campement de Kangaba
Dimanche 18 juin 2017. Le campement ``Le Kangaba`` sis à la périphérie ouest de Bamako a été pris pour cible par une attaque terroriste ayant fait des morts et des blessés.
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” Si les plus hautes autorités n’interviennent pas, dans les jours à venir on ne parlera plus de Brigade anti criminalité du pays (Bac) au Mali car l’actuel commandant de cette unité, Seydou Sissoko, a pris goût à l’argent facile ne s’occupant plus du personnel et du matériel. Toute chose qui pourrait jouer non seulement sur l’efficacité des éléments, mais aussi sur l’image dudit service “. Ces accusations graves émanent de nombreux agents de cette unité qui ont tenu à nous raconter pour nous faire part des pratiques peu catholiques dans ce service.

Une grande fronde est aujourd’hui en gestation contre le commandant de la Bac. Cette fronde est menée par plusieurs éléments de cette unité qui estiment que leur actuel patron est en train de mettre leur service à genoux.



Que reproche-t-on au sieur Sissoko ? Selon l’un des frondeurs, depuis le départ de l’ancien patron de cette unité, Youssouf Binima, la Bac est en train de mourir à petit feu. Avant de poursuivre que celui-ci avait mis le service sur les rails avec des formations et du matériel adéquat : “C’est sous Youssouf Binima que nous avons bénéficié de trois formations importantes. Il s’agit des gestes techniques de protection en intervention (Gtpi), de la Protection des hautes personnalités (Php) et des techniques de déminage” a précisé notre interlocuteur.

Sous Binima, ajoute notre source, les patrouilles se faisaient non seulement à motos, mais aussi à véhicules. Cependant, a-t-il regretté, depuis le départ de M. Binima, c’est bonjour les dégâts. Un autre intervenant, sous couvert de l’anonymat, a déploré l’état de désolation totale dans lequel se trouve aujourd’hui leur service : “Toutes les motos sont sur cale et les éléments sont obligés de cotiser souvent pour mettre de l’essence dans le véhicule afin de pouvoir mener les patrouilles” a déploré notre interlocuteur, avant de poursuivre que deux véhicules sont garés sans que le chef n’avance une seule raison.

Un autre motif à la base de cette fronde, c’est aussi la dissolution récente de la Brigade de recherche au sein de cette unité : “Si sous d’autres cieux on encourage les sections qui font des succès, tel n’est pas le cas chez nous. Au lieu que la Brigade de recherche soit remerciée pour avoir mis hors d’état nuire des trafiquants de drogue, interpellé un malfrat avec des armes (l’intéressé a été remis au 3è arrondissement), elle a été plutôt dissoute par le commandant sans aucune raison, moins d’un an après sa création” a fait savoir un autre agent de la Bac.

Ainsi, pour des membres de cette unité d’élite, la dissolution de la Brigade de recherche s’explique par des descentes effectuées par la Bac dans certains quartiers comme Bagadadji à la traque des narco dealers : “Depuis que nous avons multiplié ces descentes chez ces dealers, nous avons su que le chef était remonté car il nous est revenu qu’il est en connexion avec un trafiquant qui lui donne des dessous de table afin qu’on le laisse en paix. Nous pensons que de telles pratiques ne sont pas dignes dans un pays en proie à l’insécurité de tout genre” a soutenu un autre élément, sous le couvert de l’anonymat.

Un autre grief formulé à l’encontre du Commandant Sissoko par certains de ses éléments, c’est de faire mainbasse sur les primes accordées à des agents qui assurent la protection de certains services ou des responsables de Orange : “Nos agents qui sont à Orange ont par jour 10 000 Fcfa, mais le Commandant ne leur donne que 5 000 Fcfa par jour. Ceux qui sont au niveau de Cfao Motors doivent percevoir également 300 000 Fcfa par mois. Pr contre, on ne leur donne que 120 000 Fcfa. Ce sont des pratiques qui doivent aussi cesser” a averti un autre élément, avant de poursuivre que depuis la prise de fonction de l’actuel chef, les agents n’ont reçu aucune formation.

C’est partant de tous ces constats que ces éléments de la Bac ont interpellé les plus hautes autorités pour qu’elles s’impliquent afin que de telles pratiques cessent de nos jours dans notre pays, surtout dans un corps d’élite comme la Bac qui est, à les croire, l’une des unités les plus respectées du pays. En tout cas, pour ces policiers fondeurs, ils ont la preuve de toutes les accusations et sont prêts à les brandi devant qui de droit.

“Des accusations gratuites, sans fondement” selon le Commandant Sissoko

Approché par nos soins dans les locaux de la Bac, le Commandant Sissoko, après s’être informé de l’objectif de notre présence, nous a accueillis en ces termes : “Laissez-moi le soin d’appeler mon adjoint car nous travaillons ici en équipe”. Une fois ce dernier sur place, du nom de Sékou Mané, M. Sissoko, dans ses réponses, s’est dit indigné et stomaqué par ces accusations qu’il considère “gratuites et sans fondement”. A le croire, les agissements de quelques poignets d’éléments de sa brigade se justifie par la réforme qu’il est en train de mener pour ne pas que certains ne déroutent la Bac de ses missions principales. S’agissant des missions de la Bac, il a rappelé que cette brigade n’intervient sur le terrain qu’en cas de flagrant délit ou réquisition pour toutes les infractions non économiques et financières. A cet égard, a-t-il poursuivi, la Bac opère lors des cambriolages, braquages, vols à main armée, interpellation ou neutralisation d’individus dangereux ou en cas d’enlèvement de personne. Mais pour le commandant Sissoko, au lieu de mener ces actions, des agents de leur unité en patrouille vont s’en prendre le plus souvent aux automobilistes pour usage de vitre teintée, défaut de vignette, de contrôle technique ou d’écoute téléphonique. “Ces actions ne sont pas notre mission, mais celles de la CCR car quand ils vont en patrouille, c’est juste pour fouiller des véhicules suspects pour voir s’il n’y a pas d’arme” s’est défendu l’intéressé.

S’agissant de la dissolution de la Brigade de recherche, il a avancé que ce sont les mêmes détournements de missions de leur service par ces mêmes agents qui ont conduit à cette dissolution. “C’est vrai que c’est l’ancien commandant qui a créé la BR, mais il faut reconnaitre que j’ai joué un rôle majeur dans cette création dans la mesure où le document de création porte ma signature. En créant cette brigade de recherche, il y a environ un an, l’objectif pour nous était d’infiltrer des réseaux de criminalité. Mais au lieu de cela, quelques éléments ont transformé cela en une brigade de stupéfiants qui existe déjà. Donc ils profitaient de cette brigade pour faire des abus de pouvoir et j’ai été interpellé souvent par la hiérarchie. C’est pourquoi, j’ai dit que cela ne va pas continuer et je l’ai dissous” a précisé le Commandant de la Bac qui a aussi apporté un démenti catégorique quant à sa connexion avec les réseaux mafieux.

“Je suis estomaqué d’entendre que j’ai reçu une enveloppe des narco trafiquants, toute chose qui aurait motivé ma décision de dissoudre la Br” a soutenu le Commandant Sissoko. Quant à l’état délabré des motos de patrouille, il a remercié le ministre de la Sécurité, le général Salif Traoré, qui a donné des instructions pour que ces motos soient réparées au plus vite. “Pour ce faire, un contrat a été passé avec un prestataire pour la réparation de ces motos, sauf que cette société ne nous a pas donné jusque-là satisfaction, mais il faut préciser que cette réparation a été passée à d’autres niveaux, mais pas ici au Bac” a révélé le Commandant Sissoko.

Quant au carburant pour les patrouilles, il a affirmé ne pas être au courant que des éléments vont jusqu’à cotiser pour mettre du carburant dans le véhicule. “Nous avons une dotation de la hiérarchie pour le carburant. A chaque fois qu’elle tombe, elle est utilisée à bon escient. Par contre, s’il y a un problème de carburant avant cette dotation, de concert avec mon adjoint, nous cherchons une solution” a-t-il répondu.

Pour ce qui est des primes des agents, il dit ne pas en savoir davantage. Mais il a toutefois reconnu qu’il s’est battu avec son ancien patron, Youssouf Binima, pour une augmentation de ce que ces agents perçoivent. Toute chose qui est selon lui aujourd’hui une réalité.

Sissoko a affirmé toute sa détermination à mener ces réformes pour l’image du service. Aussi, il a révélé que ce n’est qu’en octobre 2017 qu’il a été promu à ce poste et de lui laisser le temps pour mener à bon escient sa mission. D’ailleurs, il s’est réjoui que son adjoint ait bouclé une formation. S’y ajoutent des formateurs de la Bac qui sont également en formation.

“La période de l’ancienne police est révolue”

Défendant son chef, Sekou Mané, le Commandant adjoint de la Bac de rappeler que la période de l’ancienne police est révolue. “Les médias se sont multipliés, le temps des bavures policières est révolu. Nous avons l’obligation de le dire aux éléments car chaque unité à des missions spécifiques. Nous sommes là pour la population et nous allons toujours donner le meilleur de nous-mêmes, mais conformément à nos missions” a conclu M. Mané.

Kassoum THERA

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