Un porte-parole du Gouvernement est une personne dont la fonction est celle de porter la parole pour le compte du Gouvernement. Ce qui consiste à exprimer à la presse, donc à l’opinion publique, la position et l’opinion de ce gouvernement sur certains sujets brûlants de l’heure, les plus sensibles étant réservés très souvent au chef du gouvernement. Le porte-parole retranscrit la teneur des réunions gouvernementales pour une bonne compréhension de la portée de l’information à faire passer.
Pour votre information, le titulaire de ce rôle est généralement, un membre du gouvernement. Cependant dans d’autres démocraties, cela n’est pas une obligation. En général, ils sont recrutés en dehors du gouvernement, mais généralement dans des Agences de Communication, de véritables professionnels en la matière. Dans le cas du Mali, le porte-parole est membre du gouvernement, et cela est indépendant de la position hiérarchique dans le gouvernement. Il peut être ministre, ministre délégué ou secrétaire d’Etat. Depuis 2013, nous avons connu au Mali trois porte-paroles dans les différents gouvernements successifs à savoir Mahamane BABY, Abdoul Karim KONATE et tout récemment Amadou KOITA depuis quelques semaines déjà. Ce rôle demande d’avoir un français limpide, des élocutions claires, un esprit vif, une mémoire d’éléphant et, un talent de critique littéraire. Mahamane BABY, était hésitant dans la parole et, craignait-il de faire des fautes en parlant le français, ou voulait-il prendre des précautions pour ne rien déformer ? Dans tous les cas, on sentait des sueurs froides lorsqu’il s’exprimait. Le cas le plus illustratif s’est passé le jour, où il a informé le peuple de la décision du gouvernement d’inculper ATT pour haute trahison.
Dans un gouvernement où IBK est le patron, il n’est pas facile pour quelqu’un qui a appris uniquement le français au Mali pendant une période où les grèves étaient le lot quotidien dans les écoles de satisfaire à 100% ce rôle. Il a fait de son mieux, mais la limite a été vite atteinte. IBK a compris cela, c’est pourquoi, il a vite fait de désigner Abdoul Karim KONATE. Reconnaissons que ce dernier a mieux maitrisé ce rôle, contrariant l’attente des spécialistes qui pensaient qu’un gabelou ne saurait manipulé la langue de Molière. Il a même innové la façon de faire passer sa communication en invitant les ministres concernés à la table de la presse par rapport aux différents domaines d’intervention. Cela permet à chaque ministre de donner des détails pouvant mieux faire comprendre la communication à faire passer. Il est à saluer pour cela.
Le tout nouveau ministre en charge de cette communication est le jeune dynamique ministre Amadou KOITA. Il s’exprime bien en français, il a en tête beaucoup de citations des grands philosophes et des littéraires, qu’ils utilisent à volonté pour convaincre les masses populaires. Il est polyglotte, car il parle le français, l’anglais, le peul, le bamanan, le sonrhaï. Les partis de l’opposition ne diront pas le contraire. Au moment, où il était le porte-parole de ce regroupement, il a permis de donner beaucoup d’audience à leur communication. Sur tous les plateaux de télévisions, où il a été, il a terrassé la majorité. Il est de notre devoir de reconnaitre cela en lui. Après avoir pourfendu la majorité, sorti vainqueur de tous les duels contre elle, les vicissitudes de la vie politique ont fait qu’il a changé de camp, depuis quelques temps. Il n’est pas le seul dans ce cas, car presque aucun responsable politique malien n’est resté dans son premier parti jusque-là. Au-delà de la personnalité très active du nouveau titulaire, quelle valeur ajoutée peut-il donner à la communication du gouvernement, à la convention de la majorité présidentielle, et au candidat IBK pour un deuxième mandat ? La question mérite d’être posée et d’être répondue à l’heure ou l’opinion des individus, et des organisations politiques s’est considérablement complexifiée ? Le porte-parole a-t-il encore du sens aujourd’hui dans un contexte où quiconque peut s’exprimer ? Son rôle n’est-il pas autre que simplement porter une parole dans une atmosphère de précampagne prématurée ? En effet, un porte-parole n’est pas censé sortir du cadre qui lui a été indiqué. A lui d’être l’imprimatur humanisé d’une décision ou d’une idée mais pas d’en être le débateur. On voit donc là toute la complexité (et même le paradoxe) du rôle. Il s’agit de retranscrire un message officiel de manière intelligible et suffisamment impactant mais avec une place au dialogue et au débat fréquemment très bordurée et contrainte.
Dans ce cas précis, la tâche d’Amadou KOITA ne sera pas facile. Il s’agira pour lui d’ici six mois de défaire toute la mal gouvernance qu’il est parvenu à coller au régime d’IBK. Cela parait un travail d’hercule, dans la mesure, où lui-même à cette époque avait donné au peuple malien de l’intérieur, comme de l’extérieur, toutes les preuves de cette mal gouvernance. Il sera dans ce cas, sur la défensive en permanence. Défendre une chose hier et défendre le contraire aujourd’hui n’est pas une tâche aisée. Nous n’aimerons pas être à sa place pour faire comprendre au peuple que la langue de l’homme politique est fourchue comme celle du varan. Nous lui souhaitons plein succès. Il ne sera point le premier dans ce rôle, mais son cas pourra être un cas d’école à enseigner dans les grandes écoles de communications si jamais il réussissait.