Des sources informées évoquent le projet du chef du groupe Jamaat nosrat al islam wal mouslimine d’étendre son influence dans la région, notamment via un rapprochement avec l’émir de l’Etat islamique au Grand Sahara, Abou Walid Al Sahraoui.
Lors d’une opération visant le chef du groupe Jamaat nosrat al islam wal mouslimine, le Malien Iyad Ag Ghali, menée mercredi non loin de la frontière algéro-malienne, l’armée française a éliminé près d’une vingtaine de terroristes. Les Forces armées maliennes (FAMa) indiquent dans un communiqué rendu public le même jour que Malick Ag Wanasnat, un proche de Ag Ghali, fait partie des terroristes abattus.
La même source mentionne que l’opération s’est déroulée «à proximité de Inaghalawass, un oued distant de 900 mètres de la frontière algérienne», ajoutant que «plusieurs terroristes ont été neutralisés». Malick Ag Wanasnat, un ancien colonel de l’armée malienne, avait fait défection en 2006, après avoir cassé et pillé le magasin d’armement à Ménaka (nord-est), avant d’orchestrer des attaques, précise encore le communiqué des FAMa.
L’état-major de l’armée française a aussi partiellement confirmé le déroulement de l’opération. «L’opération a été menée par les forces françaises au Sahel», à la fois des forces spéciales et des troupes de «Barkhane», a indiqué à l’AFP le porte-parole de l’état-major français des armées, le colonel Patrik Steiger.
Cette opération, menée mercredi matin, «visait trois objectifs de groupes armés terroristes, entre Boughassa et Tinzaouatine, qui ont fait l’objet de frappes aériennes simultanées, suivies d’assauts héliportés appuyés par des hélicoptères Tigre, puis d’engagements au sol», a-t-il précisé, d’après la même source. «Selon un bilan provisoire, une vingtaine de terroristes ont été tués ou capturés», a affirmé le colonel, soulignant que «trois véhicules» avaient été détruits et des armements ainsi qu’un «grand nombre de documents» récupérés.
Cette opération pourrait expliquer, a posteriori, la brève visite à Alger mardi dernier de l’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major particulier du président français Emmanuel Macron, au cours de laquelle il s’était entretenu avec le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale. Peu d’éléments ont filtré sur cette rencontre.
Les deux responsables n’auraient cependant pas pu se quitter sans évoquer l’opération française contre le groupe du chef terroriste Iyad Ag Ghali, surtout que le raid a eu lieu à un jet de pierre de la frontière algérienne. L’autre raison tient au fait aussi que, soutiennent certaines sources, l’ANP fournit toujours à l’opération «Barkhane» un soutien logistique.
L’opération antiterroriste française intervient par ailleurs au moment où diverses sources évoquent un projet du chef du groupe Jamaat nosrat al islam wal mouslimine d’étendre son influence dans la région. Son idée est de se rapprocher de l’émir de l’Etat islamique au Grand Sahara, Abou Walid Al Sahraoui. Les deux chefs terroristes se seraient d’ailleurs rencontrés début décembre au Mali.
Parmi les proches d’Iyad Ag Ghali qui ont participé aux discussions entre les deux chefs terroristes, figure Malick Ag Wanasnat, tué dans la nuit du 13 au 14 février dans une frappe de l’armée française. Leur alliance serait surtout effective dans la zone dite des trois frontières (Mali-Burkina-Niger), où sévit la filiale de Daech au Sahel. L’opération militaire française de mercredi montre cependant que la marge de manœuvre d’Iyad ag Ghali s’est réduite.