L’information est tombée en milieu de semaine dernière. L’opération Barkhane, lors d’un raid à Tinzawaten, a abattu plusieurs terroristes, dont un certain Malick Ag Wanasnat, présenté comme un fidèle lieutenant d’Iyad Ag Ghaly. Egalement, trois véhicules appartenant aux terroristes ont été détruits. Comme toujours dans les guerres asymétriques, les principaux chefs de guerre restent hors de portée. Iyad Ag Ghaly, celui par qui le « terrorisme islamiste malien » est né, mordra-t-il un jour la poussière ? La guerre contre les narcoterroristes au nord malien ne cesse de s’enliser, et Iyad semble jouir d’une certaine complicité, d’abord de sa tribu mais aussi, assez certainement, de l’Algérie.
Pour rappel, Ag Wanasnat, était un déserteur de l’Armée malienne. Il fit défection en 2006 après avoir pillé et saccagé les réserves d’armes de l’armée à Ménaka. Certes, sa neutralisation peut être considérée comme un fait positif dans la lutte de longue haleine contre les terroristes au Sahel. Mais, les Emirs restent toujours libres, assez curieusement.
Iyad Ag Ghaly figure sur la liste noire des terroristes à abattre, établie par les USA. Sa tête est mise à prix à plus de 5 millions de dollars. Egalement, la France le rechercherait activement car elle pense que par son élimination, le Sahel soufflera un grand ouf de liberté et de sécurité. A cet effet, en décembre 2017, Macron a tenu à lever toute ambiguïté quant à l’intention de Paris de laisser courir Iyad dans le désert malien, car ayant facilité la libération de plusieurs otages occidentaux. “Il n‘y a aucune négociation sur la personne que vous avez évoquée. C‘est un terroriste et un criminel, il n‘y a qu’à mener la guerre contre lui de manière claire”, a déclaré Emmanuel Macron lorsqu’un journaliste lui demanda si Ag Ghali était l‘objet de tractations impliquant la France. C’était lors d‘une conférence de presse à Niamey.
Mais alors, comment Iyad fait-il pour être toujours en vie ? Tout d’abord, soulignons que Ag Ghaly est issue de la noblesse tamasheq, la tribu dite des Ifoghas, située au sommet de la pyramide tribale des touareg. De ce fait, il jouit d’une protection de tout le clan. Pas seulement au Mali, mais de l’ensemble du peuple targui, fortement lié par le sentiment d’appartenance à un même peuple et disséminé en Algérie, au Niger et au Burkina Faso. Aujourd’hui encore, aucun responsable de la CMA ne s’est désolidarisé publiquement des actions d’Iyad en le condamnant.
Ensuite, le rôle trouble de l’Algérie. Le sud de ce pays et l’extrême nord du Mali ont des similitudes sur le plan ethnique. En 2016, des sources indiquaient d’Iyad traversait régulièrement la frontière, sans être aucunement inquiété. Pourquoi Alger n’aide donc pas à sa capture ou à son élimination ? De tout temps, le pays de Bouteflika a adopté une posture qui prône la négociation exclusive avec les rebelles et les terroristes du Mali en proposant sa médiation, alors que sur son territoire, c’est tolérance zéro. Il est clair que l’Algérie craint le retour des vieux démons de son passé. La « décennie noire » (Guerre civile algérienne, entre 1991 et 1992, qui a coûté la vie à plus de 60 000 personnes) constitue, de nos jours encore, un grand traumatisme pour l’Etat algérien. Mais, est-une raison d’être complaisant envers ceux qui plombent le Sahel ?
Et si, contre toute attente, l’armée malienne parvenait à accomplir l’exploit : éliminer Iyad Ag Ghaly ou le capturer vivant ? L’hypothèse peut sembler peu probable, mais n’oublions pas que l’Armée malienne est aussi au nord, même si c’est de façon assez marginale. Et que des hommes braves sont toujours en son sein. Dans tous les cas, Iyad qui ne jure que par l’application de la Charia, doit être mis hors d’état de nuire pour le salut sécuritaire du Mali, et au-delà, du Sahel.