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Le Mali dans l’impasse : Et si Ibk avait écouté Tiébilé!
Publié le lundi 19 fevrier 2018  |  Le Zenith Bale
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Sept mois après l’investiture du Président Ibrahim Boubacar Kéita, l’opposant de valeur, que nous saluons ici pour avoir mouillé le maillot pour son pays contrairement au locataire absent de son palais, avait tiré sur la sonnette d’alarme. Il n’a pas été entendu de bonnes oreilles. Mais la vérité est comme les crottes de l’hyène, plus ça vieillit, plus ça se blanchit. Que disait Tiébilé au nom du Parena en avril 2014 ?

INTRODUCTION :
Soutenu par les militaires putschistes et d’importants leaders d’opinion, IBK a été élu à la présidence de la République en août dernier avec près de 78% des électeurs inscrits. Cette élection avait suscité d’immenses espoirs à travers le Mali, en Afrique et dans le monde dans la mesure où elle permettait d’une part de tourner la page d’une Transition chaotique dominée par la junte militaire du capitaine Amadou Haya Sanogo, et d’autre part d’en ouvrir une nouvelle qui devrait permettre de parachever la libération du Nord et de réconcilier les Maliens.
Faute d’un programme connu, le nouveau président de la République avait frappé les esprits par des slogans simples mais parlants tels que : ” Le Mali d’abord! “, ” Pour l’honneur du Mali, le bonheur des Maliens!”, “la dignité du peuple!”.

Fort du soutien et de l’enthousiasme de larges secteurs de la population et d’un long passé politique de Conseiller présidentiel, d’Ambassadeur, de Ministre des Affaires étrangères, de Premier ministre, de Président de l’Assemblée Nationale et de Vice-président du Parlement Panafricain, le nouveau Chef de l’Etat disposait apparemment d’atouts non négligeables pour conduire la sortie de crise et créer les conditions de la renaissance de notre Nation humiliée par l’occupation, l’effondrement de l’armée et de l’Etat à la suite de la rébellion du MNLA et du coup d’Etat du 22 mars 2012.
Plus de sept mois après son entrée en fonction, le peuple malien vit une immense déception proportionnelle à l’étendue de l’espoir suscité par l’élection du Président IBK. De nombreuses difficultés l’assaillent au quotidien. Une dérive népotiste sans précédent a vu le jour dès les premiers jours du quinquennat. Les injustices se multiplient et l’horizon est loin de se dégager au Nord.


Ici et là, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, les citoyens et les amis du Mali s’interrogent sur le nouveau type de gouvernance qui est en train de gâcher les chances de redressement de notre pays.

Cette gouvernance mélange pêle-mêle déclarations tonitruantes dans le but de tenir l’opinion en haleine, menaces, affairisme, opacité, improvisation et pilotage à vue.
La question principale du pays, celle du Nord, celle dont la mauvaise gestion nous a entrainés dans l’abîme, est de nouveau dans l’impasse faute d’une stratégie clairement conçue et mise en œuvre.
Le PARENA avait émis les réserves les plus expresses sur la précipitation avec laquelle l’élection présidentielle avait été organisée.
N’ayant pas été entendu, il a fini par retirer son candidat de la course. Toutefois, respectueux du vote du peuple malien, notre parti a observé depuis l’investiture du président de la République un silence volontaire pour ne pas gêner l’action des nouvelles autorités et laisser le soin aux électeurs de mesurer les conséquences de leur vote.

Sept mois après, nous avons décidé de prendre la parole pour alerter, s’il en était besoin, l’opinion car la nouvelle gouvernance montre ses limites et risque de conduire le pays tout entier dans une impasse irrémédiable et dangereuse.
La démission du Premier ministre Oumar Tatam Ly, le 5 avril dernier, confirme, si nécessaire, que la gouvernance instaurée par le nouveau président de la République est source d’instabilité. Sous tous les cieux, changer de Premier ministre au bout de sept mois est un signe révélateur d’une crise politique.
LA DIFFICILE SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE, LA VIE CHERE, L’ANGOISSE DES MENAGES
Dieu sait que la vie est dure pour les Maliens. C’est peu dire que la plupart des ménages tirent le diable par la queue. Les Maliens souffrent. Les prix de certains produits de première nécessité augmentent. Les activités économiques sont au ralenti. L’argent ne circule pas. Les marchandises ne se vendent pas. Sur tous les marchés du pays, la situation est morose. Les opérateurs économiques et les entreprises sont étouffés par une dette intérieure de plus en plus préoccupante (plus de 110 milliards de francs CFA).
Les nouvelles autorités se sont montrées incapables, à ce jour, de mobiliser les centaines de milliards de francs CFA promis, l’année dernière, par les partenaires du Mali, réunis à Bruxelles. Or, pour sortir de la morosité économique et financière, il sera nécessaire d’injecter de l’argent frais en payant les arriérés dûs au secteur privé et en lançant de nouveaux projets.
Lors de sa récente visite au Mali (du 6 au 19 mars), le FMI a retoqué le budget d’Etat à peine adopté parce que mal ficelé, et a annoncé une loi des finances rectificative (un collectif budgétaire) afin d’inclure ” des aides extérieures supplémentaires ainsi qu’un certain nombre de nouveaux postes de dépenses “.
Les difficultés financières que rencontrent les Maliens auraient pu être supportables si, au sommet de l’Etat, était donné l’exemple de la compassion envers le peuple qui souffre, par la retenue et la sobriété dans les dépenses publiques. Or, que voyons-nous ? De nombreux et coûteux voyages présidentiels à bord d’avions de luxe loués à prix d’or avec délégations pléthoriques. Qu’entendons-nous? Des histoires d’argent de plus en plus nombreuses accompagnées de soupçons d’enrichissement illicite.
III. LA NOUVELLE GOUVERNANCE, LES ATTEINTES A LA MORALE PUBLIQUE

Le président de la République a inauguré le quinquennat en dérogeant à son obligation constitutionnelle de déclaration publique de ses biens. En effet l’article 37 (dernier alinéa) de la Constitution stipule :
” Après la cérémonie d’investiture et dans un délai de 48 heures, le président de la Cour suprême reçoit publiquement la déclaration écrite des biens du président de la République. Cette déclaration fait l’objet d’une mise à jour annuelle.”

La caractéristique principale du nouveau quinquennat a été l’irruption de la famille dans les affaires de l’Etat. Jamais depuis l’indépendance, la famille d’un Président n’a joué un rôle aussi prépondérant dans les affaires publiques, en si peu de temps.
A la présidence de la République (y compris à l’Etat-major particulier), au Gouvernement et à l’Assemblée Nationale, ce sont des pans entiers de la puissance publique qui ont été confiés aux membres du clan présidentiel. Les secteurs stratégiques de l’Economie et de l’Education Nationale sont pilotés par des membres de la famille présidentielle par ministres interposés.
Si elle continue, cette dérive portera atteinte aux pactes fondateurs de la Nation et de la République.
Comme si cela ne suffisait pas, les Maliens assistent, médusés, à l’éclosion d’affaires de toute nature qui ébranlent leur confiance en leur pays et en ses institutions. Des contrats relatifs à des marchés de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA sont signés en toute opacité avec des soupçons d’enrichissement personnel.

Quelques exemples :

* Le contrat de 108 milliards de FCFA entre GUO-STAR SARL et le Ministère de la Défense

Malgré les tentatives maladroites de démenti, il est établi que le contrat initial de 69 milliards a été porté à 108 milliards pour des fournitures d’engins et d’équipements à l’armée. Le délit d’initié est aussi patent. C’est bien un Conseiller Spécial du président de la République et le Ministre de la Défense qui sont les signataires initiaux du contrat.

* La rénovation du Palais de Koulouba

Estimés initialement à 2 milliards pendant la Transition, les travaux de rénovation du Palais présidentiel sont aujourd’hui portés à 10 milliards et supervisés par un beau frère du chef de l’Etat.

* Les travaux à la résidence privée du Chef de l’Etat

Il est urgent de rendre publique la source de financement des importants travaux en cours dans la résidence privée du Chef de l’Etat à Sébéninkoro où le nouveau plan architectural prévoit, entre autres, une piscine en salle fermée. Qui finance ces travaux ? Le budget de l’Etat ? Les fonds personnels du Président et de sa famille ?

* L’acquisition d’un nouvel avion présidentiel

Sous l’ancien régime, pour les voyages présidentiels, l’Etat avait acquis un Boeing 727 dans des conditions d’opacité totale. Il semble que les vieilles pratiques ont la vie dure. Alors que cet avion est en bon état et que l’assurance contractée auprès de l’assureur londonien, ” ALLIANZ ” a été renouvelée jusqu’en 2015, le nouveau Président refuse de l’utiliser et décide d’acquérir un nouveau Boeing 737-700 dont le coût serait de 17 milliards de FCFA. Mis en circulation en 1999, cet appareil aurait déjà effectué 6000 heures de vol. Y a-t-il eu appel d’offres pour engager l’argent public à hauteur de 17 milliards de FCFA? Si c’est un marché de gré à gré, comme tout le laisse croire, qui a servi d’intermédiaires ? A quelles conditions?

Le PARENA invite le Président à annuler l’achat de ce nouvel avion. Un pays comme le Mali, à peine sorti de la crise, sous perfusion internationale peut-il se permettre un tel luxe ? Qu’en penseront les contribuables des pays qui apportent une aide budgétaire à notre pays? Qu’en penseront les populations maliennes éprouvées par les difficultés en tous genres dont les coupures d’eau et d’électricité ? Qu’en penseront les populations des villes du Nord qui baignent dans le noir ? 17 milliards, c’est le coût de construction d’une trentaine de lycées modernes (environ 600 millions par lycée) avec bibliothèques, salles informatiques, salles de professeurs, laboratoires et bureaux pour l’administration. 17 milliards, c’est presque trois hôpitaux modernes du type Dolo Sominé de Sévaré qui a coûté 6,268 milliards !

* L’affaire ZTE

La multinationale ZhongXing Télécommunication-Equipment Company Limited (ZTE) est un équipementier en télécom côté à la bourse de Hong Kong. Un marché de 26 milliards de FCFA portant sur un projet relatif à un ” réseau national de sécurité ” de communication, soumis aux gouvernements précédents, a été exhumé ces derniers temps dans des conditions de transparence qui laissent à désirer.

* Les relations avec des hommes d’affaires étrangers

Le PARENA ne se réjouit pas de ce qui est écrit dans la presse française et internationale au sujet des relations du président de la République avec des milieux d’affaires étrangers. Vraies ou fausses, ces allégations sont de nature à affaiblir l’institution présidentielle au moment où, se débattant pour sortir de la crise, le Mali a crucialement besoin d’un leadership crédible et respecté internationalement. Aussi est-il urgent que le Chef de l’Etat, dépositaire de la dignité et de la souveraineté nationales du Mali, dise clairement si certains de ses voyages et ses séjours notamment à l’hôtel “Royal Monceau” et dans une clinique marseillaise ont été pris en charge par des hommes d’affaires étrangers. (Le prix négocié d’une suite présidentielle au Royal Monceau est de 12 millions de FCFA, la nuitée). Le Chef de l’Etat doit aussi rassurer les Maliens sur la délivrance de passeports diplomatiques maliens aux mêmes hommes d’affaires.

Les nouvelles autorités gèrent le pays comme si l’Etat ne s’était pas effondré suite à de graves fautes de gouvernance. Sans humilité, elles fonctionnent en vase clos, en toute opacité comme si elles avaient acheté les Maliens et leurs votes.
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