Le tribunal correctionnel de Nanterre rend son jugement ce lundi dans l’affaire d’une quinquagénaire soupçonnée d’avoir exploité sa cousine pendant cinq ans à Châtenay-Malabry. La jeune fille originaire du Mali, aujourd’hui âgée de 32 ans, était contrainte de travailler plus de 15 heures par jour sans repos et sans rémunération.
Voilà douze ans qu’Astan, une jeune femme originaire du Mali victime d’esclavage moderne, réclame justice. L’attente devrait prendre fin ce lundi. Le tribunal de Nanterre doit rendre son jugement dans cette affaire où une quinquagénaire est soupçonnée d’avoir exploité sa cousine et de l’avoir contrainte à travailler plus de 15 heures par jour dans un appartement situé à Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine.
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Astan n’a que 13 ans lorsqu’elle arrive en France en 2000 et s’installe dans la demeure familiale de l’une de ses cousines. «Elle avait promis au père de la jeune fille, issu d’un milieu très pauvre au Mali, qu’elle ferait des études et aurait une vie meilleure», raconte dans les colonnes du Parisien l’avocate de la plaignante, Juliette Vogel. Un rêve pour l’adolescente qui va rapidement se transformer en cauchemar. Au lieu d’être scolarisée, Astan est réduite à la servitude domestique et cette situation durera pendant près de cinq ans.
«Elle travaillait jusqu’à 18 heures par jour sans repos, n’a jamais été rémunérée et ses papiers d’identité lui ont été confisqués. Elle s’occupait de l’entretien du foyer qui pouvait compter jusqu’à neuf personnes et sortait uniquement pour aller chercher les enfants à l’école ou faire les courses. Elle dormait sur un matelas à même le sol et subissait régulièrement des violences physiques et psychiques», énumère l’avocate de la partie civile.
15 mois de prison avec sursis
Ce n’est qu’en octobre 2005 que la jeune fille parvient à quitter le domicile sur le conseil d’un jeune garçon rencontré dans un cours d’alphabétisation. Rapidement épaulée par le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), elle décide de porter plainte un an plus tard contre sa logeuse. Entendue au cours de l’enquête, la prévenue âgée de 54 ans a affirmé avoir versé de «l’argent de poche» à l’enfant, nié les coups et la privation de nourriture. Elle a également assuré que l’adolescente faisait des travaux ménagers «comme l’ensemble des enfants».
Pour le procureur, le travail forcé d’Astan est «incontestable». «Au lieu de vivre comme une enfant, d’aller à l’école, d’avoir des amis, des loisirs, elle a fait le ménage», a-t-il déclaré lors du procès. La quinquagénaire, aujourd’hui poursuivie pour «exécution d’un travail dissimulé», «aide à l’entrée ou au séjour irréguliers d’un mineur étranger en France» et «soumission d’un mineur à des conditions de travail et d’hébergement indignes», encourt une peine d’emprisonnement de 15 mois avec sursis et 6000 euros d’amende.