Depuis jeudi, les acteurs régionaux de la paix et de la réconciliation sont en conclave à Tessalit pour affiner le dispositif régional d’instauration d’une paix durable.
Réunir les forces vives de la Région de Kidal autour de la problématique de la paix et de la réconciliation mais surtout du vivre ensemble, c’est le challenge du Collectif des ressortissants de la 8e Région. Défi relevé puisque depuis jeudi dernier, les acteurs régionaux de la paix et de la réconciliation ainsi que les ressortissants de la Région, dans leur diversité, sont en conclave à Tessalit.
Premier du genre, le forum dit de Tessalit réunit autour du Gouverneur de la 8ème Région, Sidi Mohamed Ichrach, les chefs de tribus et de communautés, les chefs coutumiers et religieux, les premiers responsables des groupes armés, les élus de la Région ainsi qu’une importante délégation de ressortissants de Kidal venus de partout, à travers le monde. Organisée par le Collectif des ressortissants de la Région, en partenariat avec le Gouvernement, à travers le département en charge de la Réconciliation, la rencontre de Tessalit vise surtout à affiner le dispositif régional de paix et de réconciliation mais aussi à développer une approche participative des acteurs locaux dans la mise en œuvre du processus de paix engagé par notre pays depuis la signature de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger. Un exercice dont la pertinence a été saluée par les participants en ce qu’il a permis de parler de la situation sécuritaire des Régions Nord du pays où règne un calme relatif depuis la signature de l’entente entre la Coordination des mouvements armés (CMA) et la Plateforme, en décembre dernier à la Primature. Ainsi, au nom des chefs de tribus de la Région, l’Amenokal, Mohamed Ag Intallah, a salué cette initiative qui, selon lui, permettra de renforcer le processus local de paix et de réconciliation enclenché depuis juin dernier, et cela, après été à la base de la mise en œuvre de processus de retour de l’administration dans la Région. Il a ainsi réaffirmé l’aspiration des populations à une paix durable, gage de tout développement et a invité les responsables des groupes armés présents dans la Région à s’inscrire dans la consolidation du processus ainsi enclenché à travers des actions de renforcement de la confiance entre les communautés pour un vivre ensemble plus harmonieux.
Tour à tour, les leaders de la Coordination, Bilal Ag Achérif et du Gatia, Hamoudene Ag Ikmasse, ont rappelé le chemin parcouru par notre pays depuis la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Ils ont ainsi salué la discipline de leurs équipes de terrain qui ont strictement observé les consignes d’arrêt des affrontements et, surtout, pour s’être investis pour la promotion de la paix et du vivre ensemble. Ils ont salué les actions gouvernementales qui ont permis de redonner espoir aux populations locales avant de s’engager à consolider cet élan. Au nom du gouvernement, et particulièrement du département de l’Administration territoriale, le chef de l’exécutif régional, Sidi Mohamed Ichrach, a rappelé les actions entreprises par l’Etat et ses partenaires dans le cadre de la relance du développement de la Région. Il s’agit d’actions concrètes qui sont déjà engagées, notamment l’accès à l’eau potable, l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire, la cohésion sociale et, surtout, le retour effectif de l’administration et des services sociaux de base. Selon lui, cette cérémonie de passation de service aux autorités intérimaires confirme cet élan et cette volonté manifeste des parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Il a ainsi invité les responsables des autorités intérimaires à se réunir rapidement pour élaborer un plan de travail et un budget afin que la relance socio-économique de la Région soit effective. Sidi Mohamed Ichrach a ainsi réaffirmé l’engagement constant de l’Etat à accompagner le processus de paix engagé dans la Région. «Cette rencontre a été nécessaire pour les acteurs régionaux de la paix que nous sommes pour d’abord apprécier l’évolution de la situation sur le terrain à Kidal mais aussi ouvrir un cadre de dialogue fécond au cours duquel les ressortissants de notre Région ont proposé des solutions aux problématiques relevées. Ainsi, en plus de la pérennisation de ce type de rencontres qui œuvrent à la paix, les fils de cette partie du pays ont exhorté à l’élaboration d’une feuille de route pour la paix, la cohésion et l’unité», a indiqué le gouverneur.
RENFORCER LE DISPOSITIF LOCAL DE RETOUR DE LA PAIX – Aïcha Belco Maïga, la députée élue à Tessalit, hôte du forum, a salué les avancées enregistrées dans la Région depuis le retour de l’administration.
Selon elle, les lignes doivent encore bouger pour engager une véritable et durable paix dans la Région de Kidal.
«L’espoir suscité par le retour du Gouverneur et des services sociaux de base doit se poursuivre à travers d’autres actions majeures», a-t-elle déclaré.
Selon la députée de Tessalit, l’aspiration des populations locales à cette paix est aujourd’hui sans conteste «mais une véritable paix se construit progressivement, d’où notre responsabilité à tous ici d’engager des actions allant dans ce sens». «Il faut vériteblement hâter l’application de l’Accord de paix. Par exemple, il faut aller le plus rapidement possible au cantonnement des ex-combattants et à un retour définitif de l’administration», a-t-elle indiqué. Pour le gouverneur de la Région de Kidal, Sidi Mohamed Ichrach, l’instauration d’une paix véritable et surtout durable, de réconciliation et de cohésion nationales ne se fera pas «sans l’implication réelle de tous les fils de la Région». Et la présente initiative est d’autant plus importante qu’elle permet de mettre ensemble des énergies et de s’entendre sur un processus qui puisse mener la Région et tout le Mali à la paix. Le chef de l’exécutif régional s’est dit convaincu que cet exercice doit permettre de faire clairement le distinguo entre deux aspects de la situation. Le premier aspect est relatif à la mise en œuvre de l’Accord de paix au sujet duquel les autorités locales, les cadres de la Région, l’administration régionale peuvent être une force de proposition. Mais l’Accord de paix est d’abord et avant tout une affaire entre les signataires : le gouvernement, les groupes signataires et la médiation internationale.
Selon lui, si l’action des forces vives de la Région peut être limitée dans la mise en œuvre de l’Accord, elle est cependant fondamentale dans la réconciliation entre nos communautés. «Cette réconciliation relève essentiellement des ressortissants de la Région. En effet, l’Etat pourrait apporter un appui si les communautés décident de se rencontrer mais l’Etat ne pourra pas faire la paix entre les familles de Kidal», a-t-il dit. «Seuls les Kidalois eux-mêmes peuvent faire ce travail. Il est donc temps que le dispositif local de retour de la paix soit consolidé et qu’il bénéficie de votre détermination à aller à une véritable paix, condition sine qua non du développement auquel nous aspirons tant», a-t-il lancé.
Il a relevé que la véritable cadence d’actions à laquelle aspirent l’Etat et ses partenaires est freinée par les incertitudes sécuritaires, d’où la nécessité fondamentale les acteurs locaux de conforter la dynamique de paix engagée à travers des actions concrètes visant à renforcer la confiance. Sidi Mohamed Ichrach a ainsi réaffirmé l’engagement constant de l’Etat à accompagner le processus de paix engagé dans la région.