Vendredi 9 févier 2018, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de brigade Salif Traoré, a présidé la cérémonie d’inauguration de deux nouvelles brigades de gendarmerie à Dialakorodji-Safo et Ouenzzindougou, dans la commune rurale de Mandé. En marge de cette cérémonie d’inauguration, le Directeur général de la gendarmerie, le colonel-major Satigui dit Moro Sidibé, magistrat militaire, a accordé une interview à notre reporter au cours duquel, il a fait le point sur les réformes entreprises sous sa direction au sein de l’unité bleue et d’autres sujets brûlants de la gendarmerie.
Sidibé, un mot sur ces deux nouvelles brigades.
Nous remercions très sincèrement les autorités administratives et les populations de ces deux localités (Dialakorodji-Safo et Mandé) pour l’accueil chaleureux qu’elles ont réservé à nos autorités, à savoir : le ministre de la Sécurité et de la Protection civile et la direction générale de la gendarmerie. Je tiens à rendre un vibrant hommage à mes départements de tutelle pour leur volonté affichée en faveur des Maliens.
Pouvez-vous nous rappeler vos missions principales ?
Nous avons essentiellement pour mission d’assurer la protection des populations et de leurs biens afin qu’elles puissent vaguer librement à leurs activités. En assurant cela, nous allons générer des ressources quotidiennes qui seront une source de développement local et par la même occasion de développement national.
Comment avez-vous eu cette belle initiative de créer de nouvelles brigades à travers notre pays ?
Il y a deux ans, par la grâce de Dieu, lorsque le choix des plus hautes autorités s’est porté sur nous comme directeur général de la gendarmerie, nous avons fait l’étude de la carte d’implantation des unités. À l’issue de cette étude, nous nous sommes rendu compte que notre dispositif de couverture sécuritaire est insuffisant avec seulement 17% de couverture du territoire national. De ce fait, nous avons soumis à notre ministre la nécessité de créer d’autres brigades autour de Bamako, à travers le pays, et d’autres compagnies et pelotons à travers le pays. Donc, de l’indépendance jusqu’en 2017, la gendarmerie nationale ne comptait qu’une seule brigade et une compagnie. Et nous avons créé 8 brigades autour de Bamako et des brigades à Ségou et Mopti.
Au total, 36 brigades territoriales de recherches et fluviales sur le territoire national. Même si les autorités nous donnaient des Rafale et des hélicoptères, la gendarmerie ne pouvait pas apporter des solutions aux crises sécuritaires de notre pays. Mais avec ces nouvelles créations au sein de notre unité bleue, on pourra assurer le maillage du territoire. La solution la plus facile, c’est d’être au plus près des populations dont l’assistance et la couverture sécuritaire justifient notre raison d’être en tant que service public de sécurité.
Que vous étiez-vous dit avant de passer à ces actions ?
Nous nous sommes dits, à travers des études, qu’il faut se rendre utile à son pays. Après nos études, nous avons obtenu des éléments de réponse que nous devons aligner immédiatement. C’est-à-dire, à court terme, qu’est-ce qu’il fallait faire ? À moyen terme, qu’est-ce qu’on peut proposer ? Et à long terme qu’est-ce qu’on doit faire ? Voilà ce que nous nous sommes dit en travaillant en staff avec le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de brigade Salif Traoré. Nous avons pris toutes les régions administratives du Mali, une par une, et nous avons conclu à des nécessités de création de différentes unités de gendarmerie, parce que la gendarmerie a une composition mixte.
C’est-à-dire ?
La composition mixte au sein de la gendarmerie n’est autre que ce qui suit : nous avons la gendarmerie territoriale qui comprend au plus bas niveau les brigades, au niveau intermédiaire, les compagnies et les groupements territoriaux. Il y a aussi la gendarmerie mobile qui comprend au plus bas niveau, les pelotons d’intervention, les escadrons et les groupements mobiles de gendarmerie.
Nous avons pris ces deux entités qui travaillent sur le terrain pour voir dans quelle mesure, nous pouvons renforcer notre présence auprès des populations en procédant à des créations d’unités au niveau local. Cela nous a fait retenir en conclusion, qu’il faut créer des brigades. À Bamako, nous avons pensé à mettre en place une ceinture de sécurité, et souffrez un peu que nous soyons jaloux de notre couleur, la couleur bleue de la gendarmerie. Nous avons dit que la gendarmerie a instauré une ceinture bleue de sécurité autour de Bamako, en créant des brigades pour renforcer la capacité des brigades existantes et renforcer les dispositifs sécuritaires de la police, avec laquelle nous travaillons d’arrache-pied tous les jours.
Que prévoyez-vous dans les jours à venir ?
Nous avons décidé avec l’accompagnement du gouvernement, très prochainement, de créer les escadrons et de les mettre en œuvre sur chacune de nos frontières. Voilà un peu notre vision sécuritaire dans les jours à venir.
Pour coordonner tout ça, il fallait encore renforcer l’existant au niveau de chaque région administrative : le commandement de la gendarmerie, la légion de la gendarmerie existante dans nos régions. Nous avons décidé de donner une force de frappe à chaque commandant de légion qu’on appelle peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie, avec un effectif d’un combat de 35 hommes qui sont bien en intervention professionnelle. Nous avons fait ça pour que chaque région au plan administratif de la gendarmerie puisse avoir sa propre force de renfort au profit de ses unités.
Et si ces unités ne suffisaient pas pour bouter la menace hors de nos frontières ?
Lorsque ces unités ne suffiraient pas pour une légion de gendarmerie, il y aura une autre chose déjà prévue. Nous avons créé, au total, cinq escadrons de force d’action rapide de gendarmerie appelés «Far-gen», placés sous les ordres du chef des opérations de la gendarmerie de légion.
Quelle est votre réaction à propos de l’abandon de poste de 36 de vos éléments à Gomacoura ?
Je profite de votre micro pour rectifier les erreurs que certains ont eu à commettre en parlant de «Far-gen». Elle n’est pas une force spéciale de la gendarmerie. C’est nous qui l’avons créée, c’est une force d’intervention au niveau intermédiaire au sein de la gendarmerie. Leur comportement n’est pas militaire car un militaire ne doit pas abandonner son poste pour des raisons fallacieuses. Nous les avons mis à la disposition de la hiérarchie pour trancher.
Pour terminer, avez-vous un dernier mot, mon Colonel-major ?
Pour terminer, je dirais qu’on ne finira jamais de construire la gendarmerie encore moins une force de sécurité publique. Ce que nous avons fait n’est pas un travail parfait, c’est une œuvre humaine et non une œuvre du Bon Dieu. Ça peut comporter des insuffisances, mais, nous avons une stratégie de remise en cause perpétuelle de nos structures, de nos forces et de nos politiques de gestion sécuritaire. Nous remercions le ministre de la Sécurité et de la Protection civile pour son engagement. Il a toujours été là pour répondre à nos besoins quand c’est à sa portée. Et l’engagement que nous prenons, c’est de faire en sorte que ces outils puissent servir la population et leurs biens en terme de protection.